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L’approvisionnement de Mayotte va-t-il être impacté par les récents incidents qui ont eu lieu en mer Rouge ?

Depuis ce week-end plusieurs armateurs ont annoncé suspendre leurs liaisons maritimes passant par la mer Rouge à cause des attaques menées par les rebelles Houthis présents au Yémen. Cette zone du monde représente un enjeu éminemment stratégique pour les grandes puissances puisque 40% du commerce mondial transite par ce passage maritime.

Cela fait maintenant plusieurs semaines que les rebelles Houthis au Yémen, soutenus par l’Iran, attaquent de nombreux navires passant par la mer Rouge et plus particulièrement par le détroit stratégique de Bab al Mandeb.  Les rebelles font cela en réponse à l’attaque par Israël de la bande de Gaza.

Derniers incidents en date, ce week-end, quand un porte-conteneurs de la compagnie MSC, le Palatium III, a été attaqué. Dans un communiqué l’entreprise annonce qu’elle ne transitera plus par la mer Rouge et le Canal de Suez. « Face à cet incident et en vue de protéger la vie et la sécurité de nos marins, les transports MSC ne transiterons plus par le Canal de Suez et la mer Rouge et ce jusqu’à ce que le passage soit sûr. D’ores et déjà des services seront déroutés vers le Cap de Bonne-Espérance ».

Par ailleurs, comme l’ont rapporté nos confrères du journal La Tribune, « Un destroyer américain opérant en mer Rouge a abattu, samedi, 14 drones lancés depuis des zones du Yémen contrôlées par les Houthis ». Si le contexte géopolitique continue de se dégrader dans la région, il va falloir peut-être s’attendre à ce que les navires mettent plus de temps à arriver… Comme le souligne la chercheuse américaine Noam Raydan, du Washington institute dans une note datant du 7 décembre et reprise par nos confrères : « Cette autoroute de la mer reliant la Méditerranée à l’océan Indien, sur laquelle circulent chaque année quelque 20.000 navires, est une zone géopolitique et commerciale majeure. Pour éviter la mer Rouge, des navires contournent l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance, rallongeant leur voyage de deux semaines ».

Le transport maritime mondial risque d’être impacté par les incidents en mer rouge

D’autres compagnies maritimes ont également indiqué que leurs navires ne passeraient plus par cette route, c’est le cas de Maersk et d’Hapag-Lloyd, ainsi que de l’armateur français CMA CGM qui a expliqué dans un communiqué, en date du 16 décembre, que la compagnie prenait la même décision que ses concurrents : « Nous avons pris ces derniers jours des mesures de prévention accrues pour assurer la sécurité de nos navires et de leurs équipages navigants dans ces eaux. La situation continue de se détériorer et les inquiétudes en matière de sécurité augmentent. Nous avons donc décidé d’ordonner à tous les porte-conteneurs de CMA CGM dans la région qui doivent passer par la mer Rouge de rejoindre des zones sûres et d’interrompre leur voyage dans des eaux sûres, avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre. CMA CGM prend toutes les mesures nécessaires pour préserver ses services de transport pour ses clients ».

Une zone géographique sous tensions

Comme le rappelle le géographe et chercheur, spécialiste du Yémen, Roman Stadnicki de l’université de Tours que nous avons contacté, « Les Houthis sont des opposants politiques et ont été plusieurs fois en conflit avec le Gouvernement yéménite. Lors du Printemps arabe ils ont réussi à prendre Sanaa, la capitale. Ils sont de confession chiites (zaydites) et que bien que s’opposant d’abord au Gouvernement yéménite, ils se sont montrés, dès leur formation, très hostiles envers Israël et les États-Unis. Ils ont par ailleurs résisté à l’intervention militaire de l’Arabie saoudite et ont le soutien de l’Iran mais aussi du Hezbollah au Liban. En contrôlant le Nord du Yémen ils ont accès à une voie maritime stratégique. C’est effectivement très préoccupant car toute la Région s’inquiète de possibles blocages de l’approvisionnement en pétrole ou autres ».

Le Yémen se situe dans une zone stratégique du transport maritime mondial

Aussi, la plupart des pays ont appelé à un retour au calme dans cette région du monde afin de ne pas rajouter de l’huile sur le feu, à l’image de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock : « Les attaques des Houthis contre des navires marchands civils en mer Rouge doivent s’arrêter immédiatement », a-t-elle déclaré. En outre, le Royaume-Uni avait annoncé fin novembre l’envoi du navire de guerre HMS Diamond dans le Golfe pour répondre à des « préoccupations croissantes sur la sécurité des routes commerciales maritimes dans la zone ». De son côté, la Chambre internationale de la marine marchande (ICS) a appelé « les États ayant une influence dans la région à s’efforcer de toute urgence de mettre un terme aux actions des Houthis qui attaquent les marins et les navires marchands, et de désamorcer ce qui constitue désormais une menace extrêmement grave pour le commerce international ».

Enfin, d’après l’agence de presse Reuters, « Seuls 55 navires ont été déroutés depuis le 19 novembre et plus de 2.000 bateaux ont ainsi été en mesure de traverser le canal sur la même période ». L’agence a aussi indiqué dans une dépêche, la semaine dernière, que les primes de risque de guerre avaient bondi pour atteindre 0,15 % à 0,2 % de la valeur d’un navire, contre 0,07 % la semaine précédente. A l’arrivée le surcoût s’élèverait, toujours selon Reuters, à « plusieurs milliers de dollars pour un voyage de sept jours ».

B.J.

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