Deux mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, la situation sanitaire à Mayotte reste sous étroite surveillance par Santé publique France-Mayotte. Bien que certains indicateurs témoignent d’une certaine amélioration, des risques sanitaires importants persistent sur l’île.
Moins de passages aux urgences, mais plus de traumatismes
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Entre le 3 et le 9 février 2025, le nombre de passages aux urgences a encore diminué, avec 872 consultations enregistrées, indiquant une diminution de 25 % des passages, par rapport à décembre 2024, rapporte Santé publique France-Mayotte. Toutefois, les traumatismes demeurent la principale cause de recours, bien que leur fréquence ait légèrement augmenté ces derniers jours. Depuis la fin du mois de décembre 2024, le nombre moyen de passages quotidiens a chuté de 185 à 137, un indicateur inquiétant pouvant laisser craindre une persistance des blessures liées aux débris et aux destructions engendrées par le cyclone.
Les troubles digestifs et les infections cutanées en forte recrudescence
Alors qu’ils avaient augmenté ces dernières semaines, les troubles digestifs ont légèrement baissé depuis mi-janvier 2025, laissant place aux infections cutanées, en nette recrudescence ces dernières semaines. Ces pathologies, désormais fréquentes, sont devenues un motif majeur de consultation dans les centres médicaux de référence. D’après les épidémiologistes, le taux de consultations pour infections cutanées a fortement augmenté depuis le début du mois de février 2025, en raison des conditions sanitaires et d’hygiène particulièrement difficiles. En effet, près de deux mois après le cyclone, l’eau est toujours drastiquement coupée sur l’archipel, avec des coupures d’eau durant plus de vingt-quatre heures, à raison de trois fois par semaine, et assorties d’interruptions fréquentes de la distribution de l’eau, en raison d’une insuffisante production d’eau ou d’incidents divers, tels que des pannes ou des casses.
Grippe et bronchiolite : les épidémies ne cèdent pas du terrain
Bien que le virus grippal semble légèrement reculer, il reste une menace pour la population, avec un taux de positivité des prélèvements respiratoires toujours élevé. Parallèlement, l’épidémie de bronchiolite continue de circuler auprès des nourrissons, avec un taux stable de 12% de prélèvements positifs pour le virus respiratoire syncytial (VRS). Cette coïncidence d’épidémies crée une pression importante sur le système de santé mahorais.
Des difficultés d’accès à l’eau et à la nourriture critiques
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En seulement un mois et demi, 27 cas de fièvre typhoïde ont été déclarés à Mayotte, un chiffre alarmant comparé aux 58 cas enregistrés sur l’ensemble de l’année 2024. La situation est exacerbée par le manque d’eau suite au passage du cyclone, particulièrement dans les villages de Vahibé et M’Tsapéré. Face à cette recrudescence, des actions de vaccination sont mises en place sous la coordination de l’Agence Régionale de Santé. Par ailleurs, les infections alimentaires, en particulier celles liées aux pathogènes entériques, demeurent un problème majeur sur l’île. Depuis le début du mois de février, 81% des prélèvements de selles ont révélé la présence de bactéries responsables de troubles gastro-intestinaux et les ventes d’anti-diarrhéiques et de solutés de réhydratation orale (SRO) continuent de grimper dans les officines, représentant près de 6 % des ventes totales en pharmacie, un chiffre bien supérieur à la moyenne des années précédentes. D’autre part, lors de maraudes menées par des associations locales, 55 % des foyers interrogés signalaient des problèmes alimentaires accrus depuis le cyclone, particulièrement dans les quartiers défavorisés de Mamoudzou. En outre, environ 30 % des foyers font état de troubles psychologiques, tels qu’un état particulièrement anxieux, touchant à la fois les adultes et les enfants.
Mathilde Hangard