Dès 7h15 du matin ce mardi 3 septembre, la police municipale, les gendarmes mobiles et la brigade de Pamandzi étaient « sur le pied de guerre » pour aller fouiller les cinq sites de Pamandzi sur lesquels avaient été repérés des chiens errants. De plus en plus utilisés pour des agressions et des cambriolages par les délinquants, ces chiens constituent également un vrai danger pour les promeneurs qui se font parfois mordre notamment quand les chiens sont en meute. « Le danger est plus important la nuit car c’est à ce moment que les meutes sortent, mais il est plus compliqué d’organiser des opérations de ce genre la nuit, bien que nous l’envisagions peut-être prochainement », déclare Damien Bienaimé, le chef de le police municipale de Pamandzi. L’opération de ce mardi a été menée sous son commandement, les gendarmes n’étant présents que pour sécuriser l’opération.
Rapidement, les 21 hommes se sont lancés sur les traces des chiens errants, sur des sites répertoriés en amont. Souvent situés dans les hauteurs, dans « la malavouni » mahoraise, ces sites peu accessibles ont nécessité des marches plutôt sportives sur des terrains accidentés, jonchés de ronces, pour atteindre les « spots » où les délinquants gardent leurs chiens. Malheureusement, certainement alertés par les opérations de reconnaissances effectuées en amont, quand la police et les gendarmes sont arrivés sur le premier site, les chiens avaient déjà été déplacés par les délinquants. Sur le terrain situé dans les hauteurs du Centre de Rétention Administratif, seuls subsistaient les niches de fortune, où les chiens avaient été détenus peu de temps auparavant, et des cordages servant à les attacher. Des restes de nourriture pour chien et des briques de lait servant à nourrir les chiots jonchaient la malavouni, mais aucun chien à l’horizon. Un seul adulte a été repéré dans cette zone, mais il n’a malheureusement pas pu être attrapé. « Il est facile pour les chiens de se cacher au sein de ce terrain difficile et l’équipement des policiers municipaux est encore un peu trop léger pour une réelle efficacité, car les chiens ne se laissent bien sûr pas attraper facilement », explique Rodolphe Meulenyzer, le commandant de la gendarmerie de Petite-Terre.
Un élevage de chiots démantelé
Sur les 5 sites fouillés, seuls trois chiens adultes ont pu être capturés, mais un élevage de chiots a quand même pu être démantelé derrière le pôle aéronautique et 8 chiots récupérés. « Bien sûr, nous aurions aimé faire plus, mais c’est déjà un bon début pour une première opération », affirme Rodolphe Meulenyzer. L’idéal serait davantage de capturer les chiens directement lors des patrouilles, mais cela pose un problème logistique car la seule entreprise possédant des box pour enfermer les chiens est l’entreprise de sécurité One dog et cette dernière n’est pas forcément disponible à n’importe quel moment. D’où la nécessité de planifier ces opérations avec le risque, que nous avons pu constater ce jour, que les délinquants ne déplacent les chiens. L’opération de repérage des sites en hélicoptère ce vendredi 30 août dernier n’a certainement pas été étrangère à cette rareté des chiens constatée ce mardi car, comme l’ont confirmé les gendarmes : « lors de nos patrouilles, des chiens errants, on en voit partout et en grand nombre ! ».
Que deviennent ces chiens une fois pris en charge par One dog ? Ils sont laissés en attente dans des box quelques temps au cas où un propriétaire légitime se manifesterait, car les vols de chiens sont légion à Mayotte. Certains ont la chance d’être pris en charge par des associations de protection animale si le vétérinaire a pu confirmer qu’ils étaient en bonne santé et ne présentaient pas de caractère de dangerosité. Les autres sont malheureusement euthanasiés.
Un « plan chiens » prévu prochainement
Le préfet François-Xavier Bieuville, qui a participé à une partie de l’opération, a rappelé que, selon les estimations, il y aurait de 5.000 à 6.000 chiens errants présents dans tout Mayotte, dont beaucoup sont récupérés et dressés par les délinquants pour commettre des exactions. D’où la nécessité d’agir au plus vite pour combattre ce fléau qui menace non seulement les être humains, mais également les tortues marines, espèce protégée. Si le ramassage des chiens errants est une compétence des collectivités, au vu de l’ampleur du problème, le préfet a décidé de les accompagner au travers d’un futur « plan chiens », qui prévoit notamment la mise en place de fourrières et de chenilles dans toutes les communes mahoraises. Certaines d’entre elles ont d’ores et déjà confirmé leur investissement financier dans ces structures. « Comme il s’agit d’une compétence communale, on fait en sorte de mobiliser un maximum la police municipale sur cette question, même si l’Etat lui apporte son soutien », précise le préfet.
Les modalités exactes du « plan chiens » devraient être précisées prochainement. En attendant, des opérations comme celles de ce mardi devraient se reproduire environ deux fois par mois et prochainement également en Grande-Terre.
Nora Godeau