Là où les raccourcis de mauvaises augures pourraient tristement faire résonner jeunesse, temps libre et vacances avec délinquance, il n’en est rien pour la direction du Ccas de la commune de Chirongui qui, comme à chaque fois où le calendrier se veut chômé, oeuvre pour accueillir quasiment tous les jours la tranche d’âge des tout-petits jusqu’aux adolescents. Une organisation millimétrée, toujours répartie à minima sur 3 lieux d’activités, où près de 250 enfants se sont vus défiler depuis le 18 décembre dernier, encadrés par une trentaine d’animateurs.
On plonge dans le grand bain !
Du moins, dans le lagon et ce, au sens propre du terme. Cette aquatique approche, c’était une des volontés d’Ambouharia Abdou, directrice du Ccas, pour marquer cette amorce du calendrier des fêtes de fin d’année et offrir à la grande majorité de nos chérubins, une initiation à la natation : « Se familiariser avec l’eau, amoindrir finalement cette phobie, c’est quelque chose d’extrêmement important pour nous, insulaires que nous sommes. Les accidents sont encore bien trop nombreux et introduire depuis tout jeune l’enfant à ce milieu, c’est quelque part prévenir les potentiels risques. Alors oui, ça n’est pas en une séance que tout le monde va savoir nager mais c’est déjà une grande avancée; nous même adultes encadrants, pour la plupart, nous ne savons pas nager ». Pendant une semaine, un maitre nageur sauveteur a donc pris en charge l’activité sur les rives de Tahiti plage et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il fut question d’un véritable succès à en juger les demandes à la fois des enfants mais aussi de leurs parents. Un succès qui se veut donc déjà dans l’idée d’être plus amplement renouvelé.
On se mélange, on échange et on s’améliore
Cette mixité et ce sain brassage, là aussi c’est une volonté conscientisée du vivre ensemble et du progrès obtenu grâce au soutien commun et à la complémentarité. En effet, durant ces presque 3 semaines, estampillées Vacances en folie 2023, les enfants inscrits en Programme réussite éducative (PRE) se sont totalement mélangés aux autres, bénéficiant ainsi d’activités et d’ateliers portant à la fois sur l’artistique mais aussi la lecture et l’aide aux devoirs. En somme, loisirs et ludique peut aussi rimer avec apprentissage et perfectionnement. Et cette formule un peu plus posée plait également, aux dires de Kassyane, 14 ans : « Chez moi j’ai pas trop la possibilité de lire et là au moins j’ai du choix, j’ai le temps, c’est calme et je pratique ». Comptabilisant une quarantaine de jeunes suivis individuellement à l’année par 2 référantes et un coordinateur, ce service rattaché au Ccas permet de définir et mieux appréhender les freins relatifs à la prise de retard d’un jeune en milieu éducatif. Ce ciblage, bien souvent fait à même les établissements, bénéficie par la suite d’une prise de contact initiale et d’une visite directement à domicile notamment par l’une des référantes en question telle qu’Issilamia, à ce poste depuis près de 3 ans :
« Les difficultés scolaires sont encore un sujet tabou ici. Oui bien sur, il y a des profils de primo-arrivants dont le français n’est pas la langue maternelle mais paradoxalement, ce sont principalement les familles mahoraises qui sont retissantes et qui ne veulent pas que cela se sache car la réputation et le regard des autres sont trop importants. Mon rôle c’est de démystifier tout cela, avant tout au profit de l’enfant, et ma plus belle récompense, c’est lorsque ces jeunes sortent du protocole après un vrai travail global de remise à niveau et d’accompagnement et qu’ils viennent spontanément me saluer dans la rue avec un grand sourire. Je vois dans leurs yeux de la reconnaissance et cela est gratifiant ». Durant ce mercredi matin, au sein de la salle de réunion de la MVVA de Poroani, au beau milieu des feuilles, des crayons et feutres de toutes les couleurs, ainsi que des magnifiques livres mis à disposition, l’ambiance était donc agréablement sereine pour que chacun puisse y trouver son singulier et studieux plaisir; de quoi se mettre en intelligente pré-condition à quelques jours de la prochaine rentrée.
Contenus pédagogiques, découvertes, activités sportives, pratiques, de nature et de terrain, le combo s’est voulu, comme à l’accoutumé, parfait. Volet sécuritaire amplement anticipé pour encadrer tout cela : « Lorsque les parents nous confient leurs enfants, c’est comme s’il s’agissait des nôtres. Rien n’est laissé au hasard, c’est juste indispensable et c’est cette organisation qui fait ses preuves, d’année en année, nous permettant ainsi de gagner la confiance de tous, sachant que les demandes d’inscriptions sont de plus en plus nombreuses » nous confie la super et dynamique directrice du Ccas qui, malgré la légitime fatigue palpable et le dense calendrier 2023 franchement achevé et l’année 2024 à peine amorcée, se veut déjà en planification du programme qui sera proposé lors des futures vacances, en ce proche mois de février.
Il n’y a pas à dire, faire des enfants c’est une noble chose mais s’occuper de ceux des autres, c’est prodigieusement exceptionnel ! Rien que pour tout cela : MERCI.
MLG