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jeudi 16 janvier 2025

Délinquance : quand la peur se relaie aussi sur les réseaux sociaux

Comme partout à notre époque, les réseaux sociaux font partie intégrante de la vie mahoraise. Les délinquants y annoncent désormais leurs méfaits pour braver les forces de l’ordre, mais beaucoup de fake news y circulent également, semant parfois inutilement la terreur chez les internautes.

Cette affiche désignant grossièrement l’assassin du jeune homme tué par balles le 9 décembre dernier a été largement diffusée sur les réseaux, obligeant les autorités à expliquer qu’il s’agissait d’une fake news.

« Il y a eu un meurtre hier soir à Kaweni et les journalistes n’en parlent pas ! », nous a-t-on rapporté le lendemain d’une énième scène de violences entre bandes rivales dans ce secteur. Pour preuve de ses dires, la personne nous envoie la fameuse vidéo de l’agression à l’arme blanche d’un jeune homme portant un short bleu dans la brousse. Vidéo qui est très vite devenue virale à Mayotte à tel point que la gendarmerie a dû faire une mise au point sur sa propre page Facebook : « Cette vidéo datant de 2018 a été publiée sur un site brésilien. Elle n’a aucun lien avec les faits constatés à Mayotte. Le présent communiqué est établi sur autorisation de monsieur le procureur de la République à Mamoudzou, qui a saisi pour enquête la section de recherche, suite à la publication locale de ladite vidéo ». Une fake news donc, mais qui a eu le temps de terroriser la toile mahoraise. Citons également la photo sur laquelle figurait un jeune portant un fusil et qui prétendait représenter le meurtrier de l’adolescent assassiné par balles le 9 décembre dernier. Or, les forces de l’ordre ont déclaré qu’aucun des jeunes représentés n’était connu sur l’île et qu’en outre, l’arme ne correspondait pas à celle effectivement utilisée.

Une vidéo censée avoir été prise à Mayotte et montrant des jeunes tirer avec des armes à feu circule sur Tik-tok.

Et ce ne sont là que deux exemples des fausses informations qui circulent. Dans quel but ? « Il y a trop d’esprits légers sur internet qui n’ont trouvé que ce moyen pour se sentir exister », lâche le colonel Casties de la gendarmerie, exaspéré par ce surcroît de travail que génère ces fausses informations. « Nous surveillons bien sûr les réseaux et nous sommes obligés de démentir des informations qui émanent parfois de personnes importantes dans la société », révèle-t-il encore. Mais il arrive également que de véritables informations soient diffusées sur ces réseaux car les délinquants s’amusent désormais à y annoncer leurs futurs méfaits.

Les nouveaux « modes de communication » des délinquants

Snapchat, Tik-tok, instagram, ces 3 réseaux, qui ont le vent en poupe chez les jeunes générations, sont aussi l’endroit où sont relayés tantôt des « affiches » annonçant les futurs affrontements entre bandes rivales, tantôt des clips de rap aux paroles violentes, dans lesquels les jeunes se filment machettes aux poings. Actuellement, une vidéo montrant des jeunes tirer en l’air à l’arme à feu est relayée sur Tik-tok sous le hashtag « Kaweni ». « Il y a bien sûr des informations à exploiter pour nous sur les réseaux et, à chaque fois que des violences sont annoncées, nous déployons un dispositif pour les contrer. Mais il n’y a pas 10 agressions pour 10 signaux envoyés », affirme le colonel Casties pour qui ces annonces sont « des bravades à l’encontre des forces de l’ordre ». Internet sert en effet d’exutoire pour beaucoup de délinquants. « Ils croient être anonyme mais personne n’est anonyme sur internet et on retrouve toujours les personnes qui postent des messages violents sur les réseaux », poursuit le colonel de gendarmerie.

Sur Instagram, les « Watoro » et les « Terroristes », les 2 principales bandes rivales de Mayotte, comptent les points…

Il semblerait en tout cas que les délinquants utilisent de plus en plus les réseaux pour terroriser la population et acquérir, pour certains, une forme de sombre « notoriété ». Ajoutez à cela les sinistres farceurs qui s’amusent à diffuser de fausses informations sur les violences urbaines et vous obtiendrez un superbe cocktail de « peur dématérialisée ». A consommer avec modération donc !

N.G

 

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