Depuis sa création en 1997, la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées est devenue un rendez-vous incontournable. Elle est soutenue par de nombreuses entreprises, associations, institutions. A Mayotte cette année, l’événement est porté par la DEETS (Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) et la CCSud. C’est ainsi l’occasion de s’interroger sur les différents dispositifs mis en place pour faciliter l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap sur notre territoire. C’est aussi un moment d’échange et de partage où l’on peut s’informer et être sensibilisé. Pour cette 28e édition, plusieurs tables rondes sont organisées sur les thématiques du logement, de l’accessibilité, de l’autonomie, de l’éducation, de la formation et de l’emploi.
L’accessibilité pour les personnes en situation de handicap doit être une priorité à Mayotte
C’est le gros point noir de notre territoire, de l’aveu même du secrétaire général de la préfecture et sous-préfet en charge des affaires sociales, Laurent Alaton. « L’urgence actuellement pour Mayotte c’est l’accessibilité des locaux aux personnes en situation de handicap. Cela doit être notre priorité et notre combat », a-t- insisté. En effet, une loi datant de 2005 devait permettre en 5 ans de rendre la plupart des locaux administratifs et autres bâtiments accessibles aux personnes en situation de handicap. Près de 20 ans après, le constat est que l’on est loin du compte même en métropole, et a fortiori à Mayotte. En revanche, le regard sur les personnes en situation de handicap a changé et continue d’évoluer, comme l’a constaté le sous-préfet. « J’étais à Mayotte entre 2006 et 2009…Il y a eu un énorme bond sur ce territoire concernant la prise en charge des personnes en situation de handicap. Il y a encore 15 ans c’était un sujet tabou, caché. Maintenant elles revendiquent leur place dans la société, les transports et le travail, ce qui est une très bonne chose ».
Saandati Moussa, professionnelle et artiste dévouée à la promotion de l’égalité des chances et à la lutte contre les discriminations, travaille au Conseil départemental depuis 18 ans et est en situation de handicap. Elle a témoigné de son parcours pour faire avancer les choses. « Je souffre d’un handicap visible et un autre invisible… À l’âge de 4 ans j’ai eu la poliomyélite, c’est une maladie qui paralyse les muscles. À l’époque c’était ma grand-mère qui m’élevait et elle ne voulait pas entendre parler de vaccin car elle ne connaissait pas… Quand on est handicapé, il faut se battre toute sa vie et beaucoup plus qu’une personne valide. Grâce à ma volonté j’ai pu réussir malgré les difficultés que j’ai rencontrées et trouver ma place dans la société ».
Puis elle a profité de cette tribune pour dénoncer l’absence de parking pour les personnes à mobilité réduite sur le territoire. « Quand il n’y a pas de place je me gare où je peux et je paye beaucoup d’amendes…Il faut faire bouger les choses à Mayotte car c’est très compliqué pour nous ».
Encore trop peu d’accompagnements pour les travailleurs handicapés
Selon les derniers chiffres, environ 2.500 personnes seraient reconnues comme travailleurs handicapés à Mayotte, ce qui paraît peu au regard du nombre d’habitants et de travailleurs dans l’île. Ce qui fait dire à Laurent Alaton que les offres, les aides et les accompagnements pour les travailleurs handicapés ne sont pas assez déployés sur le territoire. En outre, une loi impose aux entreprises de plus de 20 salariés d’embaucher au moins 6% de personnes en situation de handicap. Ce chiffre n’est pas atteint dans le 101e département.
« Les entreprises et les administrations doivent faire des efforts pour intégrer les personnes en situation de handicap, en aménageant leurs locaux notamment. Quant aux collectivités, elles doivent également procéder à des aménagements avec des transports adaptés, des trottoirs plus larges ou encore des rampes pour les descentes et les montées… », souligne le sous-préfet. Pour le maire de Bandrélé et président de la CCSud, Ali Moussa Moussa Ben, « l’accès à l’emploi pour les personnes en situation de handicap doit être une priorité ! Il faut dépasser les quotas officiels. Pour cela il faut faire des aménagements et accompagner les personnes à mobilité réduite », a-t-il déclaré dans une vidéo.
La SEEPH est ainsi l’occasion de valoriser les compétences, d’échanger et de témoigner afin d’inciter les employeurs dans une démarche inclusive en sollicitant le travail de personnes en situation de handicap. De plus, elle permet de sensibiliser les pouvoir publics, les acteurs de l’emploi et la population sur le thème du handicap.
B.J.