La SIM et Soliha Mayotte s’unissent pour favoriser le réemploi des matériaux du bâtiment

La Société Immobilière de Mayotte (SIM) et l’association Soliha Mayotte ont signé, le jeudi 4 septembre, une convention de partenariat pour promouvoir le réemploi des matériaux issus des chantiers de réhabilitation de la SIM. Une démarche d’économie circulaire qui réduit le gaspillage, soutient les familles les plus précaires et renforce la solidarité locale.

La SIM et l’association Soliha Mayotte ont signé, ce jeudi 4 septembre, un partenariat « gagnant-gagnant ». A travers la convention, la SIM s’engage à mettre à disposition de Soliha Mayotte des matériaux encore en bon état : menuiseries, sanitaires, composants électriques, matériaux et produits de revêtements…, récupérés sur ses chantiers de réhabilitation. Tandis que de son côté, Soliha en assurera le tri, la collecte et leur valorisation afin de leur offrir une seconde vie, soit directement dans des chantiers d’amélioration de logements pour des ménages précaires, soit dans le cadre d’une revente à prix solidaire.

Un parc de logements vieillissant ou partiellement détruit, des matériaux à récupérer 

Le parc de maisons SIM a été lourdement touché par le cyclone Chido. Mais à l’intérieur des bâtiments, certains matériaux sont encore réutilisables.

« La SIM a perdu plusieurs logements après le cyclone, et elle a aussi comme objectif de réhabiliter ou de remplacer une partie de son parc vieillissant, il y a donc potentiellement beaucoup de matériaux à récupérer », explique Lauriane Cuisinier, responsable du pôle habitat durable au sein de Soliha. Créée en 2015, l’association intervient dans divers domaines tels que la réhabilitation de l’habitat (amélioration, adaptation, rénovation énergétique), la production de logements d’insertion, l’accompagnement des collectivités locales, le conseil en économie d’énergie, la gestion locative sociale et le soutien aux ménages en difficulté pour l’accès et le maintien dans le logement. Ce partenariat lui permet d’améliorer et de développer ses actions en obtenant, gratuitement auprès de la SIM des matériaux non-négligeables, qui peuvent directement améliorer la qualité de vie des personnes aidées.

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Une salle de bain construite par l’association Soliha Mayotte. Les éléments comme le lavabo peuvent être récupérés sur certains chantiers de la SIM ce qui a des avantages sur le coût et les délais (Photos Soliha Mayotte).

« On réutilise beaucoup de matériaux, notamment dans les sanitaires, comme les lavabos, les douches, mais aussi les menuiseries avec les fenêtres, les portes, on récupère également les gaines électriques et les câbles ainsi que la charpente et la toiture, même si ces dernières sont plus difficiles à réemployer », ajoute Lauriane Cuisinier, dont l’association accompagne plus de 250 ménages à travers le territoire.

Baisser les coût et les délais

Pour repérer les éléments réutilisables, les équipes de Soliha seront chargées de faire un diagnostic dans les cases et les maisons SIM avant leurs démolitions ou leurs réhabilitations. « Utiliser ces matériaux permet de baisser le coût des chantiers, mais aussi de baisser fortement les délais d’importations tout en réduisant les déchets sur le territoire », continue Lauriane Cuisinier.

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Les éléments de menuiserie comme les portes peuvent être réutilisés. L’association vient en aide à plus de 250 ménages.

« Il y a tout un travail de sensibilisation à faire auprès de la population », relève-t-elle, « pour beaucoup le réemploi n’est pas fiable ou fait peur, mais les matériaux récupérés sont en bon état et ils sont viables, il est important de comprendre l’importance de l’économie circulaire ».

« Ce partenariat n’est que du bon sens », abonde Ahmed Ali Mondroha, directeur général de la SIM, « dans le cadre de la reconstruction post-Chido beaucoup de logements sont touchés et il serait dommage de jeter le matériel que l’on remplace comme les tôles et les sanitaires ».

Un impact environnemental, social et économique

Avec cette convention, la SIM répond à ses obligations légales en matière de gestion des déchets. Cette démarche s’inscrit également dans le cadre de la Responsabilité Élargie du Producteur (REP), qui impose aux fabricants et fournisseurs de matériaux de construction d’organiser la collecte et le recyclage des déchets issus de leurs produits. À Mayotte, l’éco-organisme Écominéro accompagne la filière en assurant la valorisation des gravats, du béton, et autres matériaux inertes. Grâce à ce double dispositif – partenariat local avec Soliha et recours aux filières REP – la SIM limite l’enfouissement, réduit les coûts de traitement et s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire.

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Le but de la première année est de réemployer au moins 25 tonnes de matériaux. Mais les deux parties espèrent surtout participer à la création d’une filière du réemploi.

Au-delà de l’aspect environnemental, les matériaux réemployés ou revendus à prix solidaire servent directement à améliorer les logements des familles les plus précaires, renforçant ainsi l’impact social et solidaire de ses chantiers et son engagement territorial.

L’objectif fixé dès la première année de ce partenariat est de réemployer au moins 25 tonnes de matériaux, mais Soliha et la SIM ne souhaitent pas s’arrêter là : le but est d’amorcer la structuration d’une véritable filière locale du réemploi à Mayotte. « Cette démarche engagée, que nous portons, vise à réduire les déchets du BTP et à bâtir progressivement une filière locale d’économie circulaire, indispensable à l’avenir de notre territoire », insiste le président de Soliha Mayotte, M’niri Mchami.

Enfin le partenariat aura un impact sur l’économie locale. Une filière de réemploi des matériaux existe déjà à Mayotte, mais reste encore peu structurée et limitée en capacité. Le partenariat avec Soliha va permettre d’organiser plus efficacement la collecte, le tri, la valorisation et la distribution des matériaux récupérés sur les chantiers de la SIM. Une structuration qui créera de nouvelles opportunités d’emplois locaux, allant des métiers techniques – collecte, tri, remise en état des matériaux – aux postes de coordination, d’accompagnement social et de gestion de la filière.

Victor Diwisch

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