Plus présents que lors des mouvements précédents, les élus semblent même faire bouger les lignes. Le préfet avait communiqué de nombreuses fois le week-end dernier pour annoncer libérer toute entrave à la circulation, « aucun blocage ne sera toléré », provoquant l’ire de ceux qui se font appeler les « Forces vives » et qui reprochent justement de ne pas être protégés contre les barrages quotidiens avec agressions à la clef, de la part de délinquants. La réunion avec les conseillers départementaux ce mardi aurait porté un apaisement. « Nous avons obtenu du préfet l’arrêt des affrontements dans les barrages tenus par les collectifs », par cette phrase sur Mayotte la 1ère, Ben Issa Ousseni signifiait que les forces de l’ordre pourraient ne pas intervenir sur les points de protestation des collectifs.
Avant le président du CD, le président de l’Association des maires, Madi Madi Souf avait pris position, comme nous l’avons rapporté, en réponse au courrier du préfet qui sur 5 pages, récapitulait tous les efforts faits en termes de sécurité. Reprenant l’adage formulé notamment par le sénateur Thani Mohamed Soilihi dans nos colonnes, « la sécurité est une obligation de résultats, pas une obligation de moyens », les maires ne constatent « aucune amélioration » : « Mayotte est toujours prise en otage par les criminels qui imposent leurs lois et sèment la terreur sur l’ensemble de l’île. La protection des biens et des personnes n’est pas assurée et les caillassages des véhicules et les agressions de plus en plus violentes des usagers de la route restent le lot quotidien des Mahorais malgré la batterie de mesures de lutte que vous évoquez dans vos courriers. »
« L’Etat aurait une lecture erronée de la situation sécuritaire »
C’est aussi la 4ème vice-présidente du conseil départementale, qui envoyait ce mardi aux médias un texte revenant sur le contexte de Cavani, « la tranquillité publique n’est pas du tout assurée à Cavani. Car, de nombreux habitants du quartier ont choisis de quitter leurs maisons. Désormais, ces propriétaires sont partis louer des logements vers d’autres localités. Car, plus que jamais le voisinage autour du stade connait de multiples formes de violences : notamment des violations de leurs domiciles », demandant à l’Etat de « protéger les frontières du territoire », et sur le plan sécuritaire s’interroge, « ici, nous avons le sentiment que l’Etat aurait une lecture erronée de la situation sécuritaire chaotique de cette île : pour l’heure les décisions prises entrainent un effet de domino et favorisent à placer la population dans un niveau de dangerosité extrême. »
L’élue rappelle les conséquences d’un flux migratoire débridé : « L’aggravation de la dégradation des conditions d’accueil dans les écoles, la pression (surcharge) et baisse de la qualité des soins dans les hôpitaux, la saturation du marché de travail, l’augmentation de la pauvreté (avec des aides sociales et familiales à un niveau trop bas par rapport aux autres territoires d’Outre-mer et loin par rapport à la métropole), l’augmentation de l’insécurité dans le Département où, les routes sont les plus dangereuses de France. »
Elle demande au nom de la population, « l’institution de « l’état d’urgence » sur le territoire : « La République doit déployer les moyens appropriés pour ramener la sécurité et, pour que nous ayons les conditions favorables au développement du territoire. »
Une position qui peut fonctionner tant que la manifestation reste dans les clous, mais qui va devenir inconfortable dès lors que les « forces vives » n’obtiennent pas satisfaction et mèneront des actions extrêmes.
A.P-L.