Andry Rajoelina promettait des élections transparentes « dans les règles de l’art ». Le rapport de l’observatoire Safidy vient assombrir le tableau. L’association malgache, qui se dit apolitique et financée par l’Union européenne, a observé le déroulement de la campagne en déployant 5000 observateurs dans 880 communes réparties dans la quasi-totalité des régions.
Et les remontées du terrain mettent en lumière des « mauvaises pratiques électorales » en faveur du candidat numéro 3. Des distributions de sommes d’argent aurait été observées. 30.000 ariarys (environ 6 euros) auraient été donnés à des ménages, tandis qu’un versement de 100.000 ariarys (environ 20 euros) par mois leur aurait été promis en échange d’intégrer le parti présidentiel et sous réserve de réélection de leur candidat.
Des observateurs visés par des menaces
L’observatoire déclare détenir des preuves matérielles, mais il refuse de les diffuser pour l’heure. Le sujet est sensible, l’association protège ses observateurs. Certains d’entre eux auraient fait l’objet de menaces et d’intimidations par des membres de bureaux de vote et des autorités locales.
Toutefois, des photos et vidéos montrant des foules de personnes circulent sur les réseaux sociaux. Des internautes affirment qu’il s’agit d’électeurs du candidat numéro 3 venus réclamer leur dû, des images que nous n’avons pas encore pu authentifier.
Des pratiques non répréhensibles par la loi
« Ces pratiques ne constituent pas une infraction devant la loi, mais c’est un des facteurs déterminant de la sincérité du scrutin », note Carinah Ranaivojaonina, membre de Safidy. Le problème est donc plus éthique que pénal. Les membres de l’observatoire précisent tout de même que l’achat de voix est courant à Madagascar et concerne probablement d’autres candidats.
Déjà interrogée sur un rapport de Transparency international Initiative Madagascar, pointant des suspicions de corruption électorale estimée à plus de 46 milliards d’ariarys (9,3 millions d’euros), Lalatiana Rakotondrazafy, l’une des communicantes du parti présidentiel, dénonce des « rapports truffés d’a priori ». Les observations de Safidy se poursuivent. L’association adressera ses conclusions à la Haute cour constitutionnelle.
De notre correspondant Ivan Rakotovao