C’est un renfort de poids qui va arriver à Mayotte. Acheminé par l’unité ESCRIM (Élément de Sécurité Civile Rapide d’Intervention Médicalisé), l’hôpital de campagne devrait arriver très prochainement. Selon le lieutenant-colonel Eric Agrinier, chef de groupement au SDIS30, l’unité attend le top départ depuis sa zone de transit, située à la Réunion, pour atterrir à Mayotte au plus vite.
Le lieutenant-colonel Pages, chef du détachement a déjà survolé l’île en compagnie d’autres cadres de la mission afin de déterminer le meilleur emplacement pour monter l’hôpital de campagne. Ce sera le stade le Cavani qui accueillera la structure de 60 tonnes et 3 000 m2.
La mission de cet hôpital de campagne sera de suppléer les structures locales en accueillant jusqu’à 100 personnes par jour, la capacité d’accueil variant selon les pathologies prises en charge.
Si dans l’imaginaire, on pourrait faire un amalgame rapide entre hôpital de campagne et hôpital de fortune, c’est bien une structure à la pointe de la modernité qui sera opérationnelle au stade de Cavani. Doté de 2 blocs opératoires, et les 90 personnes que compte l’ESCRIM prendront en charge les patients 24 heures sur 24 sans interruption. La structure est en capacité de traiter tous les cas qui se présenteront, de la chirurgie à la réanimation en passant par un service de radiologie. C’est simple, sur la brochure de l’ESCRIM, à la rubrique « Ce que n’assure pas l’hôpital », il est clairement spécifié : rien ». Et c’est bien ce dont ont besoin les Mahorais : « Tout »
Selon nos informations, l’intégralité de la structure ne serait pas encore arrivée à la Réunion, rendant impossible son acheminement vers Mayotte pour être opérationnelle dès ce vendredi. Mais le président ayant assuré que l’hôpital serait fonctionnel à cette date, il est fort possible que le fret ait été accéléré à la vue de la situation catastrophique constatée sur place. En effet, il faut 12 h aux sapeurs-pompiers du Gard, présents dans tous les aspects de l’unité et spécialisés dans la partie logistique, pour assembler la structure avant son exploitation par les personnels soignants.
Créée un 1985 pour intervenir sur le séisme ayant ravagé la ville de Mexico, cette unité prouve son efficacité à chaque théâtre d’opérations sur lequel elle intervient. La dernière intervention en date de l’unité se déroulait en Turquie suite au séisme qui avait ravagé le pays. Maintenant engagé à Mayotte, l’ESCRIM sera d’un grand secours, car l’ensemble des infrastructures de santé ont été sérieusement endommagées.
Mais maintenant que les équipes peuvent se déplacer sur place, il est rapporté qu’il n’y a pour l’instant pas d’afflux massif aux urgences, certains soignants précisant que des quartiers empestent l’odeur de cadavres. Un chirurgien confiait à notre journaliste Mathilde Hangard, présente sur place : « On ne voit pas beaucoup de patients au CHM. Ils sont tous morts, c’est sûr ». Si ce propos est à nuancer il atteste, d’une part le désarroi dans lequel se trouve les soignants, et d’autre part de l’ampleur de la catastrophe.
C’est dans ce contexte que va s’installer l’hôpital de campagne, sans certitude sur le nombre de patients qu’il aura à accueillir. Mais n’est-ce pas le quotidien de ces unités d’élite d’être prêtes à toute éventualité ? Une seule certitude, quelle que soit sa mission, l’ESCRIM sera sur place et l’assurera au mieux comme elle le fait depuis presque 40 ans.
Par notre envoyé spécial au SDIS 30