C’est une réactivité hors norme. En peu de temps, depuis qu’il a été installé comme Directeur de la Sécurité et de la prévention de la délinquance par le maire de Chirongui en juin 2024, le capitaine Chamassi a déroulé ce qu’il sait faire de mieux : de la prévention en proximité avec la population. Celui qui inventé le concept de gilets jaunes de surveillance des quartiers, bien avant qu’en métropole, cet accessoire de sécurité routière ne revête l’emblème d’une fronde sociale, met en place ses actions les unes après les autres. Et beaucoup a déjà été fait en moins de trois mois.
Dès son arrivée, la municipalité a installé la Direction de la Sécurité et de la prévention de la délinquance, composée de la Police municipale, des ASVP (Agents de Surveillance de la voie publique), d’ATP (Agents de Tranquillité publique), de PEC (Parcours Emploi Compétence), de gardiens de sécurité, en voie de transformation), d’une assistante de direction, d’un point d’accueil et d’une brigade d’intervention rapide, dotée de 4 quads. Une soixantaine d’agents au total, « nous avons recruté un chef de service de la Police municipale qui prend ses fonctions dans un mois », nous informe Chaharoumane Chamassi.
Et le chantier colossal est déjà bien engagé. « Dès mon arrivée, j’ai constaté que des déchets sauvages, des carcasses, polluaient le paysage. J’ai donc décidé de créer une Brigade Anti Saleté et Incivilité, soit BASI, ce qui signifie, ‘ça suffit !’ en shimaoré. J’ai mobilisé dix agents ASVP de la mairie, en les informant de leur large domaine de compétences souvent méconnu par les élus. Ils peuvent agir dans le cadre du code de la route bien sûr, en cas de mauvais stationnement par exemple, mais aussi verbaliser dans le cadre du code de l’environnement, comme les dépôts sauvages ou les bruits de voisinage, ou encore, sur le code de la Santé s’ils sont confrontés à un problème sanitaire sur la voie publique. Mais avant de verbaliser, on prévient d’abord pour une meilleure compréhension des actions. » Il se félicite de la motivation des jeunes ASVP, « ils ont une grande envie d’apprendre, et sont désormais assermentés, peuvent porter un gilet pare-balles, des menottes, et on vient de leur octroyer des vélos que nous allons sérigraphier ». Un panneau est affiché à la Direction, affichant les prétentions, « Faire mieux qu’hier ».
Un parcours parentalité pour les familles en besoin
Son vieux rêve, celui d’implanter le Conseil pour les droits et devoirs des familles a été adopté à l’unanimité le 9 août dernier par le conseil municipal. Un exploit dans le contexte chironguien d’une opposition devenue majoritaire, « mais ce sont des mesures sociales qui fédèrent », ajoute l’officier. Ce Conseil sera là pour aider les familles en difficulté, notamment sur la gestion de leur progéniture. « Lorsqu’un jeune nous est signalé comme en danger, ou auteur de troubles à l’ordre public, la famille sera convoquée par le maire pour que le Conseil cherche une solution adaptée. Par exemple, si un gamin traine et n’a rien à manger, le CCAS va prendre en charge la famille pendant 6 mois sous condition que l’enfant ait un comportement social. Si ça ne marche pas, le dossier de la famille sera transmis à la protection de l’enfance du Conseil départemental qui déroulera ses actions. Et si ça ne va toujours pas, le procureur prendra la main, pour l’application de sanctions de droit commun ».
Un Conseil composé du maire, de représentants de l’Etat, de la politique de la Ville, et possiblement du Directeur départemental de la cohésion sociale et/ou, du recteur, aux côtés d’acteurs du social. Il sera installé « d’ici la fin du mois de septembre », et permettra de commencer à « connaître le profil des familles », à l’image du maillage territorial mis en place par le Département.
Les carcasses de voitures, les Véhicules Hors d’Usage (VHU) font l’objet d’actions d’enlèvement, « justement ce mercredi, une centaine a été retirée de l’ancien terrain de foot de Chirongui. Le site sera nettoyé, et l’accès sécurisé par la pose d’un portail. »
Des gardiens mieux protégés et plus utiles
Le « la » d’un changement de braquet dans la commune avait été donné lors des festivités du 14 juillet, mettant en avant les forces de sécurité, de prévention et d’insertion dans la commune. Un évènement qui a séduit le RSMA, qui a décidé d’organiser la prochaine cérémonie de présentation au drapeau de 50 jeunes volontaires à Chirongui, « il y aura également 80 militaires et 120 familles sur place. Un honneur ».
Les sorties d’école sont aussi sous les feux des projecteurs. Avec une évolution de taille. « Au lieu des gardiens de nuit qui sont désemparés et donc dépassés, face à des hordes de jeunes cagoulés, nous installons des caméras sur les établissements scolaires dont la surveillance est effectuée 24h/24 par un prestataire privé. Un ‘plus’ pour la sécurité de ces gardiens qui évoluent en Référents de parcours de jour, avec des patrouilles autour des établissements scolaires pour repérer les jeunes en errance, les identifier, et nous permettre de leur trouver des solutions. »
Le quadrillage de la commune en deux secteurs permettra de leur allouer une patrouille de surveillance, « et deux quads chacun, qui permettront aux policiers à bord de se rendre dans des sentiers aux accès difficiles, et de repérer des dépôts sauvages, ou autres incivilités ». Les 4 quads ont été commandés.
Une autoroute vers l’îlot Karoni
Une grande opération environnementale est en cours, « l’autoroute de la mangrove » ! Qui tient particulièrement à cœur à l’enfant du pays qui fit son école primaire à Chirongui. « Quand je suis arrivé, je vois que le lieu magnifique d’accès à la mangrove à Mrmadoudou est bouché par des dépôts sauvages. Grâce à l’efficacité des services techniques de la mairie, nous avons libéré le passage, très élargi quand la mer est haute, permettant de se rendre en pirogue à l’îlot Karoni. L’objectif est de rendre cet espace convivial, avec appareils de fitness, petits faré, tables de ping-pong avec bien sûr, l’accord du Conservatoire du littoral. » Un double effet positif, « c’était aussi un lieu où débarquaient les kwassas depuis les îles voisines, avec cabris et autres ». « L’autoroute de la mangrove » sera un espace d’occupation pour les jeunes, « nous allons faire de même à proximité des mangroves de Tsimkoura et de Poroani ».
La phase 2 du projet, c’est d’inciter à mettre en place une activité touristique d’acheminement des touristes à l’îlot Karoni.
Autre préoccupation de Chamassi, l’éclairage public dans les zones isolées, « où pourtant des gens âgés veulent se déplacer le soir pour aller à la mosquée ». Il a repéré des petits projecteurs solaires, « à 60 euros pièce », qu’il installera sur les zones sensibles.
Une opération qui avait été mise en place en 2012, entre lui et l’officier de gendarmerie Fabien Milliasseau, un tournoi de foot rassemblant les forces de l’ordre, gendarmes, policiers municipaux, et militaires du RSMA, reste à cocher à l’agenda !
Enfin, on pourrait dire 12ème des travaux non herculéens de Chamassi, si nous avions compté, « tout cela ne coûte pas cher et peut être rapidement mis en place », le changement des horaires du service. De 7h-16h, il passe à 6h-22h, « une première équipe de 6h à 14h et l’autre de 14h à 22h. Comme ça nous couvrons les entrées et sorties d’école ».
Le poste de Police sera situé entre le lycée professionnel et celui général, « c’est un lieu stratégique, car potentiellement à conflits entre jeunes ».
Un capitaine heureux de pouvoir décliner ces actions grâce « à la réactivité de la municipalité dans son ensemble ».
Et ça marche, se félicite le maire Bihaki Daouda que nous avons contacté : « La sûreté et la prévention sont mieux pilotées depuis que Chamassi est là, ce sont les remontées que j’ai des habitants de la commune. Il a une très bonne vision des actions à mener, à la fois sur le moyen et long termes. »
Les surnoms du capitaine, « l’infatigable » ou « TGV », pour train à grande vitesse avec lequel il faut embarquer, « sans quoi j’avance avec ceux qui veulent avancer ! ».
Anne Perzo-Lafond