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Santé : Le nouveau mammographe déjà en retard

Le nouveau mammographe qui devait arriver en avril, devrait finalement être opérationnel début juillet 2024.

Un gros pépin sans écho

Depuis près de huit mois, réaliser une mammographie à Mayotte est impossible. En cause : la panne du seul mammographe disponible sur l’île au Centre d’Imagerie Médicale de Mayotte. Résultat : les dépistages ciblés et organisés du cancer du sein ont été nettement réduits, mais ce sujet n’aura pas fait couler beaucoup d’encre. Dans ce contexte, combien de cancers ont été diagnostiqués tardivement ? Si lors d’une interview le Dr. Ransay-Colle, conseiller médical à l’ARS, avait déclaré qu’il était « encore trop tôt pour le dire », plus le temps avance sans possibilité de diagnostic sur le territoire, plus les patientes s’exposent à un risque de développer la maladie sans le savoir. En l’absence de mammographe, on aurait pu s’attendre à une augmentation du nombre d’EVASAN pour cas graves, diagnostiqués trop tardivement, ou de demandes de réalisation d’IRM mammaire au centre de radio du CHM, or à ce jour, malgré nos relances, aucune info ne nous a été transmise à ce sujet. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce sujet a été peu médiatisé malgré la toute première alerte d’une infirmière qui n’avait pu orienter correctement une de ses patientes.

La faute à une logistique d’acheminement  

Ouangani, Mayotte, barrage
En mars dernier, l’ARS déclarait : « La crise des barrages a énormément ralenti nos activités et le conflit israélo-palestinien a forcé le déroutage de certaines de nos marchandises. »

Le 22 mars dernier, si l’ARS avait avancé qu’un nouveau mammographe serait mis en activité au cours du mois d’avril 2024, pour remplacer l’actuelle machine défaillante, vendredi 7 juin, l’autorité sanitaire a indiqué que l’arrivée du mammographe à Mayotte serait finalement prévue pour le 25 juin et que la mise en fonctionnement de l’installation nécessiterait 72h. La machine devrait ainsi être opérationnelle le lundi 1er juillet 2024. D’après l’ARS, ce retard de plusieurs semaines serait dû à « des contraintes logistiques », en raison d’un « délai d’acheminement plus long que prévu ». 

Des impacts significatifs de prise en charge 

Pendant plusieurs mois, face à l’absence de mammographe sur le territoire, l’ARS avait indiqué avoir été contrainte de « s’appuyer sur l’offre de La Réunion ». Concrètement, cela revenait à orienter une patiente qui devait faire une mammographie à la réaliser à La Réunion pour les cas simples et pour les cas graves d’organiser une évacuation sanitaire de ces patientes de Mayotte vers des établissements de santé de La Réunion. 

Dépistage, cancer du sein, auto-palpation
En l’absence de mammographe, l’auto-palpation de ses seins reste un moyen de prévention utile, gratuit, et ne nécessitant pas de matériel, pour détecter des modifications qui pourraient orienter vers un diagnostic de cancer

Cependant, pour l’ARS, « la prise en charge des problèmes de santé liés à la sénologie n’a pas été impactée » puisque d’autres examens d’imagerie, tels que des scanners et des IRM mammaires ont été réalisés pour les patientes qui le nécessitaient. Pourtant, dans le cadre des dépistages organisés du cancer du sein, le Dr. Ransay-Colle avait avoué « je pense que les femmes ne se sont pas déplacées jusqu’à La Réunion pour se  faire dépister. » La semaine dernière, l’autorité sanitaire a reconnu : « Il y a toutefois eu un impact sur la réalisation du dépistage organisé : tous les examens de mammographie sur les femmes ne présentant pas de signe clinique ou de symptômes n’ont pas été remplacés. » Alors que sur l’ensemble des cancers détectés à Mayotte, un tiers des cancers dépistés sont des cancers du sein, tout reste alors à penser que la face immergée de l’iceberg pourrait être plus profonde. 

Un rattrapage des rattrapages 

Pour l’ARS, l’objectif est clair : « rattraper rapidement ce manque afin de ne pas retarder davantage la réalisation des examens et de limiter les conséquences sur la santé des femmes. » Pour cela, l’autorité sanitaire mise surtout sur une campagne de rattrapage du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus, qui pourrait être organisée dans le cadre d’Octobre Rose. Pour cet événement, des professionnels de santé venus en renfort et d’autres  mammographes pourraient être déployés pour répondre à un dépistage « de masse ».

Si cette approche s’inscrit dans une perspective de long terme, le temps perdu sans outil de diagnostic ne se rattrape pas. 

Mathilde Hangard

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