Rappelons que lors de sa venue éclair sur fond de blocage de l’île le 27 février dernier, Marie Guévenoux avait annoncé plusieurs mesures : la prolongation de l’aide allouée pendant la crise de l’eau, et un accompagnement financier à hauteur de 15% du chiffre d’affaires plafonné à 4.000 euros versé à toutes les entreprises dont l’activité aura été impactée.
Pour les présidents de la CPME976, de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), l’Union des entreprises de proximité (U2P), de la Chambre de commerce et d’Industrie et de la Chambre d’Agriculture, le bon compte n’y est pas. Ils se disent « profondément déçus et stupéfaits par les mesures gouvernementales » présentées, et montent le ton, « vos récentes annonces donnent à penser que la réalité du terrain échappe à votre analyse ». La FMBTP n’a pas co-signé le courrier alors que le secteur a été lui aussi très impacté.
Ils expliquent avoir supportés crise sur crise, Covid, crise de l’eau et blocage de l’île, sans parler de l’insécurité qui freine les déplacements amputant une partie de leur chiffre d’affaires, « les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur des défis auxquels nous sommes confrontés au quotidien, elles engendrent le ressenti d’une forme de mépris de la part du gouvernement envers nos préoccupations assorti de l’impression d’une injustice flagrante dans le traitement de notre situation. »
Et menacent d’une frilosité à « s’engager efficacement sur le projet de la convergence sociale », qui implique un accroissement des cotisations pour les employeurs, s’ils n’en ont pas la capacité par un soutien à la hauteur.
Ils réclament une réunion de travail d’une heure au moins avec la ministre « dans les meilleurs délais » pour aborder cet accompagnement ainsi que d’autres points comme l’encadrement des taux d’octroi de mer et le renforcement des dotations des collectivités locales « pour permettre la relance économique », le placement de tout le département de Mayotte en zone franche « propre aux territoires sensibles et défavorisés », l’augmentation du fond de solidarité à 15% du chiffre d’affaires plafonné non plus à 4.000 euros mais à 20.000 euros, la suppression des pénalités et majorations sur la dette sociale sur la période 2018- février 2024, et la suspension du recouvrement forcé et mise en place d’échéanciers adaptés à chaque entreprise jusqu’à 36 mois.
Ultime menace, celle de passer d’une posture « attentive et patiente » dans l’espoir d’actions fortes « pour relancer notre économie ravagée » à celle d’actions de protestation « à l’image de celles du monde agricole ».
Un courrier signé par Ousseni Bourahima Ali, Charles-Henri Mandallaz, Fahar Madi, Mohamed Ali Hamid et Saïd Anthoumani.
A.P-L.