Il est certain que si nous devions dresser à l’instant T un bilan des premières idées que le tout venant se fait de Mayotte, on tablerait plus sur de fatalistes thématiques relevant de la violence, de l’insécurité, des déserts hydrique, sanitaire et même éducationnel…Bref, la carte postale du lagon ne peut se suffire à elle seule et ça, fort heureusement, nos politiques locaux l’ont bien conscientisé et la dynamique plurilatérale impulsée notamment en zone centre Ouest en est le parfait exemple en matière de projets de Recherche, d’Innovation, d’Enseignement technique, d’approche respectueuse de l’Environnement et de valorisation de la Biodiversité française qui, rappelons-le, est offerte à 80% par les territoires Outre-mer.
Un territoire comme le notre, riche d’une luxuriante botanique des plus diversifiées, comptabilisant 700 espèces indigènes dont 48 endémiques. Une richesse que les discrets mais ô combien actifs et talentueux scientifiques, entres autres, Faoulia Mohamadi et Thomas Vignaud ont su rapidement cerner, donnant impulsion à ce projet de laboratoires locaux – PI2M qui avait justement été dévoilé et inauguré en mars 2023.
Vive le PIOM !
Rien à voir avec l’approche somnifère du pavot, il est ici question de l’acronyme du Plan innovation Outre-mer dans le cadre de France 2030, dont l’appel à projet a justement été décroché par la branche ingénierie du Pôle Recherche du PI2M. Une position de lauréat ayant offert la coquette somme d’un million cinq cent quinze mille euros (1 515 000 €). Aide précieuse vouée à être investie dans du matériel pour étoffer les équipements d’analyse des 2 laboratoires, mais également sur le plan humain et la pérennisation d’acteurs scientifiques armant ces laboratoires justement et s’inscrivant indirectement dans un grand tout : « Le PER n’est qu’une pierre parmi tant d’autres. Nous parlons de développement, de construction d’un écosystème de la Recherche et de l’Innovation, avec des projets structurants qui sont mis en place. On va inaugurer incessamment sous peu la Technopole de Mayotte, le Multilab est aussi dans les starting-blocks, donc ce qui conviendrait de faire, c’est de former des hommes et femmes qui vont occuper ses structures là et porter ces projets. Il faut des étudiants ayant sur zone des référents. Le but n’est pas de faire des coquilles vides mais d’avoir une vision holistique étalée dans le temps de ce qu’on souhaite mettre en place à Mayotte » précise Faoulia Mohamadi.
D’ici la proche amorce 2024, il sera dans un premier temps question de l’embauche d’un chercheur spécialisé en chimie organique, d’un technicien de laboratoire, d’un chargé de projet mais aussi d’un doctorant.
La Cosmétopée, une formidable opportunité
En plus de la présence gouvernementale représentée en la personne de Philippe Vigier, il fut également question d’un invité de marque, et acteur stratégique pour le développement économique vert et bleu de Mayotte, qu’est Christophe Masson, directeur général de Cosmetic Valley. Pour faire court, Comestic Valley c’est une organisation reconnue par la Direction générale des entreprises du Ministère de l’Économie et des Finances, qui accompagne l’expansion économique, particulièrement des territoires ultramarins, en matière de parfumerie-cosmétique et ce, à échelle internationale. Véritable gage de qualité et d’excellence, Cosmetic Valley a notamment, par son habilitation nationale, labellisé le projet PI2M aspirant à développer sa filière 100% mahoraise en matière de produits cosmétiques de luxe. La Cosmétopée se base sur les ressources naturelles visant à être utilisées pour le bien-être de la peau et des cheveux.
Proche cousine de la Pharmacopée, c’est un marché qui pèse tout de même 600 millards dans le Monde et l’approche structurante de Cosmetic Valley se base sur 4 piliers majeurs que sont la Conservation du patrimoine, la Recherche scientifique, la Transmission de savoir, notamment en terme de Biodiversité et enfin, le Développement économique via un entreprenariat local visant un rayonnement international. Et niveau potentialité, on ne le répétera jamais assez, Mayotte suscite la convoitise et laisse même un peu bouche bée aux dires du DG de l’organisation précitée, après un rapide aperçu des jardins du Pôle d’excellence rural de Coconi : « Je suis vraiment impressionné par la visite que nous venons de faire et les perspectives qu’offrent le PI2M (…) Aujourd’hui le consommateur il attend quoi ? De la naturalité, avec cette dynamique de retour aux sources, de la qualité, de la sécurité, de l’authenticité et de la traçabilité… Tout ça, c’est plus facile à dire qu’à faire, ce sont de vrais enjeux avec un gros travail de fond pour atteindre ce marché ultra concurrentiel mais cela en vaut la peine, c’est pour cela que nous avons labellisé le PI2M; nous croyons en la Cosmétopée mahoraise et ce programme ambitieux ».
« Un Pôle de compétitivité mondiale »
C’est en ces termes que le ministre Philippe Vigier énumère le projet en question soulignant que cela est une très bonne nouvelle pour le territoire de Mayotte. S’adressant aux convives partenaires en présence, plus ou moins indirectement impliqués : « Rendez-vous compte, par cette labellisation vous entrez dans la cour des grands ! Il faut croire en son avenir, en ses chances, en sa potentialité, en votre capacité à fédérer. Toute cette chaine vise l’Excellence et soyez certains que je ferai le nécessaire pour que vous soyez les premiers de la classe. France 2030, ce sont au total 55 milliards d’euros. Jamais on avait mis autant d’argent pour stimuler la croissance mais la compétition fait rage et elle est mondiale. Ce sont les territoires qui ont le plus de potentialité qui gagneront demain cette compétition. Aujourd’hui vous bénéficiez des ces 1,5 millions d’euros mais on ne s’arrêtera pas là pour vous aider (…) Ici on a des potentialités en matière de plantes médicinales, de plantes aromatiques, en matière d’Economie bleue avec un centre qui permettra par immersion d’aller développer des écosystèmes en lien avec l’Aquaculture et trouver des solutions pour les sites coralliens; cela veut dire qu’il y a un potentiel de développement économique, de création d’emploi, de formation et d’Innovation. Les territoires ultramarins sont-ils attractifs ? Vous en avez ici l’illustration. Peut-on proposer à des jeunes de rester ici ? Bien sur et même s’ils vont se former dans la région ou en Hexagone, ils auront ensuite ici des opportunités et une vie qu’ils pourront assumer dans les meilleures conditions du monde… »
MLG