Les droits de douane de Trump à géographie variable pour l’outre-mer

Quelle logique prévaut aux droits de douane différenciés imposés par l’administration Trump aux Outre-mer français ? +10% pour Mayotte et +37% pour La Réunion. Sans doute purement comptables, ils pourraient être inapplicables.

Des punitions. À travers la surtaxation des droits de douane, Donald Trump avait commencé à menacer les pays qu’il comptait annexer. Ce fut le cas du Canada, sa volonté expansionniste l’incitait d’ailleurs à redessiner la carte du monde en rebaptisant à travers un décret présidentiel, le golfe du Mexique en golfe d’Amérique. A-t-il des visées sur certains territoires Outre-mer français eux-mêmes dans un contexte de déstabilisation par la Russie via Bakou (Azerbaïdjan) ? Les petits territoires ultramarins sont en tout cas visés par une hausse des droits de douane, mais ils sont différenciés par rapport aux autres pays européens.

Ces derniers subissent 20% de taxes supplémentaires, selon le tableau de la Maison blanche publié mercredi, mais ce n’est pas le cas des outre-mer français. La Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et Mayotte, pourtant Régions Ultrapériphériques de l’Europe (RUP), se voient appliqués un taux supplémentaire de « seulement » 10% à l’exportation de leurs produits vers les Etats-Unis, quand il serait de 37% pour La Réunion. Si Mayotte n’exportait rien d’autre qu’un peu de vanille et d’ylang avant le cyclone et vers la métropole, les autres départements sont malgré tout peu concernés. Seule l’île Bourbon exporte 8% de sa production vers les Etats-Unis, essentiellement de la légine.

Les produits importés par les nord-américains depuis le petit archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon seraient taxés à 50%, alors que collectivité d’outre-mer (COM), il ne fait pas partie de l’UE. Également COM, la Polynésie française ne se voit imposer que 10 % de taxes douanières américaines.

Une légine à prix d’or pour les états-uniens

Une des conférences des présidents des RUP

Une taxation à géographie variable donc, qui interroge les spécialistes de la question. S’agit-il comme l’explique Olivier Sudrie, cofondateur du cabinet d’étude et de conseil DME, spécialisé dans les régions ultramarines, dans la Tribune du 4 avril, d’une « méconnaissance » du statut des territoires d’outre-mer » qui ne peuvent être imposés par des droits de douane différenciés, étant dans l’ensemble douanier européen, ce qui les rendrait inapplicables, ou bien comme le suppose le sénateur guadeloupéen Victorin Lurel d’une attaque « même pas voilée » contre la France, « c’est quelque part une contestation de la présence française dans ces territoires ». L’administration états-unienne rejoindrait ainsi la Russie dans sa logique de déstabilisation de la France dans ces territoires…

Pour Charlotte Emlinger, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), interrogée dans Libération, il s’agit tout simplement d’un calcul de Donald Trump basé sur l’équilibre de sa balance commerciale : « Quand la balance est favorable aux Etats-Unis, les droits de douane appliqués aux produits venus de territoires avec une balance déficitaire ne sont fixés qu’à 10 %», ce qui est le cas de Mayotte, par contre, toute petite soit-elle par rapport au géant mondial outre-Atlantique, La Réunion est excédentaire, et subit donc une taxation à 37%. Une règle automatique en quelque sorte, qui dépasse les frontières, fussent-elles européennes.

A.P-L.

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