À Mayotte, Agnès Pannier-Runacher face aux défis de l’eau, du climat et de la biodiversité

En visite officielle sur l'île, la ministre de la Transition écologique était hier sur le terrain, quatre mois après le passage du cyclone Chido.

Fin du fil info

Usine de dessalement, SAUR, Mayotte, Vinci, Stereau
L’usine de dessalement de Petite-Terre

12h-12h45 : La visite s’est poursuivie autour de l’usine de dessalement de Pamandzi. En décembre 2023, l’usine avait atteint une production de 4.700 m³ par jour, contribuant ainsi à réduire les pénuries d’eau sur l’île, confrontée à une crise de l’eau majeure. Pour répondre à la demande croissante en eau potable, un projet d’usine de dessalement à Ironi Bé, en Grande-Terre, est toujours en suspens. Cette nouvelle installation vise à produire 10.000 m³ d’eau potable par jour, avec une capacité augmentée à 30.000 m³ par jour à terme. 

Les radars météorologiques permettent de détecter et de suivre les conditions atmosphériques, notamment les précipitations, pour alerter en cas de phénomènes climatiques dangereux (photo préfecture Alpes- Maritimes)

11h30 : Agnès Pannier-Runacher s’est ensuite rendue en Petite-Terre pour assister à une présentation du bilan de la saison cyclonique en salle COD. En effet, le 14 décembre 2024, Mayotte connaissait le pire scénario cyclonique de son histoire avec le passage du dévasteur Chido, faisant des milliers de blessés, 40 décès recensés et 41 personnes disparues.

D’après le responsable des prévisions cycloniques à Météo France, Sébastien Langlade, « le Nord du Canal du Mozambique est un secteur généralement moins fréquenté par les phénomènes cycloniques », ce qui a rendu la trajectoire de Chido d’autant plus rare. « Chido est rentré dans la case du scénario du pire qu’on imaginait depuis plusieurs années », a-t-il exposé, précisant que le cyclone a suivi une trajectoire « suffisamment proche de l’équateur pour éviter Madagascar et ensuite venir concerner directement Mayotte ». Ce scénario s’est concrétisé le 14 décembre 2024, avec des vents atteignant 226 km/h à Pamandzi et estimés à plus de 250 km/h sur le Nord et le Centre de Grande-Terre — des niveaux jamais enregistrés auparavant sur le département.

Mayotte, Chido, cyclone, dégâts, Salama Ramia, assurance
Les dégâts de Chido avaient estimés à 120 millions d’euros par Manuel Valls

Le 12 janvier 2025, l’île était à nouveau touchée par une forte tempête tropicale, Dikélédi, provoquant jusqu’à 300 litres de pluie par mètre carré en 24 heures dans le Sud de Grande-Terre. Les vents étaient néanmoins restés « modérés », avec des rafales ne dépassant pas 90 km/h.

Pour améliorer la précision des prévisions et protéger la population, un radar sera installé d’ici le second semestre 2027. « Nous avons acquis le foncier, il n’y a pas si longtemps », a indiqué la directrice de Météo France à Mayotte, Floriane Ben Hassen. Cet équipement permettra de « visualiser les rideaux de pluie qui approchent le territoire » et ainsi de mieux anticiper leur intensité et leur chronologie. Ce radar, attendu depuis plusieurs années et recommandé par une commission parlementaire en 2024, permettra à Météo France d’améliorer considérablement ses capacités de prévision météorologique sur le territoire. Le terrain destiné à accueillir l’équipement a été concédé par le Conservatoire du littoral.

Mayotte, visite officielle, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique,
La ministre a posé des questions pratiques et opérationnelles au lieutenant sur les objectifs de la mission

10h35 : La ministre est arrivée sur les berges de la rivière Mro wa Ourovéni. La rivière avait été durement touchée par le passage du cyclone Chido. Sur place, le lieutenant Cyriaque coordonne une mission cruciale mobilisant trente soldats. L’objectif principal est le dégagement de quatre embâcles majeurs obstruant le cour d’eau. Ces blocages empêchent l’alimentation normale de la station d’épuration, compromettant ainsi son bon fonctionnement.

Mayotte, visite officielle, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique,
La mission devrait durer une dizaine de jours

Les travaux consistent principalement à tronçonner des éléments boisés. « Heureusement, il ne s’agit pas de grands arbres, ce qui facilite les opérations« , a déclaré le lieutenant. Une piste d’accès a également été aménagée pour permettre le passage des engins et améliorer la logistique de l’intervention. La mission est prévue pour une durée de dix jours. Elle illustre l’engagement des forces en soutien à la sécurité environnementale face à un événement climatique extrême comme Chido.

10h20 : Sur le terrain, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a réaffirmé l’engagement de l’État face aux défis hydriques et environnementaux du territoire : « L’État est très engagé, avec plusieurs dizaines de milliers d’euros, même dans un contexte qui exige des économies. »

Mayotte, visite officielle, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, retenue collinaire,
La retenue collinaire de Combani, mardi 15 avril, remplie à 86% de ses capacités

Elle a souligné l’importance du « plan eau » post-Chido et la nécessité d’agir vite : « Nous devons prendre des décisions rapides, notamment en ce qui concerne la nouvelle usine de dessalement. Il faut accélérer la procédure pour que les travaux puissent débuter d’ici la fin du mois. » La ministre a également insisté sur l’urgence de la mise en place de la troisième retenue collinaire sur l’île, en accélérant les procédures nécessaires pour éviter de mettre en difficulté les Mahorais : « Nous sommes dans une course contre la montre, confrontés au dérèglement climatique, avec des phases de trop d’eau et d’autres de pénurie. Il va falloir s’adapter. »

Elle a également mis en avant le lancement du troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), lancé par le gouvernement, pour face aux menaces croissantes telles que la submersion marine, le retrait du trait de côte, et la sécheresse affectant notamment l’agriculture et les forêts : « Nous devons faire face à des défis majeurs et, dans ce cadre, nous allons lancer une conférence des parties territoriale pour partager les bonnes pratiques et renforcer la solidarité. »

Mayotte, visite officielle, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, retenue collinaire,
Le février 2025, la retenue collinaire de Dzoumogné, était pleine à 46% et celle de Combani à 39%

Pour la ministre, protéger les habitants est une priorité, et elle a rappelé l’importance des écosystèmes dans cette résilience : « Lorsqu’une forêt fonctionne bien, le cycle de l’eau fonctionne mieux. Les insectes sont essentiels pour l’agriculture. » Elle a salué les initiatives locales et régionales, comme le projet de pépinière à La Réunion, qu’elle espère voir se concrétiser à Mayotte : « Nous avons un défi de taille pour ce siècle. Il faut avoir de la solidarité, et un principe fondamental : celui de la résilience. » Elle a enfin conclu en affirmant qu’il reste encore deux ans pour mener à bien des projets cruciaux tels que la nouvelle et troisième retenue collinaire, la nouvelle usine de dessalement, et le nettoyage des rivières : « Nous allons dans ce sens, avec détermination. »

Mayotte, visite officielle, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, retenue collinaire,
Signature de la convention de partenariat entre l’Office de l’Eau de La Réunion et l’Office de l’Eau de Mayotte, en présence de la Ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, du Président de l’Office de l’eau Mayotte, Nadjayedine Sidi et du Président de l’Office de l’eau de La Réunion, Gilles Hubert

10h15 : Le président de l’Office de l’Eau de La Réunion, Gilles Hubert, a tenu à exprimer son soutien plein et entier à Mayotte, tout en soulignant l’urgence de la situation à l’échelle nationale : « On est en train de courir derrière le temps. Plus on avance, plus le problème s’accélère et il faut trouver des solutions rapidement. » Pour lui, il est temps de changer de paradigme : « Il faut définitivement tourner la page de la problématique de l’eau. Il faut garantir l’accès à cette ressource. Un pays comme la France ne peut pas se permettre de souffrir de la crise de l’eau. » Constatant une dynamique favorable sur le territoire, il a encouragé à l’action : « Tous les feux sont au vert, il faut se retrousser les manches et travailler. » Il a également assuré de la mobilisation de La Réunion pour accompagner Mayotte, notamment sur le plan environnemental : « Vous pouvez compter sur La Réunion, soutien sur la reforestation. Nous sommes là et prêts à porter ce soutien. »

Mayotte, visite officielle, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition écologique, retenue collinaire,
Les dernières précipitons ont eu des répercussions favorables sur les deux retenues collinaires de l’île, remplies à 86 % à Combani, et à près de 60 % à Dzoumogné

10h : De son côté, le président de la Société Mahoraise des Eaux (SMAE), Karl Morin, a apporté des précisions sur la situation hydrique actuelle de l’île. « Avec les deux retenues, en cas de grosse sécheresse, on tiendra jusqu’en janvier. Les tours d’eau permettent de gérer la ressource. On va tenir jusqu’à début février 2026. On a des niveaux de nappes hautes. » Il a également indiqué que « 22 % de la production d’eau vient des retenues » et s’est inquiété de l’état des rivières après le cyclone, notamment à cause des nombreux embâcles : « La rivière est chargée en embâcles et ceux-ci risquent de freiner l’écoulement des rivières. Enlever les embâcles est un travail titanesque. »

Interpellée sur la question du reboisement après le passage du cyclone et sur les conséquences écologiques, la ministre a souligné l’importance d’une approche globale. Elle a annoncé la mise en place d’un plan de reboisement sur cinq ans, avec une stratégie pensée étape par étape, tout en appelant à sortir d’une vision trop strictement anthropique : « L’homme impose trop souvent sa vision sur la nature, or l’écosystème fonctionne autrement à Mayotte. » Elle a par ailleurs insisté sur le rôle crucial des associations locales dans la sensibilisation à la préservation de la biodiversité.

9h40 : Sous un temps particulièrement pluvieux et humide, après quelques minutes de retard, la ministre de la Transition écologique est arrivée à Combani, là où se trouve une des retenues collinaires de l’île, servant à stocker les eaux de pluie et de ruissellements.

Sur place, le président de l’Office de l’Eau de Mayotte, du Comité de l’Eau et de la Biodiversité, et conseiller départemental, Nadjayedine Sidi, a insisté sur l’urgence de la situation après le passage du cyclone Chido : « Il faut reconstruire ce qui a été détruit par Chido. » Il a souligné l’importance de la présence de la ministre de la transition écologique sur le territoire afin qu’elle prenne pleinement la mesure des besoins du territoire quatre mois, après cette catastrophe sans précédent : « Il est important que la ministre de la transition écologique soit là et qu’elle comprenne que l’État doit mettre les moyens pour la reforestation. »

Retenue collinaire, Mayotte, eau,
Lors de la crise de l’eau particulièrement sévère en 2023, la vidange des retenues collinaires était imminente

Concernant les ressources en eau, l’élu a insisté sur l’ampleur des défis à relever : « Pour l’eau, il nous faut des moyens énormes et que cela dure dans le temps. Il faut que la gestion de l’eau soit suffisamment rigoureuse pour que pendant la saison sèche, on arrive à atteindre la prochaine saison des pluies sans trop de difficultés. » Malgré des inquiétudes initiales, les récentes précipitations ont permis de soulager quelque peu la situation : « On se préparait à une crise de l’eau très difficile mais les dernières précipitations ont été positives sur le remplissage des retenues collinaires de l’île. » À ce jour, la retenue collinaire de Combani est remplie à 86 % et celle de Dzoumogné à près de 60 %. Au sujet du projet de la troisième retenue collinaire, Nadjayedine Sidi s’est montré optimiste : « Les choses avancent. La maîtrise foncière est actée. Les financements sont actés. Les choses vont s’enclencher ! » 

Le calendrier politique était de nouveau chargé en visites officielles… En déplacement à Mayotte depuis lundi 14 avril au soir, la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, Agnès Pannier-Runacher, a poursuivi une visite officielle sur l’île aux parfums, dans le prolongement d’un séjour de trois jours à La Réunion. Ce déplacement s’est inscrit dans le contexte de la reconstruction du territoire, quatre mois après le passage du cyclone Chido, survenu le 14 décembre 2024.

Lundi soir, Agnès Pannier-Runacher reconnaissait l’ampleur des dégâts causés par le cyclone Chido sur les écosystèmes mahorais, notamment le lagon, les mangroves et les forêts. Elle avait notamment insisté sur la nécessité de permettre à la biodiversité de se régénérer, tout en alertant sur le risque d’espèces invasives et sur l’impact des activités humaines. Un plan d’action sur cinq ans, financé par son ministère, est actuellement en cours d’élaboration pour restaurer et préserver ces milieux naturels.

Mayotte, police aux frontières, PAF, vedette, vecteur, Chido, bateau, police, gendarmerie,
Après Chido, le cimetière marin autour et dans le lagon fait toujours peine à voir

La ministre avait également évoqué les actions déjà engagées dans le lagon, comme l’enlèvement des épaves, la protection des récifs coralliens, la lutte contre le braconnage des tortues en lien avec les associations locales, ainsi que la reconstitution de l’habitat des makis. Elle a enfin confirmé la mise en place d’un fonds de soutien européen destiné aux pêcheurs touchés par la catastrophe, une aide validée par la Commission européenne à la fin du mois de mars 2025. Bien que les modalités précises n’aient pas encore été détaillées, cette annonce se voulait rassurante pour les professionnels du secteur, qui avaient exprimé leur déception de ne pas être intégrés au programme de sa visite.

Mardi matin, la ministre était attendue à la retenue collinaire de Combani, avant de se rendre sur les berges de la rivière Mro wa Ourovéni, où elle allait assister à une présentation des dispositifs de désembaclage. Elle avait ensuite pris la direction de la préfecture de Petite-Terre pour participer, en salle COD, à une réunion de bilan sur la saison cyclonique. Ce point, animé par les équipes de Météo France, est intervenu non seulement quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, mais aussi trois mois après celui de Dikeledi, qui avait mis à nouveau, l’île à rude épreuve, le 12 janvier 2025. À l’issue de cette présentation, la ministre a échangé avec les agents de Météo France dans le cadre d’un point de situation consacré aux capacités locales de prévision et d’alerte.

Mathilde Hangard

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

More like this
Related

SMAE : Coupure d’eau ce dimanche à Tsingoni

La SMAE informe les usagers de la commune de...

Chikungunya à Mayotte : l’épidémie persiste au-delà des foyers historiques

Malgré une baisse apparente des cas, la circulation du chikungunya reste active et probablement sous-évaluée à Mayotte.

Publication des listes d’établissements habilités à percevoir la taxe d’apprentissage en 2025

Le cabinet du préfet de Mayotte annonce la parution des listes officielles des structures habilitées à percevoir le solde de la taxe d’apprentissage pour l’année 2025.

Une première vente foncière pour la construction d’un collège

La signature d’un acte de vente marque le lancement concret des premières opérations immobilières sur la ZAC Tsararano-Dembéni.