La rentrée scolaire 2025-2026 s’ouvre à La Réunion dans un contexte particulier : une météo capricieuse, la présence de la ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Élisabeth Borne, et les premières orientations fixées par le recteur Rostane Mehdi, nommé dix mois plus tôt. Tandis que 17.626 enseignants ont repris le travail lundi 18 août, les élèves retrouvent ce mardi 19 août leurs établissements, dans un climat mêlant attentes pédagogiques et préoccupations sociales.
17.626 enseignants mobilisés dès lundi
Sur l’île aux volcans, la rentrée scolaire a débuté par une remise en route pédagogique des enseignants. Réunis dans leurs établissements dès le 18 août, les 17.626 professeurs de l’académie ont découvert leurs emplois du temps, préparé leurs classes et échangé avec leurs collègues.

À l’école maternelle Françoise Mollard de Saint-Denis, l’ambiance était studieuse. « Na touzour une tite appréhension pou la rantré mé na eu des vacances pou reposer* », confiait Fanny Robert, soulagée de retrouver ses collègues. Sa collègue Manon Dervillier déclarait de son côté : « J’ai hâte de rencontrer les nouveaux élèves, ça sera une meilleure année parce qu’on fait en sorte de toujours s’améliorer. »
Le recteur de l’académie réunionnaise, Rostane Mehdi, présent sur place, a tenu à encourager les enseignants : « Votre métier n’est pas une mission ordinaire, des parents […] vous font confiance, à vous mesdames et messieurs, c’est toute la noblesse du métier ! » Des mots qui ont été salués par les intéressés : « On se sent reconnu dans notre métier d’enseignant, ça fait du bien d’entendre tout ça », a réagi Manon Dervillier.
Une rentrée sous le regard de la ministre
Après un déplacement à Mayotte consacré notamment au suivi de la reconstruction des établissements scolaires après le passage du cyclone Chido qui avait dévasté l’île le 14 décembre 2024, Élisabeth Borne, a choisi La Réunion pour marquer la rentrée scolaire des élèves.
Son programme du mardi 19 août s’annonce chargé : visite de l’école primaire de Primat de Saint-Denis, du lycée Leconte de Lisle de Saint-Denis, et du lycée Leconte de Lisle de Saint-Benoît. Elle doit également rencontrer Huguette Bello, présidente du Conseil régional, Cyrille Melchior, président du Conseil départemental, ainsi que les équipes du rectorat.
Des changements de programmes jugés trop fréquents
Si cette venue est l’occasion de mettre en avant la politique éducative nationale, elle est aussi attendue par les syndicats, qui pointent plusieurs difficultés locales. Gladys Robert, secrétaire générale du Saiper-Udas, estime : « Il faudrait qu’il y ait une constante dans les programmes (…) on ne sait pas combien de programmes on a vu passer depuis que Blanquer est passé. » Elle dénonce également « un véritable manque de visibilité » à propos des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH).
Jérôme Motet, vice-président du SNALC, critique pour sa part les dotations insuffisantes dans le secondaire : « Dans le secondaire, on est qu’avec du négatif sur les dotations de professeurs. » Il souligne aussi que « les enseignants en ont assez d’être les punching ball des parents sur la pédagogie. »
Les orientations fixées par le rectorat
Cette rentrée est aussi la première pour Rostane Mehdi, nommé recteur de La Réunion il y a dix mois. Il a présenté le projet stratégique académique qui doit porter « une école engagée au service de la société ».

Parmi les orientations, le renforcement de l’école inclusive avec l’octroi de 70 personnels, mais aussi une prise en compte accrue des réalités locales. « J’annonce le lancement de deux groupes de travail, l’un sur le bâti, l’autre sur le rythme scolaire dans le courant du mois de septembre », a-t-il précisé. Le recteur souhaite également développer l’enseignement du créole : « J’ai compris que cela fait partie des sujets qui déterminent la réussite de l’école à La Réunion. C’est la raison pour laquelle j’ai fait le choix assumé, de dégager 13 postes d’enseignants du secondaire en créole à la rentrée. »
Dans le secondaire, plusieurs établissements ont également affiché leurs priorités. Au lycée Antoine Roussin, à Saint-Louis, le proviseur Kossi Assimpa a insisté sur « le dialogue entre les équipes » et sur « la bienveillance et la rigueur ». La lutte contre le gaspillage alimentaire fait aussi partie des objectifs, avec une sensibilisation des élèves et du personnel à de nouvelles habitudes de consommation.
Entre mobilisation des enseignants, visite ministérielle et annonces académiques, la rentrée scolaire 2025-2026 à La Réunion se veut à la fois ambitieuse et attentive aux réalités locales. Elle n’en demeure pas moins traversée par des incertitudes, les syndicats alertant sur un manque de moyens et une crise des vocations.
*Traduit du créole en français : On a toujours une petite appréhension pour la rentrée mais on a eu des vacances pour se reposer.
Mathilde Hangard