Lors de sa prise de parole face à une foule venue nombreuse pour glaner le moindre renseignement sur les jours à venir, Emmanuel Macron s’est fait copieusement chahuter, une partie des personnes présentent demandant même sa démission. La « méthode Macron » n’est pas étrangère à l’hostilité d’une foule déjà très éprouvée par la situation. Le chef de l’état n’a pu s’empêcher de retomber dans ses travers, entre cash et provocateur, rappelant aux Mahorais qu’ils sont très bien lotis par rapport aux autres habitants de l’océan Indien, soulignant un propos déjà inaudible par : « c’est pas moi le cyclone ! »
À nouveau, le locataire de l’Élysée ne tient pas compte du contexte qui ne permet pas encore de tenir des discussions polémiques, la population attendant uniquement de l’eau et de la nourriture au lendemain du cyclone. En venant immédiatement à Mayotte et en prolongeant son séjour, Emmanuel Macron avait pourtant entamé sa visite sur de bonnes bases. Mais son caractère a repris le dessus pour saboter lui-même sa prise de parole, alors qu’on pouvait lui reconnaître un certain courage à se mettre en danger en allant au contact d’une foule mécontente.
Mais si la colère s’est exprimée de manière spontanée et épidermique face au chef de l’état, elle est aussi le résultat d’une colère plus sourde, qui enfle depuis des années, au rythme d’une indifférence frisant le mépris de la part d’un état absent des vrais enjeux de l’île au lagon. Emmanuel Macron a simplement été le catalyseur et le réceptacle de cette colère qui devait se déverser un jour ou l’autre.
Les problématiques mahoraises sont pourtant connues depuis des années, sans que personne n’en ait pris la mesure pour mettre en place de réelles politiques, dignes d’un département français. De l’immigration massive, à l’habitat insalubre en passant par le manque d’eau, aucune de ces thématiques n’a reçu le traitement qui aurait pu limiter voire éviter la catastrophe actuelle. Et ces problématiques sont bien antérieures à la prise de pouvoir du président actuel.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune de ces considérations n’est audible, la population mahoraise manquant d’eau et de nourriture. Face à l’urgence absolue et primale, le chef de l’Etat n’a pas su comprendre cette colère éruptive, jaillissant d’un volcan alimenté depuis des années et ne demandant qu’à déverser son flot de lave sur tout ce qui symbolise un état défaillant à leurs yeux, surtout si cet état est représenté par son plus haut dignitaire.