Après le cyclone, la distribution de collations scolaires reprend malgré les défis

Après le passage du cyclone Chido, les entreprises locales ont dû faire face à d’importantes difficultés pour reprendre leurs activités. Parmi elles, Five Five, une entreprise de restauration scolaire, témoigne des obstacles rencontrés, des solutions mises en place et de ses attentes pour garantir l’alimentation des élèves.

Un impact désastreux, mais une résilience exemplaire

Le cyclone Chido a causé d’importants dégâts à Mayotte, perturbant de nombreux secteurs d’activité, y compris la distribution des collations scolaires. “L’impact du cyclone a été désastreux pour tout le monde”, explique Raïma Salimou, directrice de Five Five, une entreprise de restauration scolaire. “Si notre dépôt n’a subi aucune dégradation, l’organisation a été fortement affectée. Les multiples reports de la rentrée scolaire ont eu un impact direct sur la trésorerie, mettant l’entreprise en difficulté. De plus, la péremption de certains produits, faute de distribution immédiate, a entraîné des pertes considérables. Nous avons dû jeter des stocks alimentaires et n’avons malheureusement pas pu en faire don aux associations, car la gestion post-cyclone était extrêmement compliquée et le temps de réagir, nous nous sommes retrouvés pris de court.”

Sur le plan matériel, les locaux ont été inondés, endommageant certains équipements, mais l’entreprise a rapidement réagi pour assurer la reprise. “Notre priorité était d’être prêts pour la rentrée scolaire officielle du 27 janvier dernier. Aujourd’hui, nous sommes opérationnels et nos livraisons ont repris dans quasiment toutes les écoles.”

Une organisation repensée pour maintenir la distribution

La reprise de la distribution des collations n’a pas été simple. Les livraisons ont été retardées suite à la grève des enseignants à Bouéni et l’incapacité pour certains établissements de Koungou d’accueillir les élèves. Les caisses des écoles ont joué un rôle clé en signalant celles-ci afin que l’entreprise puisse s’adapter. “Nous avons réussi à mettre en place une organisation efficace pour assurer les livraisons. Je tiens à souligner l’implication de nos livreurs, qui sont pleinement conscients que la moindre erreur signifie qu’un ou plusieurs enfants risquent de ne pas avoir de collation. Cette responsabilité nous pousse à être rigoureux et à redoubler d’efficacité pour garantir la continuité de notre mission.”

Adaptation et résilience : une reprise progressive après le cyclone

Réception des collations dans les écoles

Dans les premiers jours suivant le cyclone, l’approvisionnement en fruits et en pain a été compliqué à cause des coupures d’électricité. Les livraisons se font toujours mais l’entreprise a dû ajuster ses menus en fonction des produits disponibles et non endommagés dans leur stock et chez leurs fournisseurs locaux. Heureusement, aujourd’hui, les stocks sont stabilisés et les livraisons dans presque toutes les écoles se font sans difficultés majeures.

Malgré cette situation difficile, les coûts des denrées alimentaires et du transport n’ont pas augmenté, ce qui a permis de maintenir l’équilibre financier de l’entreprise. “C’est une bonne nouvelle, car une hausse aurait eu un impact non seulement sur notre activité, mais aussi sur de nombreux autres acteurs.” Tous les élèves ont pu recevoir leurs collations, ce qui témoigne de la mobilisation conjointe de l’entreprise et des institutions locales. Cependant, si la reprise est effective, la situation financière reste préoccupante.

Des déséquilibres financiers et une aide en cours

L’entreprise attend toujours un soutien financier. “L’aide est en cours de traitement. Comme vous le savez, ce type de démarche prend du temps, mais nous restons patients et poursuivons les procédures afin de bénéficier du soutien nécessaire.”

Un autre défi persiste “depuis le passage de Chido, nous constatons de nombreux retards de paiements des factures. Sans ces règlements en temps voulu, nous risquons de nous retrouver dans une situation critique. Cependant, nous mettons tout en œuvre pour éviter cela et comptons sur les mairies pour leur règlement et sur l’aide de l’État aux entreprises privées ainsi qu’à tous les autres acteurs impactés”.

Un appel à la solidarité pour reconstruire Mayotte

Au-delà de la simple reprise d’activité, l’entreprise rappelle que la reconstruction de Mayotte ne concerne pas uniquement les infrastructures visibles. “Il est essentiel de penser aussi à la pérennité des écoles et des entreprises qui jouent un rôle clé dans la continuité des services aux enfants et à la population.”

Nayar SAID OMAR

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