Si l’opération menée ce mercredi n’a pas d’enjeu stratégique en comparaison de celle menée par le préfet à la rivière Bouyouni qui abreuve une usine de potabilisation, le Bureau de Gestion de l’Eau au sein de la Direction de la Transition écologique et énergétique (DTEE) du Département justifie l’action par des « détournements d’eau ininterrompus », qui la mettent à sec en aval « en zone urbanisée ». On pourrait penser que ce prélèvement en amont évite que l’eau ne se perde ensuite lorsqu’elle arrive en ville, mais tout cela doit être encadré par les autorités, nous explique Zouhourya Mouayad Ben, conseillère départementale de Mtsamboro, à l’initiative de l’opération menée sur son canton.
Elle nous explique sa démarche : « Il y a quelques mois, j’ai été saisie par l’association Acoua Tani Madiou qui œuvre dans la protection des espaces naturels de la commune, sur des barrages entravant le débit de la rivière Mroni Popo. Lors d’une visite avec les services de la mairie nous nous sommes aperçus de l’installation de micro barrages et de la présence d’une dalle de prière dans le lit de la rivière. » Spectaculaire en effet de voir cet aménagement empiétant sur le débit.
Le directeur du Bureau de Gestion de l’Eau du Département fait également état d’une « source pérenne alimentant la rivière entièrement emmurée et captée. »
Équipés de barres à mines et de masses, et sécurisés par la présence de la police municipale de la commune de Acoua, les agents du Département ont donc procédé à la démolition totale des ouvrages maçonnés et à la confiscation d’une centaine de mètres de tuyaux qui acheminaient cette eau vers des cases en tôle.
D’autres opérations à suivre
Lors de l’opération menée par le préfet sur la rivière Bouyouni, information avait été donnée auparavant aux bénéficiaires du détournement de la rivière, de la destruction de leur installation. Il faudra sans doute que pour les futures actions, les agents du CD fassent de même car Zouhourya Mouayad Ben évoquait de possibles réactions virulentes de la part des auteurs des prélèvements sauvages, « on espère qu’ils ne vont pas monter la tête de leurs enfants pour qu’ils mènent des représailles ».
Si l’élue indique avoir informé le représentant de l’Etat de l’opération, « Thierry Suquet a salué l’initiative », un travail en concertation est sans doute indispensable, « nous avons contacté les services de l’ARS qui semble mener une action sur cette zone, pour une opération concertée, mais nous n’avons pas eu d’écho ».
C’est pourtant le cas pour les démolitions de captages menées par la préfecture, indique le Bureau de Gestion de l’Eau, mais qui « concernent essentiellement des rivières à enjeux eau potable », ce qui incite sans doute les acteurs à se mobiliser en masse.
Pour ces cours d’eau secondaires, un travail doit donc être fait pour contacter les propriétaires de ces installations sauvages, particulièrement s’il s’agit d’agriculteurs, et organiser formellement les prélèvements. D’autant que si Mroni Popo a bénéficié d’une grande première, le Département indique être « bien décidé à veiller au respect de l’intégrité de l’ensemble des rivières de Mayotte, qu’il s’agisse de l’eau qui y circule, comme des constructions illégales dans les lits mineurs ». Sous réserve de la même mobilisation de leurs élus.
A.P-L.