Depuis près de deux ans, plusieurs occupants de logements dans le quartier de Cavani, à Mamoudzou, dénoncent les méthodes d’une propriétaire bien décidée à les faire partir coûte que coûte. Alors que les infiltrations, l’humidité persistante et les installations électriques défectueuses rendaient déjà les logements dangereux, celle-ci aurait choisi d’ignorer les signalements répétés.
Des conditions de vie dégradées
Depuis 2023, les locataires décrivent un cadre de vie particulièrement précaire. Les murs se couvrent de moisissures, les plafonds s’effritent, l’eau ruisselle à chaque intempérie, transformant certaines pièces en véritables pédiluves. Dans une chambre d’un des logements, une infiltration constante longe un mur, à proximité de prises électriques. Aucune réparation essentielle n’a été engagée. Au contraire, les locataires disent avoir dû prendre à leur charge des travaux de fortune, sans facture ni reconnaissance de la propriétaire.
En juillet 2024, une inspection de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte révèle de graves manquements. Un an plus tard, la préfecture de Mayotte classe officiellement les habitations comme insalubres, confirmant le caractère dangereux de ces logements.
Pressions et expulsions sauvages
L’été 2025 marque un tournant. Les locataires rapportent des intrusions répétées dans leurs logements, dont l’une avec un double des clés, accompagnées de vols de nourriture, d’appareils électroménagers et d’effets personnels. Puis survient un épisode particulièrement brutal : la propriétaire fait souder la porte d’entré et le portail d’un logement, enfermant à l’intérieur les affaires des locataires, ainsi que leurs animaux domestiques. Depuis, ces derniers n’ont toujours pas pu récupérer leurs biens.
Une affaire portée en justice
Dans la foulée, menaces verbales et pressions directes s’intensifient. D’après nos sources, en août dernier, la propriétaire se serait même déplacée, accompagnée de son mari, pour exiger un départ immédiat des locataires, en assimilant les résidents à des squatteurs. Dans des échanges ultérieurs, elle évoque également, sans détour, l’idée d’une « guerre ».
Pourtant, l’arrêté préfectoral est sans équivoque : les occupants sont considérés comme de bonne foi et ne peuvent être expulsés. Après des mois de signalements et de démarches administratives, les locataires ont saisi la justice. Une audience est attendue ce mois de septembre 2025 devant le tribunal judiciaire de Mamoudzou.
Mathilde Hangard