Même s’il a pas mal plu ce week-end, commençons par ce qui nous intéresse le plus motivé par l’urgence, l’arrivée de la saison des pluies. Elle avait été envisagée pour mi-novembre, elle se décale désormais à janvier, car comme sœur Anne, personne ne voit arriver à l’horizon le fameux Talweg de mousson ou Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT), qui marque le début de la saison de pluies, informe Céline Jauffret, directrice interrégionale de Météo France : « Depuis mi-novembre, nous sommes en intersaison avec des précipitations qui peuvent atteindre des forts cumuls par endroit. » Ce fut le cas ces jeudi et vendredi, qui font de ce novembre 2023 un mois à 87% de la normale en pluviométrie, si ce n’est plus, quand les dernières stats auront été réévaluées. « Nous allons nous maintenir comme ça jusqu’à Noël, avec néanmoins des passages pluvieux significatifs. »
Évidemment, ce ne sont pas des horaires SNCF, seulement des tendances, avec leur marge d’erreur. « Nous prévoyons une saison des pluies s’installant courant janvier », donc assez tardive par rapport à la moyenne, « mais nous ne sommes pas pessimistes en pluviométrie pour décembre », complète Floriane Ben Hassen, directrice territoriale de Météo France. Les tendances de saison seront recalculées dans 15 jours, « nous espérons une pluviométrie supérieure à la normale sur les trois mois de la saison des pluies. » Donc pas encore de kashkazi (mousson qui amène le vent de Nord-Ouest), mais des pluies et des orages. La différence avec une saison des pluies, c’est que les phénomènes sont très localisés, « sur la journée de jeudi, il est tombé 80mm à Boueni, mais rien ailleurs ! » Quand même pas de quoi vouloir y installer une retenue collinaire, le Sud est normalement moins arrosé que le Nord.
Nouveau sens de circulation pour les cyclones
A partir du moment où la saison cyclonique va se déclencher, donc en janvier, que nous réserve-t-elle ? Céline Jauffret voit beaucoup moins de cyclones : « Le risque de cyclogenèse est moins prononcé que les années précédentes en raison d’une combinaison entre la configuration atmosphérique marquée par la présence d’El Niño sur le Pacifique et du dipôle de l’océan Indien qui nous est favorable, et qui décroit d’intensité », comme toujours en fin de saison intermédiaire. Donc environ 20% de cyclones en moins, pour mémoire, 9 s’étaient formés en 2022, dont 6 avaient évolué en cyclone tropicaux.
Et décidément, cette année ne fera rien comme les autres jusqu’au bout puisqu’ils vont circuler non pas d’Est en Ouest comme la majorité des cyclones les années précédentes, avec la Grande Ile qui nous fait paravent, « ils vont se diriger vers le Sud, voir le Sud-Est ». C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Cela va enfin épargner Madagascar qui a beaucoup souffert l’année dernière avec Freddy qui avait aussi ravagé une partie du Mozambique, et donc également s’éloigner de notre île, mais on l’espère, pas trop loin, car ce sont ces systèmes qui apportent de la pluie. « Cela ne veut pas dire que Mayotte sera totalement épargnée, il suffit d’un cyclone pour que les dommages soient irréparables. »
C’est là que sera activé le dispositif FR ALERT, pensé pour avertir le plus grand nombre et le plus rapidement possible. Déployé sur l’ensemble du territoire national depuis le mois de juin, le dispositif permet de prévenir en temps réel toute personne détentrice d’un téléphone portable de sa présence dans une zone de danger.
Enfin, nous avons interrogé les deux directrices sur la température élevée de l’eau de mer actuellement, qui pourrait être un facteur de formation de dépression par évaporation, « il faut d’autres conditions comme la configuration atmosphérique dont je parlais et la descente de talweg de mousson ».
Scrutons la carte donc en guettant la descente vers le Sud de cette barre de ZCIT qui, comme le départ à l’autostart des courses de chevaux, va lâcher la bride aux précipitations.
Anne Perzo-Lafond