À Mamoudzou, la salle de cinéma Alpa Joe toujours fermée après le cyclone Chido

La 4ème vice-présidente du Conseil départemental, Zouhourya Mouayad Ben, alerte sur un « réel manque d’effectifs » dans le secteur cinématographique sur le département.

Depuis le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024, la salle de cinéma Alpa Joe n’a pas rouvert ses portes, laissant les cinéphiles mahorais dans l’attente. La réunion du mercredi 2 juillet n’a pas permis de débloquer immédiatement la situation, mais les élus assurent poursuivre les efforts pour parvenir à une issue.

Un équipement culturel sinistré et toujours à l’arrêt

Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido frappait durement Mayotte, provoquant des dégâts humains, matériels et environnementaux considérables sur l’ensemble du territoire. Parmi les infrastructures touchées, la salle de cinéma Alpa Joe de Mamoudzou, qui reste à ce jour, fermée. Une réunion s’est tenue mercredi 2 juillet 2025 à l’Office culturel départemental (OCD), notamment sur le sujet du cinéma.

L’intérieur de la salle de projection Alpa Joe, de 240 places, autrefois neuve après les rénovations de 2023 : fauteuils rouges, écran panoramique, et dispositif son refait à neuf.

« Aujourd’hui, on a eu une réunion pour faire le point sur la situation pour savoir comment nous allons avancer », déclare Zouhourya Mouayad Ben, 4ème vice-présidente du Conseil départemental, en charge des Sports, de la Culture et de la Jeunesse. L’élue confirme que la réouverture pendant les vacances de l’hiver austral avait été envisagée, mais qu’ « en raison de plusieurs difficultés », cela n’a pas été possible.

Au cœur des blocages : l’absence de personnels spécialisés. « C’est un vrai manque d’effectifs », précise Zouhourya Mouayad Ben. Elle insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas du personnel d’accueil de la salle, mais de professions plus spécialisées : « On manque de personnels formés à des métiers spécifiques dans le domaine de la culture et de l’audiovisuel ». À l’OCD, l’élue dit avoir besoin « de techniciens son et lumière ». Elle évoque aussi un déficit de professionnels capables de gérer des procédures administratives et des professionnels chargés de concevoir et réaliser des bâtiments : « On a besoin de personnels spécialisés dans la passation de commande mais aussi de davantage d’architectes ».

Une reconstruction freinée par les conséquences de Chido et un manque de moyens

La catastrophe naturelle a aggravé une situation déjà tendue au niveau des finances publiques. « Disons que cela n’a pas arrangé les choses », admet-elle. Selon l’élue, les architectes sollicités pour la réhabilitation du territoire sont eux-mêmes débordés par les multiples chantiers d’urgence post-cycloniques. « À ce jour, on n’a pas avancé, mais on essaie tant bien que mal de se mettre en ordre de marche pour ce cinéma », avoue-t-elle.

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Les dégâts de Chido avaient été dévastateurs sur l’ensemble de l’île, et notamment à Mamoudzou, où de nombreuses infrastructures construites en « dur » s’étaient écroulées

Sur le plan budgétaire, la vice-présidente décrit une forme d’impasse. « C’est un serpent qui se mord la queue », explique-t-elle. D’un côté, les institutions demandent des économies ; de l’autre, les besoins explosent sur le département. Elle espère que la loi de refondation pour la reconstruction de Mayotte permettra d’apporter des solutions durables. Sans s’avancer sur une date précise, elle indique que « la salle pourrait rouvrir dans quelques mois ».

En attendant, l’administration devra faire avec les moyens du bord. « On va fonctionner avec les agents qui sont là, malheureusement on va leur demander de travailler plus pour permettre au plus vite la réouverture de cette salle », déclare la 4e vice-présidente, à la sortie de la réunion. D’autres priorités ont été évoquées lors de cette rencontre : la poursuite du chantier du stade de Cavani, ainsi que le projet de cité administrative pour le Département. Ce dernier est d’autant plus pressant que, selon l’élue, certains agents départementaux, elle y compris, ne disposent toujours pas de bureau.

Mathilde Hangard

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