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L’opération « Place nette à Mayotte » critiquée par l’UNICEF en interassociation

Quatre associations s’élèvent contre la perte des droits des plus vulnérables lors des opérations de sécurité menées à Mayotte. Une prise de position qu’elles devraient nuancer pour être audibles.

Comme ce fut le cas pour la première opération de Gérald Darmanin, Wuambushu, ce début de 2ème acte, baptisé « Mayotte Place nette », est dans le viseur de plusieurs associations, qui y voient « une escalade sécuritaire au détriment des populations les plus vulnérables ». L’UNICEF France, la Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde et la Cimade, jugent que les opérations de police menées ont eu « un impact dévastateur sur la situation sociale de la population de Mayotte ». A notre connaissance, c’est la seule opération nationale « Place nette » ainsi pointée du doigt par les associations.

Elles y voient la menace des droits fondamentaux des populations les plus vulnérables, et l’exacerbation des risques sanitaires et sociaux. Avec le risque de ne faire que « déplacer » le problème.

La réaction de ces associations est généralement mal perçue par la population mahoraise qui manifeste contre l’enfoncement de l’île dans la délinquance. Mais le bilan de Wuambushu n’est pas mieux perçu, avec autant, si ce n’est davantage, de violences après le départ des forces de l’ordre l’année dernière.

Alors, quelle réponse ? Une affirmation met tout le monde d’accord, « le statu quo n’est plus tenable », pour reprendre une vieille citation du président de la République. Laisser la situation en état et maintenir la porte ouverte à l’immigration clandestine saturerait un peu plus les équipements publics de Mayotte, or, les écoles n’arrivent plus à accueillir, et l’hôpital et la maternité sont saturés. Ces associations emmenées par l’UNICEF proposent « d’agir sur les causes politiques, économiques et sociales ». Pour une fois, il n’est pas explicitement mentionné l’argument facile d’un retour de Mayotte au sein de l’Union des Comores, qui nierait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et équivaudrait à se prononcer en faveur de l’abandon de l’Ukraine dans le giron de la Russie. Ce qui fait consensus, c’est la nécessité d’aider les Comores à se développer, mais malgré des milliards d’euros déversés, c’est l’immobilisme à 80km de là. La population mahoraise invite d’ailleurs régulièrement ces associations à se préoccuper du sort des comoriens avant qu’ils n’entreprennent une traversée dangereuse, voire mortelle pour leurs enfants.

« Les jeunes stigmatisés »

L’aménagement du bloc d’Algeco de logements temporaires à Hamachaka (Koungou)

De leur côté, les prises de position de l’UNICEF et consorts, souvent méprisées ici, auront eu le mérite de mettre l’accent sur le social et d’humaniser des démolitions d’habitat insalubre, en ouvrant la possibilité à la justice de bloquer les programmes lorsqu’il y avait insuffisance de relogement. Là aussi, c’est mal perçu à Mayotte, ces habitants étant arrivés irrégulièrement et occupant des parcelles de manière illégales. Pourtant, ne pas déraciner ceux qui, détenteurs d’un titre de séjour, ont une vie depuis des dizaines d’années à Mayotte est essentiel. En revanche, l’UNICEF dénonce que « moins de la moitié des personnes concernées (par les démolitions) ont eu accès à un hébergement d’urgence provisoire », en ne précisant pas qu’une partie a été reconduite à la frontière, et que l’autre a refusé le relogement, préférant être hébergée par un tiers, ou reconstruisant plus loin.

Dans un contexte de choléra, l’UNICEF critique la présence des forces de l’ordre près de points d’eau, « condamnant ainsi de nombreuses familles à boire de l’eau non sécurisée (puits, rivière, récupération d’eau de pluie) », et l’intensification « des contrôles d’identité aux abords des centres de santé et des arrestations en milieu médical qui crée une barrière supplémentaire à l’accès aux soins et une réticence des personnes en situation irrégulière à déclarer leur symptôme en cas de suspicion de cas de choléra. »

Les actes de violences perpétrés par des auteurs mineurs conduisent selon ces associations à « un discours stigmatisant envers les enfants et les jeunes (…) alors que la moitié de la population de Mayotte est composée d’enfants et que 80% d’entre eux vivent dans la grande pauvreté, il est impératif que les autorités garantissent l’accès aux droits et la protection de tous les enfants. »

Ils demandent que soient garantis : la liberté de circulation sans entraves, l’accès à une solution d’hébergement et de relogement, l’accès à l’éducation, à la santé et à un environnement sûr et protecteur. Et appellent à coconstruire « avec l’ensemble des acteurs, au niveau local et national, une vision de développement globale pour les 10 prochaines années, afin qu’il y ait une réelle égalité des droits entre le reste du territoire national et Mayotte ».

A.P-L.

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