Des organisations de la société civile comorienne ont protesté, ce mercredi 16 avril à Moroni, contre « tout projet de construction d’une base militaire à Mayotte » et toute démarche d’intégration de l’île au sein de la Commission de l’Océan indien (COI).
Environ, deux cent personnes ont assisté à ce rassemblement organisé à l’entrée du bâtiment où a été proclamée l’indépendance des Comores, le 6 juillet 1975, au centre de Moroni pour « Dire Non à la militarisation de Mayotte ». Et ce à l’initiative du Comité Maoré et de l’Organisation de la Société civile comorienne (OSCC) qui regroupe des associations comme le Comité des Sages et des partis politiques de l’opposition.
Un courrier de protestation adressé au Système des Nations-Unies à Moroni
L’on a vu, entre autres personnalités, des hommes politiques comme l’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said Soilihi, le chef du parti JUWA de l’ex-président Sambi, l’ancien ministre Ahmed Hassane El Barwane, l’ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoud alias Kiki du parti Orange ou encore les anciens ministres des Affaires étrangères Mohamed Sagaf et Ibrahim Ali Mzimba qui vient d’être élu « chef de l’opposition parlementaire » à l’Assemblée à Moroni.
« Le projet d’installation de nouvelle base militaire à Mayotte au-delà d’un renforcement illégitime constitue une provocation directe à l’encontre de la souveraineté comorienne et menace dangereusement l’équilibre et la coopération pacifique et aggrave la tension dans une région déclarée par les Nations unies dans sa résolution en 1971 comme devant être une zone de paix », ont souligné ces organisations dans un courrier adressé au Coordinateur du Système des Nations-Unies en poste à Moroni.
Les participants souhaitaient sensibiliser la communauté internationale « face aux récents développements concernant l’île comorienne de Mayotte actuellement occupée illégalement par la France », selon toujours ce courrier qui pointe du doigt les initiatives visant à intégrer Mayotte au sein de la Commission de l’Océan indien (COI). « Les manœuvres et tentatives de la France de vouloir intégrer Mayotte en tant qu’entité à part entière au sein de la Commission de l’Océan indien porteraient atteintes à l’intégrité territoriale des Comores et ouvriraient un précédent dangereux aux règles fondatrices de l’organisation », souligne encore le courrier.
Des « rumeurs » au sujet d’une deuxième base militaire à Mayotte

La réaction des organisations de la société civile comorienne fait suite aux déclarations du secrétaire d’Etat à la Francophonie, Thani Mohamed Soilihi, qui dit œuvrer et « tout faire pour que Mayotte retrouve sa place au sein de la Commission de l’Océan indien » à l’aune du 5ème sommet des chefs d’Etat de la COI prévu le 24 avril prochain à Madagascar et auquel Emmanuel Macron devrait participer au même titre que ses quatre autres homologues membres de l’organisation régionale.
S’agissant de la militarisation présumée de l’île de Mayotte et suite « aux informations » ayant laissé entendre, il y a un mois, ce projet de nouvelle base navale et qui ont été vite démenties à l’époque par le cabinet du ministre des Outre-Mer, Manuel Valls, via l’AFP, l’ambassade de France à Moroni a publié un communiqué mis à jour ce mercredi 16 avril dans lequel elle dément tout projet de construction d’une deuxième base militaire à Mayotte.
« L’ambassade de France souhaite clarifier des informations non vérifiées qui circulent actuellement sur les réseaux sociaux au sujet d’une nouvelle base militaire navale à Mayotte* », précise le communiqué de la chancellerie française aux Comores transmis au JDM et qui ajoute que « contrairement aux rumeurs, le gouvernement français n’a pas annoncé la construction d’une nouvelle base militaire navale à Mayotte. Ceci est une contre-vérité que nous démentons formellement ».
A.S.Kemba, Moroni
* Un des objectifs du déplacement de Manuel Valls à Mayotte concernait une installation militaire au Nord de Mayotte.