Première crèche municipale à Mamoudzou : une réponse aux besoins pressants de la petite enfance

La première pierre de la toute première crèche municipale de Mamoudzou a été posée ce mercredi 20 août, dans le quartier de M’Gombani. Ce futur établissement, d’une surface de 350 m² répartis sur deux niveaux, pourra accueillir 24 enfants et devrait ouvrir ses portes à la rentrée 2026. Avec près de 10.000 naissances enregistrées chaque année, le territoire a plus que jamais besoin de développer ses structures d’accueil pour la petite enfance.

Dans un an, à la rentrée scolaire de 2026, 24 bébés, entre 0 et 3 ans, pourront être accueillis dans la toute première crèche municipale de Mamoudzou, rue Ali Ali-Boto dans le quartier de M’Gombani, à côté du collège. C’est en tout cas la date que s’est fixée la commune afin de répondre rapidement aux besoins croissants des familles.

Une crèche pour rendre hommage et s’inspirer de Djoumoi M’Rakodro

Ce mercredi 20 août, la pose de la première pierre a marqué officiellement le lancement des travaux de la crèche. Nommée « Djoumoi M’Rakodro », elle rend hommage à un Fundi né à M’tsapéré en 1921 et disparu en 2016, figure profondément respectée pour son savoir et son désir constant de le partager.

Crèche, M'Gombani, Mamoudzou, Mayotte
Kamaria Djoumoi s’est dite fière de voir le nom de son grand-père Djoumoi M’Rakodro donné à la crèche. Un « fundi d’exception » a salué le maire.

« Homme de savoir, d’adaptation et de curiosité, il a tour à tour exercé les métiers de cuisinier et de bijoutier. Il fut également marin, grand voyageur et polyglotte, parlant l’anglais, le portugais, l’arabe, l’indien, le shibushi, le comorien et le swahili », a rappelé le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, en présence de la petite-fille du Fundi, Kamaria Djoumoi.

Le maire a salué « la vie faite de persévérance, d’ouverture et d’excellence » de cet homme, une véritable source d’inspiration pour la jeunesse mahoraise. « C’est aussi le fil conducteur de notre action municipale : offrir à nos enfants les meilleures conditions pour s’épanouir, apprendre et viser toujours plus haut », a-t-il ajouté, rendant hommage à un « Fundi d’exception ».

« Par son nom et sa vocation, la crèche incarne cette ambition partagée de gommer les inégalités dès le plus jeune âge et d’atteindre nos objectifs de péréquation en matière de cadre de vie », a conclu Ambdilwahedou Soumaïla.

Crèche, M'Gombani, Mamoudzou, Mayotte
Le coût total de l’opération s’élève à 2.250.000 euros.

Conçu par Maleco et Boyer Architectes, en collaboration avec Kujenga Architectes et le bureau d’étude Intégrale Ingénierie, le bâtiment s’étendra sur 350 m² répartis sur deux niveaux. Il accueillera trois unités adaptées aux différentes tranches d’âges, tout en offrant de vastes espaces de jeux communs. Chaque salle sera dotée de grandes baies vitrées afin de garantir une surveillance optimale et un environnement lumineux et ouvert pour les enfants.

La crèche ne subira pas les coupures d’eau grâce à un système de stockage de l’eau potable et de récupération des eaux de pluie, garantissant ainsi des conditions sanitaires optimales. Un jardin pédagogique viendra compléter l’ensemble, offrant aux enfants l’occasion de se familiariser très tôt avec la flore locale. Le coût total de la structure est de 2.250.000 euros.

Un besoin criant de structures

Actuellement Mamoudzou ne compte que quatre établissements d’accueil de la petite enfance opérationnels, toutes des structures associatives, deux dans le quartier des Hauts-Vallons, une à côté de la CSSM à Kawéni, et l’autre à Cavani. La crèche située dans le quartier des 100 villas, endommagée par le cyclone Chido, n’a pas pu rouvrir pour le moment.

CHM, urgences, maternité, pénuries
Avec près de 10.000 naissances chaque année, les besoins en structures d’accueil sur le territoire sont considérables. En photo, des mamans dans une salle des urgences au CHM.

« Ce projet va en appeler d’autres », assure Ambdilwahedou Soumaïla, « les études pour l’ouverture d’une seconde crèche municipale à Kawéni sont presque terminées, elle comptera 40 berceaux, et on est en train de chercher les terrains dans le sud de Mamoudzou pour lancer un troisième projet ».

Le maire indique par ailleurs mobiliser une enveloppe de 15.000 euros d’investissement pour tous les porteurs de projet crèches, afin de lancer une dynamique. Car avec près de 10.000 naissances par an, le territoire a fortement besoin de telles structures, qu’il s’agisse de crèches mais aussi de lieux d’accueil parents-enfants, comme en Petite-Terre, de relais petite enfance ou encore de maisons d’assistantes maternelles.

370 places en crèche sur le territoire, une marge de progression « très importante »

Crèche, M'Gombani, Mamoudzou, Mayotte
Deux projets de crèches municipales, une à Kawéni et une autre dans le sud de Mamoudzou, doivent se concrétiser prochainement a indiqué le maire.

Pour le moment Mayotte compte trois crèches municipales en activité. Avec l’inauguration de celle de Sada, le 13 juin dernier, ce chiffre passera bientôt à quatre. Un nouveau projet doit encore aboutir d’ici la fin de l’année, selon Madi Mari Moissoukari, responsable de la branche petite enfance et des actions sociales à la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte (CSSM), l’ouverture de la crèche de M’Gombani viendra porter à six le nombre de crèches municipales sur le territoire.

« Aujourd’hui on compte 22 crèches pour 17 collectivités sur l’ensemble du territoire, dont 50% sont des micro-crèches (petite capacité, moins de 12 places) et seulement 18% des crèches municipales. C’est peu », relève Madi Mari Moissoukari.

La crèche de Sada, inauguré le 13 juin dernier. Mayotte compte 22 établissements, soit 370 places effectives, trop peu pour répondre aux besoins du territoire.

« Cela représente 477 places d’accueil, mais en réalité ce chiffre tombe à 370, car deux établissements ont été fermés après l’incident de Chido. Nous sommes donc encore loin de couvrir l’ensemble du territoire, la marge de progression reste donc très importante », alerte Madi Mari Moissoukari.

Face à ce défi d’accessibilité, elle encourage les porteurs de projets, les collectivités et les associations à se mobiliser et à se tourner vers les financements de la CSSM pour créer davantage de lieux d’accueil pour la petite enfance. « Notre objectif est d’atteindre au moins 600 places d’ici 2027, mais cela restera encore insuffisant », déplore-t-elle.

Victor Diwisch

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