L’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte a tenu à réagir officiellement, le 25 juillet, à notre article paru le 17 juillet 2025, dans lequel la députée Anchya Bamana dénonçait de graves dysfonctionnements au Centre hospitalier de Mayotte (CHM). L’élue y faisait état de signalements internes transmis par un médecin du centre hospitalier, alertant sur des pratiques médicales jugées préoccupantes et sur les conditions d’accès aux soins sur le département. Dans un communiqué en trois volets, l’ARS Mayotte répond point par point, invoquant un « souci de transparence, de responsabilité et de respect du débat public ».
Un signalement judiciaire recontextualisé par l’ARS

Le premier point abordé concerne un signalement transmis au procureur de la République par le docteur Michel Smeuninx, chirurgien urologue au CHM. Dans son courrier au ministre de la Santé, la députée de la 2ᵉ circonscription de Mayotte indiquait avoir reçu de ce praticien une lettre « dans laquelle le praticien dénonce, avec détails, le cas du décès d’une jeune femme de 24 ans à cause d’actes commis par une consœur et mentionné abusivement, selon lui, dans le certificat de décès comme mort naturelle ». Elle estimait que « cette déclaration l’a obligé, à juste titre, de faire un signalement au procureur de la République ».
L’ARS confirme ce signalement, mais précise que « ce même praticien a ultérieurement adressé un courrier officiel au procureur exprimant ses regrets, témoignant de sa volonté d’apaisement et de sa reconnaissance de l’importance du dialogue collégial au sein des équipes hospitalières ». L’agence rappelle que « toute déclaration ou interprétation liée à une procédure judiciaire relève strictement de l’autorité judiciaire » et que ces sujets doivent être traités dans un cadre respectueux de la déontologie médicale.
Prévention et lutte contre le diabète : des actions revendiquées

La seconde partie du droit de réponse de l’autorité sanitaire porte sur la politique de prévention en santé publique, notamment face à la progression du diabète. Dans sa lettre, la députée Anchya Bamana critiquait une absence d’action de l’ARS, évoquant « une campagne de prévention contre le diabète laissée sans réaction de l’ARS depuis des années ».
L’ARS Mayotte conteste cette affirmation et assure être « pleinement mobilisée de longue date dans la lutte contre les maladies chroniques ». Elle cite plusieurs actions inscrites dans le Projet régional de santé 2023-2033 et le Plan national Nutrition Santé : mise en place de comités techniques, soutien à une association de dépistage, intégration dans les Contrats Locaux de Santé, déploiement de Maisons Sport-Santé avec le CROS et QIMA, ou encore développement de l’Éducation Thérapeutique du Patient avec des équipes mobiles. L’agence mentionne également l’organisation d’une campagne de dépistage ayant permis « la réalisation de plus de 10.000 dépistages en deux semaines en 2023 », ainsi que le lancement d’une campagne annuelle contre les boissons sucrées.
Fermeture des maternités : une réorganisation présentée comme inévitable

Enfin, l’ARS revient sur les critiques relatives à la fermeture de deux maternités périphériques à Dzoumogné et Mramadoudou. La députée dénonçait « une décision fâcheuse, sans une réelle réflexion sur la politique périnatale à Mayotte », pointant également la saturation de la maternité de Mamoudzou, dotée de « sept salles d’accouchements alors qu’il en faudrait treize ».
Dans sa réponse, l’ARS affirme que ces deux structures « n’ont jamais été officiellement autorisées pour l’activité de maternité », en raison de l’« absence de personnel qualifié suffisant », notamment de sages-femmes. Elle indique que la fermeture, effective depuis fin 2023, a permis « d’améliorer la sécurité, la qualité des soins et les conditions d’accueil des parturientes ». Elle annonce par ailleurs la création, « d’ici la fin de l’année 2025 », de Centres Périnataux de Proximité (CPP) dans ces établissements, afin d’assurer un suivi prénatal et postnatal, des ateliers de parentalité et une meilleure coordination des soins périnataux.
En réaffirmant son engagement pour « la qualité, la sécurité, la proximité » et « la continuité du service public », l’ARS Mayotte défend son action face aux critiques de la députée Anchya Bamana, dans un contexte où le système de santé mahorais reste sous tension et régulièrement dénoncé pour sa fragilité structurelle.
Mathilde Hangard