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Mamoudzou

Pour Safina Soula, « L’Etat est en train d’asphyxier cette île »

Ce lundi 22 janvier, alors que de nombreux barrages ont été érigés à Mayotte en protestation contre le camp de demandeurs d'asile de Cavani, nous avons pu interroger Safina Soula, porte-parole du collectif des citoyens, à sa sortie de la Préfecture de Mamoudzou. 

« Demain, nous rencontrerons le Préfet ! », s’est exclamée Safina Soula, porte-parole du collectif des citoyens, à sa sortie de la Préfecture de Mamoudzou. Depuis plusieurs semaines, le stade de Cavani est devenu un camp pour des demandeurs d’asile venus d’Afrique des grands lacs, provoquant la colère des habitants de Mayotte et cristallisant diverses tensions autour du site.

Lundi matin, de nombreux axes routiers de Mayotte étaient bloqués par des citoyens rendant quasiment impossible la circulation des habitants et des transports scolaires, notamment à Mamoudzou, Chirongui, Mramadoudou, Chiconi, Combani, Tsingoni et Dzoumogné.

La porte-parole du collectif des citoyens de Mayotte est unanime : « L’Etat est à bout de souffle, la population de Mayotte montre sa force ! »

Si Safina Soula l’affirme en disant que l’objectif « n’est pas de faire dégringoler l’économie de Mayotte« , les barrages en protestation contre le camp de Cavani doivent cependant continuer : « Les blocages doivent continuer, la pression doit être poursuivie », a déclaré la porte-parole.

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Honesty*, réfugié somalien, portant les vêtements de sa famille, dans les hauteurs du camp du stade de Cavani, (archives/@Mathildehangard)

En effet, l’annonce du démantèlement du camp de Cavani par le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le 17 janvier dernier, suscite de grandes interrogations au sein du collectif des citoyens. A sa sortie de la Préfecture, Safina Soula a déclaré « qu’environ 40 personnes vivant sur le camp allaient être régularisées, sur les 700 réfugiés présents. »

La porte-parole a livré sa grande inquiétude sur la manière dont allait être démantelé ce camp et l’avenir des personnes qui s’y trouvent : « Démanteler pour démanteler n’a aucun sens (…) Où vont aller les personnes qui ne seront pas régularisées ? Comment peut-on accueillir des réfugiés à Mayotte alors qu’il n’y pas assez d’hébergements sociaux pour des français ? Pas assez de places à l’école pour nos enfants ? L’hôpital est saturé et fonctionne grâce à des renforts ! Les services publics sont saturés (…) Est-qu’on veut asphyxier cette île ? On veut détruire Mayotte ou quoi ? »

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Le grillage du stade de Cavani, servant d’étendoir pour les vêtements des réfugiés du camp de Cavani (archives/@Mathildehangard)

Salima Soula craint que les demandeurs d’asile n’ayant pas obtenu de régularisation auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (Ofpra) ou de la Cour Nationale du Droit d’Asile (CNDA), soient laissés « dans la nature à Mayotte, sans avenir (…) ne sachant s’ils sont des victimes ou des criminels » et demande à l’Etat « d’affréter un avion pour ramener ces personnes en Afrique, des pays où ils viennent ou en métropole, mais pas à Mayotte, où la situation est déjà très difficile au quotidien pour les mahorais ».

Lors d’un rassemblement du collectif et de nombreux citoyens de Mayotte dimanche 21 janvier devant le stade de Cavani, la manifestation a bien failli tourner au vinaigre : « La population est très en colère, Mayotte est devenue invivable, nous sommes à l’aube d’une guerre civile ou communautaire ! » a déclaré la porte-parole du collectif.

Le collectif de citoyens « implore l’Etat d’installer à Mayotte un état d’urgence« , avant que « Mayotte ne se dirige vers une guerre civile ou communautaire » pour reprendre les mots de Safina Soula.

La porte-parole du collectif de citoyens déclare que cette semaine sera « très décisive » avec une rencontre avec le Préfet de Mayotte dès mardi 23 janvier, puis avec plusieurs maires et des représentants du Conseil départemental.

D’ici là, prévient Safina Soula, des perturbations doivent être attendues sur les routes et aux entrées des institutions de l’Etat, jusqu’à ce que l’Etat « assume ses responsabilités » à propos de ce camp.

Mathilde Hangard 

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