Une solidarité en selle ! Détruit en grande partie par le cyclone Chido, le Centre Équestre de Mayotte, seul en son genre sur l’île, lance un appel à la solidarité des habitants du 101e département. Lundi 19 mai, une « musada » – mot d’origine swahilie signifiant aide collective – rassemblera bénévoles, habitants, institutions et partenaires à Hajangoua, pour redonner vie à cet espace éducatif et social.
Un repère pour la jeunesse balayé par la tempête

Les images parlent d’elles-mêmes : palissades arrachées, toitures éventrées, pâturages noyés. Depuis le passage du cyclone Chido, le Centre Équestre de Mayotte est méconnaissable. Mais pour ses fondateurs, ses éducateurs et surtout ses jeunes cavaliers, il reste un repère. « Les chevaux n’ont rien demandé. Ils attendent simplement que la vie reprenne », confie Alain Chartier, 82 ans, fondateur historique du site, dans un témoignage. Plus qu’un lieu de loisirs, le parc équestre est un outil d’inclusion sociale, d’éducation non formelle, et un vecteur de cohésion pour la jeunesse mahoraise. Sa disparition temporaire laisse un vide. Pour le combler, ses fondateurs estiment que la solution ne viendra pas d’en haut, mais de la terre et de ses habitants.
Une mobilisation insulaire à hauteur humaine
Sous l’impulsion du Régiment du service militaire adapté de Mayotte (RSMA), de la Communauté d’Agglomération Dembeni Mamoudzou (CADEMA) et de l’Office de tourisme intercommunal (OTI) Dembéni-Mamoudzou, cette journée vise à réunir les forces vives de l’île. Lundi 19 mai, dès 8h, les bénévoles sont invités à se présenter sur le site d’Hajangoua. L’objectif : nettoyer, débroussailler, réparer. Le tout, sous l’encadrement de professionnels formés à la manipulation d’outils dangereux, pour garantir la sécurité des participants.
Chaque geste compte, même symbolique. « Même une heure de présence est une pierre à l’édifice », assurent les organisateurs. Un arrêté municipal a été pris pour interdire le stationnement aux abords de la route nationale et permettre la circulation fluide des bennes et véhicules techniques. Un dispositif logistique conséquent sera mis en place pour gérer les déchets et orienter les bénévoles.
La résilience comme horizon partagé

Derrière cette mobilisation, c’est une philosophie de la solidarité qui refait surface. Dans les villages de l’île, le concept de musada est ancien : il évoque l’entraide spontanée, le travail collectif, l’union face à l’adversité. « On a longtemps cru qu’on nous avait oubliés. Mais les Mahorais sont là », se réjouit Alain Chartier. Le message est clair : reconstruire ensemble, pour aujourd’hui, mais surtout pour demain.
Car en reconstruisant ce centre, c’est un patrimoine vivant qui est défendu. Celui de la jeunesse, de la culture, et du lien social. D’ailleurs, une seconde musada est déjà à l’étude pour prolonger cette dynamique collective. Et si le cyclone a détruit des murs, il a aussi réveillé un esprit communautaire que beaucoup croyaient endormi.
Matériel conseillé pour participer : eau, casquette, spray anti-moustiques, chaussures fermées, outils si possible… et surtout, de la bonne humeur. Rendez-vous le 19 mai dès 8h à Hajangoua.
Mathilde Hangard