« Où en est le budget alloué aux collectivités territoriales de Mayotte pour la vidéoprotection ? » Cette question, au moins deux personnes l’ont posée haut et fort. Bacar Attoumani, l’ex-directeur de la Bac nuit, avant sa mutation en métropole, et… Gérald Darmanin en visite à Mayotte en février dernier, qui s’était étonné du peu de communes équipées, alors que l’État attribue des subventions pour l’installation de ce type de dispositif, « mais les maires ont mis deux ans à la consommer », critiquait le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer.
Peu à peu, les caméras fleurissent, Labattoir, qui fut quasiment précurseur avec Mamoudzou, Pamandzi, Dembéni, et désormais Koungou. La mise en place dans cette deuxième commune la plus grosse de l’île est symptomatique des difficultés rencontrées. Une pancarte avait en effet été apposée il y a plusieurs années à l’entrée de la commune, mais non suivie des faits.
Cette fois c’est la bonne, assure Olivier Billy, à la tête de la police municipale de Koungou : « L’arrêté préfectoral pour la mise en place de 108 caméras a été publié le 13 mai dernier, et nous avons reçu les subventions pour généraliser le dispositif à l’ensemble de la commune en deux temps, avec 40 premières installées d’ici la fin de l’année. » Les choses sérieuses ont déjà commencé, « nous installons une à trois caméras chaque jour, tout d’abord sur la RN1, et progressivement, à l’intérieur des villages. »
Un témoin actif pour la justice
Les premières sont apparues sur les secteurs en tension, les positions ne sont pas précisées, surprise ! Certaines sont raccordées à l’électricité par EDM, d’autres sont autonomes, alimentées par panneaux solaires.
Des caméras qu’il faut ensuite exploiter, avec mise à disposition d’agents formés spécialement : « Nous avons déjà trois opérateurs installés dans le Centre de Supervision urbaine, le CSU, au siège de la Police municipale », l’ancienne mairie au look alsacien. « L’objectif est d’avoir à terme 12 opérateurs et un chef du CSU. Ils vont surveiller et alerter sur plusieurs points qui vont de la sécurité publique, prégnante dans la commune, à l’insalubrité, en passant par la dégradation de mobilier urbain, la protection des bâtiments publics, etc. ».
Le dispositif ne fonctionne pas encore 24 heures sur 24 mais sa montée en puissance le vise, avec une surveillance qui pourra se faire 7 jours sur 7.
Les vidéos permettront d’exploiter les évènements de la rue en temps réel avec possibilité d’extraction judiciaire, « pour contribuer à la manifestation de la vérité ». La concrétisation de ce que nous avait annoncé David Chaillier, chef opérateur CSU à Koungou, « le CSU c’est un peu l’œil de la commune ».
Comme l’avait annoncé le ministre de l’Intérieur, l’Etat a contribué financièrement, à hauteur de 600.000 euros pour la commune de Koungou à travers le Fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (FIPDR).
Faut-il y voir un lien ? L’insécurité fait un peu moins parler d’elle sur la commune ces derniers jours, particulièrement sur le tronçon autour de Majikavo Dubaï. Un constat qui devrait inciter l’ensemble des collectivités à regarder par le petit bout de la lorgnette.
Anne Perzo-Lafond