Lors de sa venue à Mayotte le 30 décembre dernier, le Premier ministre, François Bayrou, accompagné de pas moins de 5 ministres (Outre-mer, Santé, Éducation nationale, Logement, Francophonie) avait annoncé en grande pompe devant une majorité d’élus et de responsables mahorais, ainsi que devant la presse, le tant attendu plan « Mayotte debout ». Dans ce plan figure notamment un volet Logement pour aider les Mahorais qui n’ont plus de toit. Le chef du gouvernement avait alors déclaré : « Un plan d’urgence est lancé pour la mise hors d’eau des bâtiments publics et des habitations, avec l’acheminement cette semaine de 140 tonnes de bâches supplémentaires, couvrant 700.000 m², en complément des 100 tonnes déjà livrées ».
« Paroles, paroles … »
Force est de constater malheureusement, qu’à l’heure actuelle les livraisons de ces précieuses bâches se font au compte-gouttes. Au 5 janvier, il aurait dû y avoir au minimum 240 tonnes de bâches livrées, soit 1,2 million m². Nous sommes en pleine saison des pluies et les habitants de Mayotte, où qu’ils vivent, ne savent plus à quel Saint se vouer pour tenter d’obtenir une bâche. « J’ai fait une demande auprès de la mairie le 19 décembre dernier, puis une deuxième le 8 janvier de cette année, mais toujours aucune réponse, se lamente un habitant de Chiconi. Les bâches sont en priorité réservées aux bâtiments publics, comme les écoles et les mairies », lui a-t-on fait savoir. Quant aux bâches vendues dans les commerces elles sont de mauvaise qualité et ne tiennent pas le coup.
Aussi, de nombreuses maisons mahoraises étant construites sur plusieurs étages, le passage de Dikeledi n’a fait qu’accentuer les dégâts, notamment dans celles déjà dépourvues de toits, et par voie de conséquences dans les logements se situant juste en dessous générant des ruissellements et des infiltrations un peu partout. « Quand est-ce que nous allons enfin pouvoir recouvrir les toits avec des bâches ! Cela fait maintenant deux semaines que le gouvernement nous a promis des bâches, mais toujours rien ! Le peu de choses que Chido avait épargné chez moi a été endommagé par Dikeledi à cause des pluies torrentielles qui ont provoqué de nombreuses infiltrations chez moi, peste un autre habitant de Chiconi. D’autant plus que nous n’avons toujours pas d’électricité dans mon quartier depuis un mois maintenant ».
Une fois de plus on se demande si la situation a bien été anticipée ? Après l’eau et la nourriture, ce sont maintenant les bâches qui se font attendre alors que la saison des pluies n’en est qu’à son début et que rien ne garantit qu’une nouvelle tempête ne vienne encore frapper notre île. Les Mahorais, plus que désabusés, se sentent aujourd’hui délaissés, quoi qu’en disent les autorités, par un État qui promet, qui promet, mais qui semble incapable d’agir rapidement, sans doute par un manque d’anticipation criant car cette situation, tous les experts la prédisaient, devait arriver un jour tôt ou tard. Jacques Chirac avait dit en son temps : « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent », les Mahorais y ont cru et n’ont toujours rien reçu… Ils sont de plus en plus méfiants et enclins aux doutes vis-à-vis d’un État qui les a depuis trop longtemps déconsidérés, en sous investissant et en ne prenant pas en compte les spécificités du 101e département français.
Tout ceci a favorisé le lit du RN qui, rappelons-le, est sorti largement en tête à l’issue du 2nd tour de la dernière élection présidentielle à Mayotte avec près de 60% des voix, et dont Marine Le Pen venue encore très récemment dans notre île, est arrivée en terrain conquis.
B.J.