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Mamoudzou

Tribunal judiciaire : Une soirée privée qui finit mal pour le videur

Six prévenus devaient comparaître mardi matin devant le tribunal correctionnel de Mamoudzou pour des faits de violence en réunion et avec arme. Seul un d’entre eux s’est présenté à l’audience et a maintenu ses déclarations antérieures faites aux enquêteurs.

Cela fait maintenant un peu plus de 7 ans que les faits se sont déroulés. Le 24 décembre 2016, alors qu’une soirée privée était organisée sur la commune de Pamandzi, minuit passé et l’alcool aidant, les esprits commencent à s’échauffer. Le videur de la soirée a reconnu une personne qu’il ne souhaite pas laisser rentrer. L’une des organisatrices de cette soirée lui demande alors de laisser rentrer l’individu en question. L’agent de sécurité (non officiel) mécontent décide alors de partir et d’arrêter le contrôle des entrées, il est alors poursuivi quelques centaines de mètres plus loin par plusieurs individus dont un qui le fait tomber à terre. Là s’ensuit un déchainement de violence avec des coups de pierre et de machette à l’égard du videur.

Malgré leur convocation devant le tribunal, cinq prévenus ne se sont pas présentés ce mardi matin

Selon les témoins présents sur place une trentaine d’individus l’auraient poursuivi. La victime s’en est sortie vivante mais avec de nombreuses blessures et des séquelles irréversibles. « Les blessures ont été faites à l’arme blanche sur la tête, les mains et les jambes, les vêtements étaient tâchés de sang. La victime a subi un traumatisme crânien, une amputation de l’auriculaire et portait des séquelles l’obligeant à se déplacer avec des béquilles. A tout cela il faut ajouter les crises d’angoisse, les insomnies et les troubles neuro cognitifs nécessitant 6 mois d’ITT », a ainsi détaillé la présidente du tribunal, Virginie Benech, à la lecture des faits.

Quelques temps après cette agression alors que la victime était au CHM, elle s’est donnée la mort en ingérant des médicaments utilisés par une personne de son entourage pour soigner le diabète. Le rapport a conclu à « une intoxication médicamenteuse volontaire mais sans rapport avec l’agression ». Par ailleurs, la victime était connue des services de police et de gendarmerie pour des faits de violence, elle faisait partie d’une bande et avait déjà séjourné à Majicavo.

« A ce moment-là, je n’étais pas là »

Durant cette soirée on apprend que la tension était montée peu à peu entre une bande qui assurait la sécurité, et des jeunes d’une autre bande qui y participaient. « Il y avait quelques coups d’épaules et des regards de travers, mais ça n’a pas été plus loin, il n’y a pas eu de problème », explique le prévenu présent à l’audience. « Deux personnes vous mettent en cause et vous incriminent, ils disent que vous avez participez à l’agression, indique la présidente. – Je ne sais pas pourquoi, à ce moment-là je n’étais pas là. J’étais avec un copain… Quand on a entendu qu’il y avait des embrouilles dehors on a attendu que ça se calme et on est partis », raconte le prévenu. On apprend également que l’un des accusés en question avait eu un différent deux semaines auparavant avec la victime et avait, semble-t-il, un compte à régler.

Le procureur, Paul Thibault, a alors pris la parole et a posé un certain nombre de questions à l’accusé sur ses déclarations faites aux enquêteurs et sur les détails de la soirée, notamment sur les armes utilisées et les protagonistes. « Je ne me souviens plus bien, monsieur, ça fait longtemps maintenant », se justifie le prévenu. L’avocat de la défense, Me Hesler, n’a pas manqué de réagir. « Essayer de piéger les gens sur des détails 7 ans après afin d’influencer le tribunal, ce n’est pas très loyal, a-t-il déclaré. D’autant plus que les autres ne sont pas venus ». Ce qui plaide en faveur du prévenu présent à l’audience, c’est que seuls deux témoins le mettent en cause sur 22 personnes auditionnées. En outre, il faisait très sombre ce soir-là, rendant quasi impossible la reconnaissance d’une personne, ce qu’ont corroboré un policier et les bulletins météo. Le procureur a ensuite pris la parole pour un long réquisitoire.

Appuyé du Guide pénal, la ou le procureur(e) qui représente le Ministère public s’assure à son échelle du déroulé cadré de chaque audience tout en faisant valoir ses recommandations de peines (®MLG)

« Ce dossier va enfin avoir une conclusion. Sept ans c’est long, mais c’est le temps de la justice. C’est une instruction criminelle, on a tranché un doigt à la victime, il avait des problèmes pour se déplacer avec un déficit permanent de 30 à 60 %, une main invalide… La victime a mis fin à ses jours puisqu’il a déclaré devant des témoins qu’il préférait mourir plutôt que de rester dans l’état où il était. Sans cette agression il serait sans doute encore vivant… Les prévenus espèrent échapper au glaive de la justice, mais aujourd’hui est un grand jour ». Après être revenu en détails sur les déclarations de chacun des prévenus et sur celle de la victime, le procureur a demandé au tribunal « d’employer le haut du spectre pour la condamnation des prévenus ».

Il a ainsi requis 4 ans de prison (2 ans ferme et deux ans avec sursis probatoire) pour le prévenu présent à l’audience, avec possibilité d’aménagement de peine ; 4 ans de prison pour trois autres de ses comparses ; 5 ans de prison pour celui qui a pourchassé la victime et l’a faite tomber ; et enfin 7 ans de prison pour l’auteur des multiples coups de machette. Tout cela assorti de mandats d’arrêt pour les prévenus absents de l’audience.

Les avocats de la défense, maître Hesler, et le bâtonnier, Yanis Souhaili, représentant trois des prévenus ont mis en évidence l’absence d’ADN retrouvée sur les armes, le peu de témoins ayant reconnu formellement leurs clients, leur casier judiciaire vierge « contrairement à celui de la victime », et enfin le fait qu’ils sont maintenant bien insérés dans la société, sept ans après les faits.

Après avoir délibéré le tribunal a prononcé une relaxe ; trois condamnations à 4 ans de prison, dont 2 ans avec sursis mise à l’épreuve avec l’obligation d’indemniser la victime (famille), et 2 ans de prison ferme, aménagés immédiatement avec un bracelet électronique ; enfin deux condamnations à 5 ans de prison ferme avec mandat d’arrêt.

B.J.

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