Après avoir alerté publiquement, le 15 juillet, sur un risque de non-rentrée scolaire à Mamoudzou en raison de retards dans le versement des fonds de reconstruction post-cyclone Chido, le maire de la commune, Ambdilwahedou Soumaïla, répond désormais formellement au préfet. Dans un courrier daté du 27 juillet 2025, il conteste les critiques formulées par François-Xavier Bieuville et défend les démarches engagées par la Ville depuis le mois de janvier 2025. Il déplore également une gestion tardive des demandes de subvention par les services de l’État.
Ce courrier s’inscrit dans la continuité des tensions déjà exposées dans notre article du 16 juillet, où le maire évoquait une situation « dramatique » dans les écoles communales et accusait l’État de ne pas avoir versé les financements promis. Le préfet lui avait répondu en soulignant des démarches « incomplètes » de la part de la commune sur la plateforme Démarches Simplifiées. La réponse du maire, transmise également aux ministres en charge de l’Outre-mer, de l’Éducation et de l’Intérieur, vient éclairer d’un nouveau jour la gestion du dossier.
Une chronologie détaillée des démarches de la Ville

Dans son nouveau courrier, le maire de Mamoudzou rappelle que la commune a engagé ses démarches « dès le 7 janvier 2025, soit plus de deux mois avant l’annonce officielle de l’enveloppe exceptionnelle de 100 M€ datée du 14 mars ». Il indique que plusieurs dossiers ont été déposés sur la plateforme Démarches Simplifiées, et que « l’ensemble des pièces disponibles a également été transmis via FranceTransfert, afin de pallier les limitations techniques de l’outil national ».
Ces dépôts préalables, affirme-t-il, ont été réalisés dans une « logique d’anticipation, de responsabilité et de service public », malgré l’absence à ce moment-là d’un cadre formalisé. Lors d’une réunion du 1er avril 2025 avec les sous-préfets et les services de l’État, la commune estime que cette incertitude a été reconnue. Pourtant, « ce n’est que le 4 juillet 2025 […] qu’une première demande officielle de compléments nous a été adressée », précise-t-il.
Une réponse jugée tardive de l’État

Le maire de Mamoudzou insiste sur la réactivité de ses services : « Les plans de financements ont été mis à jour dès le 9 juillet afin d’intégrer les montants réellement engagés, qui s’élèvent à près de 12 M€, ainsi que les marchés complémentaires en cours. » Entre le 10 et le 18 juillet, plusieurs pièces complémentaires ont été transmises au SGAR, notamment « les titres fonciers, les actes d’engagement, les notifications des lots, devis estimatifs, diagnostics des MOE correspondant au montant total de l’opération ».
Sur un autre volet sensible, celui du mobilier scolaire, la Ville dit avoir relancé Valérie Debuchy, la rectrice de Mayotte, dès le 8 juillet. La réponse officielle, datée du 1er juillet mais reçue seulement le 18 du mois, « nous a confirmé l’impossibilité de doter en urgence l’ensemble des établissements concernés », écrit le maire. Une nouvelle alerte a été émise lors de la visite de la rectrice le 21 juillet 2025.
« Ce traitement tardif – qu’il s’agisse des fonds comme du mobilier – porte atteinte à la continuité éducative et met directement en péril la rentrée scolaire 2025 dans plusieurs écoles sinistrées », écrit Ambdilwahedou Soumaïla.
Une défense appuyée du travail municipal
Revenant sur les propos du préfet qui évoquait des dossiers incomplets, le maire rejette toute forme de responsabilité unilatérale. « La mise en cause, même indirecte, de la Ville […] ne saurait faire oublier les responsabilités de l’État : l’absence de dispositif clair, le manque de retour en temps utile, l’instabilité des circuits d’instruction, ou encore la lenteur dans la prise de décision », affirme-t-il.
En conclusion, le maire met en garde contre toute remise en cause implicite des collectivités locales, estimant que « les exigences légitimes de rigueur administrative ne sauraient se traduire […] par une mise en cause générale de la probité des collectivités mahoraises ». Il réaffirme que la commune « a agi en responsabilité » et appelle à « un dialogue exigeant mais respectueux » avec l’État, fondé sur « un partenariat solide ».
Mathilde Hangard