La télévision de l’archipel est suivie, depuis bien des années, via le bouquet Canal+. Mais les responsables de l’établissement public visent un service universel et un accès libre aux programmes. L’établissement veut encourager et faciliter un captage via la Télévision numérique terrestre (TNT) surtout pour les foyers les plus modestes qui ne peuvent pas suivre les chaînes par l’intermédiaire de Canal+. En un an, la couverture TNT est passée « de 20% à 80% », selon le nouveau directeur général de la structure, Hablani Assoumani.
L’Office de radio et de télévision des Comores (ORTC) change d’image et de décor, un an après la nomination d’un nouveau directeur général en la personne de Hablani Assoumani, précédemment directeur opérationnel de la télévision. Ce dernier a fait part de sa satisfaction dans une interview-bilan accordée au journal Al-watwan, reconnaissant toutefois « des défis immenses à relever ». Le jeune directeur général savoure les actions entreprises et compte bien maintenir la même pression pour atteindre ses objectifs de modernisation de l’unique télévision publique de l’archipel.
Des résultats enregistrés en douze mois
Amélioration du cadre de travail, paiement régulier des salaires, renforcement de la discipline au sein de la maison de presse, gestion axée sur les résultats, mutuelle de santé renforcée, déploiement de nouveaux équipements, stabilisation de l’énergie, mobilisation de moyens de locomotion, refonte des services et bientôt « une caisse de solidarité » pour tous les employés. La nouvelle direction affiche l’ambition de faire de l’ORTC « une vraie vitrine des Comores » à l’international. Actuellement, l’établissement emploie plus de 300 agents sur l’ensemble du territoire.

« À mon arrivée, il s’agissait avant tout de remettre l’institution sur ses rails. L’ORTC a pour mission de chercher, traiter et diffuser l’information auprès des Comoriens et à l’étranger », a d’abord souligné, le directeur, précisant que les actions préliminaires engagées visaient à créer « un environnement et un cadre de travail acceptable au profit du personnel ». Ce dernier compte bien poursuivre cet élan, appelant à davantage de civisme et de responsabilités. « Le défi principal a été de changer certaines mentalités, lutter contre la paresse et d’instaurer une culture d’assiduité et de courage. C’est un processus d’intégration et d’adaptation, mais les choses avancent dans le bon sens », explique-t-il.
Après avoir enregistré des progrès significatifs en un an de mandat, Hablani ambitionne d’atteindre une couverture de 90 %, voire de 100 %, d’ici la fin de l’année 2026, dans le but de toucher le maximum de Comoriens et d’élargir son audience. « C’est vrai. En 2022, la radio ne couvrait que 15 % du territoire. Aujourd’hui, nous sommes à 55 %. Ce n’est pas encore suffisant, mais des émetteurs supplémentaires seront bientôt installés dans les trois îles. Nous visons 90 % de couverture nationale, aussi bien pour la TNT que pour la radio ».
Aux Comores, les principaux médias publics, l’ORTC et le journal Al-watwan, ont toujours du mal à engager des plans d’investissements solides. Les fonds qui leur sont versés par l’État servent seulement à financer les salaires. « La subvention publique est utilisée en totalité pour payer les salaires. Par ailleurs, nous avons pu bénéficier d’un fonds d’investissement, attribué aux entreprises publiques sur présentation de projets solides. Cela nous a permis de relancer des sites restés inactifs, notamment à Mwandzaza ya Mbwani, à Ndzuani et à Mwali », a souligné Hablani Assoumani, en remerciant l’accompagnement dont il a bénéficié ces douze dernier mois. « Je dois remercier l’ensemble du personnel. Leur engagement a été déterminant. Avec l’appui du gouvernement et de partenaires nationaux et internationaux, nous avons atteint beaucoup d’objectifs ».
Des programmes à diversifier et à améliorer
Interrogé sur la sévérité de quelques mesures prises à l’encontre d’agents, le nouveau directeur général se défend en expliquant que toutes les décisions sont prises dans le strict respect de la loi et des règles, invoquant les obligations des réformes les exigences de rigueur et de résultats.

« Les sanctions ou licenciements suivent donc un processus conforme à la loi et aux règles en vigueur. Notre objectif n’est pas de punir, mais de restructurer et d’aligner l’ORTC sur les standards internationaux », a-t-il souligné à Al-watwan.
En mentionnant ses priorités, Hablani Assoumani cite « un statut légal » pour l’ORTC et « la digitalisation de nos supports, radio, télévision et réseaux sociaux, pour diffuser en temps réel », évoquant des échanges déjà engagés dans ce sens avec l’Agence nationale du développement du Numérique (ANADEN). Pour l’heure, si le nouveau directeur général a pu améliorer le cadre de travail des agents, un autre défi l’attend encore à savoir l’amélioration des contenus de la télévision et la diversification des programmes à proposer au public. Deux défis qu’il dit avoir déjà évoqués dans son agenda d’actions pour « offrir aux Comoriens une télé de qualité, respectueuse de la culture comorienne et répondant aux besoins de la population en matière d’information, de débats et de divertissement ».
A.S.Kemba