Réaliser une mammographie à Mayotte n’est toujours pas possible, et ce depuis bientôt neuf mois. Lorsque le seul mammographe disponible sur l’île au Centre d’Imagerie Médicale de Mamoudzou est tombé en panne en novembre 2023, on peut dire que le remplacer n’a pas été une priorité de santé publique.
Ce n’est qu’en janvier 2024, avant la crise des barrages, que des réunions entre l’ARS et le CHM avaient eu lieu, avant que le sujet ne soit finalement mis « sous le tapis », jusqu’à la fin du mois de mars 2024, où les discussions autour de ce manque ont commencé à se décanter.
Le 22 mars dernier, l’ARS avait d’abord annoncé qu’un nouveau mammographe serait mis en activité au cours du mois d’avril 2024, pour remplacer la machine défaillante du centre de radiologie, avant de déclarer le 7 juin 2024 que le mammographe arriverait finalement à Mayotte le 25 juin prochain, tout en précisant que la mise en fonctionnement de l’installation nécessiterait 72h.
Alors que la machine devait être opérationnelle à la fin de la semaine, le mammographe serait plus en retard que prévu. Lorsque nous avons pris attache avec le centre de radiologie de Mamoudzou, il nous a été rapporté que le conteneur n’avait « toujours pas été déposé », alors qu’ « il aurait déjà dû être livré au centre de radiologie ». Pour passer un examen de dépistage du cancer du sein, le centre de radiologie a conseillé aux patientes de « rappeler vers mi-juillet 2024. »
L’ARS nous a également confirmé que le bateau transportant la nouvelle machine était « encore en retard » et que l’arrivée du conteneur au port de Longoni était prévue pour le 3 juillet, « normalement ».
Alors que la mammographie est un outil de dépistage du cancer du sein performant, en ce qu’il permet de détecter un éventuel cancer qui serait en train de se développer, l’absence d’outil de diagnostic depuis plusieurs mois ne sera pas sans générer d’impacts significatifs au niveau de l’état de santé des femmes à Mayotte. Alors que sur l’ensemble des cancers détectés à Mayotte, un tiers des cancers dépistés sont des cancers du sein, on peut craindre une augmentation des diagnostics de cancers du sein sur le territoire et des prises en charge in fine trop tardives.
Mathilde Hangard