Le territoire sis pourtant à quelques kilomètres du centre d’affaires de Kawéni, est depuis plusieurs semaines le terrain d’agressions à répétition. Nous avons relaté celle d’un enseignant qui, en rentrant de dialyse à l’hôpital à 22h la semaine dernière, a reçu une barre de fer dans la carrosserie de sa voiture, ainsi que l’agression d’un automobiliste qui a dû abandonner son véhicule immédiatement incendié.
Et les agents de la mairie de Koungou paient un lourd tribu pour passer dans cette zone absolument pas sécurisée et où chacun risque sa peau. L’un d’entre eux, coursier pour la collectivité, a également été extirpé de sa voiture samedi dernier vers 17h30, tabassé à coups de barre de fer et de chombo. « Il est blessé et en arrêt de travail », explique le DGS de la mairie Alain Manteau.
Et ce mercredi, en pleine journée, c’est le responsable qualité de la mairie qui a été violemment agressé : « en sortant de la mairie un peu avant midi, il a vu arriver des dizaines d’individus qui ont fait chuter son scooter, et lui ont asséné des coups de marteau. Ils lui ont pris son deux-roues, ses papiers, et son ordinateur ».
Depuis plusieurs mois, Koungou est devenue une zone de non-droit, où les délinquants descendent des hauteurs quotidiennement pour faire leur marché et remonter chez eux avec leur butin dans le bruit des grenades lacrymogènes. Dès 6h30 ce mercredi matin, ils étaient à Carobolé, d’où ont retenti les premières déflagrations de grenades lacrymogènes, puis à 11h, les jeunes du quartier Jamaïque en ont rajouté une couche. Des maisons auraient été brûlées à Trévani.
En réponse à ces agressions, aucune communication n’est faite. « On ne sait pas s’il y a un plan d’actions, si des mesures sont prises », déplore le DGS. En conséquence de quoi, la mairie est fermée ce jeudi 25 janvier. « Les agents seront en télétravail ».
La population a en effet besoin de relais et d’être protégée, or ce n’est plus le cas. Les passants et automobilistes sont livrés à eux-mêmes dans l’indifférence générale.
G. Attal « prochainement » à Mayotte
De son côté, le sénateur Omar Oili a interpellé le premier ministre lors des questions au gouvernement, en s’appuyant sur les tensions liées au camp de migrants, « vivant des des conditions indignes », en mettant en face l’exaspération de la population mahoraise qui « subit crise sur crise », de l’eau, de l’insécurité et des intempéries.
« Depuis lundi, les services publics sont fermés, des barrages sur les routes bloquent l’accès au travail des mahorais et perturbent les établissements scolaires. Mayotte est au bord du chaos, si des initiatives fortes ne sont pas prises très rapidement. Face à la situation explosive au cœur d’un territoire de la République quelles actions concrètes le gouvernement entend-il mener pour évacuer le camp qui s’est formé au cœur de Mamoudzou et enrayer ces flux migratoires ? »
Mais une fois le camp démantelé, la délinquance elle, reste, et maintient les habitants dans un cauchemar quotidien.
Dans sa réponse au sénateur mahorais, Gabriel Attal souligne à l’intention des collectifs que « Le démantèlement du camp doit permettre un retour un fonctionnement normal des activités ». La fermeture de la mairie de Koungou ce jour, prouve le contraire.
Seul signe encourageant que le territoire n’est pas totalement abandonné à la délinquance, le premier ministre indique se rendre « prochainement » sur place.
Anne Perzo-Lafond