Mercredi après-midi, des élèves de première et de terminale du LPO étaient réunis pour recevoir leur prix, sur la terrasse en bois servant parfois à accueillir le public dans le cadre des repas servis par les élèves du lycée d’application. Certains s’étaient exercés aux Olympiades de mathématiques, d’autres à la Dictée francophone.
Ces Olympiades de mathématiques faisaient partie d’un concours national. Dans ce cadre, les élèves inscrits en classe de première de toutes les académies du territoire pouvaient s’inscrire à une épreuve commune à toutes les académies du territoire et à une épreuve exclusivement régionale, spécifique à chaque académie, d’une durée de deux heures chacune. Même principe pour la dictée francophone, organisée depuis vingt-trois ans, par la Fédération France-Québec de la francophonie, où les jeux olympiques et paralympiques constituaient le thème principal de cette dictée.
Pour le Recteur, ces Olympiades permettent de « jouer avec les mathématiques »
Jacques Mikulovic, Recteur de l’académie de Mayotte, a vu dans ces olympiades, une façon de « jouer avec les mathématiques ». Pour preuve, au moment de leur remettre leurs prix et diplômes, le Recteur s’est amusé face aux élèves en leur posant des devinettes, certaines faciles, d’autres comportant des pièges. « Plus on maitrise une discipline, plus on peut jouer avec elle. Ces olympiades s’inscrivent dans cette dynamique », a déclaré amusé le représentant de l’académie mahoraise.
En référence au Lycée des goûts et des saveurs, le Recteur a pris un exemple parlant devant les élèves : « C’est important en cuisine quand on fait cuire un gâteau de savoir à quelle heure je le sors du four. Par exemple, s’il est midi moins le quart et que le gâteau doit cuire pendant vingt minutes, à quelle heure devrais-je sortir le gâteau du four ? » Si certains élèves ont répondu du premier coup, d’autres ont eu plus de mal « à convertir des heures et des minutes » pour reprendre les termes du représentant académique. « En français, en mathématiques ou en culture numérique (ndlr : faisant référence à la certification Pix), les savoirs sont utilisables dans la vie de tous les jours. Par exemple, les maths servent en comptabilité, à mesurer le temps, des trajectoires… », a-t-il ajouté.
« Les copies des élèves sont très bonnes »
Mais si les élèves se sont montrés relativement timides face au Recteur, ils cachaient bien leur jeu et surtout leur talent. Florian Corlais, inspecteur régional de mathématiques, a révélé que les copies des élèves ayant participé aux Olympiades de mathématiques étaient « très bonnes ». L’inspecteur a chaleureusement félicité les élèves en soulignant : « C’est la première fois à Mayotte, que les résultats (ndlr : des olympiades de mathématiques) sont bons, voire très bons au niveau de l’académie ! » La copie du lauréat du LPO a été transmise au niveau national mais n’a malheureusement pas été retenue. « On y était presque », a déclaré l’inspecteur de mathématiques. La semaine prochaine, 15 élèves de 7 lycées seront récompensés à l’Université de Dembéni, parmi eux, un des élèves du LPO.
Comment expliquer leur réussite ?
« On voit que le travail en équipe les font réussir », confie l’inspecteur régional de mathématiques face aux bons résultats des élèves. Selon lui, « le fait de faire travailler les élèves en équipe, de les faire s’entraîner dans les clubs au sein des lycées, ils réussissent mieux. » L’inspecteur affirme qu’à la différence de la métropole, à Mayotte au sein des classes, le schéma traditionnel des élèves assis face au professeur qui se tient devant un tableau est moins prégnant dans certaines disciplines : « On a beaucoup moins cet effet tableau frontal à Mayotte qu’en hexagone. C’est un élément d’explication de leur réussite. Les élèves de Mayotte savent très bien travailler en équipe, ils sont entraînés à cela. Les exercices lors des olympiades sont aussi ludiques, donc les élèves de Mayotte sont préparés à cette approche ludique. »
Un équilibre quasi-parfait entre les participants filles et garçons
L’inspecteur régional de mathématiques, Florian Corlais, a néanmoins regretté qu’en métropole, près de 80% des participants aux olympiades de mathématiques étaient des garçons, pour seulement 20% de filles, et remarqué qu’à Mayotte, la participation des filles à des olympiades scientifiques était plus importante : « À Mayotte, on tend plutôt vers un ratio de 60% de garçons et 40% filles (…) Par rapport aux autres académies, l’équilibre filles-garçons autant sur les participants, que sur les lauréats, est bien meilleur à Mayotte. »
Des concours organisés dans un contexte local difficile
L’inspecteur a également précisé que les inscriptions à ces olympiades avaient eu lieu pendant les barrages de janvier et février 2024. L’année dernière, 730 élèves s’y étaient inscrits, contre 500 cette année. Sur les 500 inscrits, seulement 350 élèves ont composé l’épreuve régionale de mathématiques, en raison du contexte.
Mathilde Hangard
