Quelle organisation avez-vous prévue pour faire face à l’afflux de bouteilles en plastique engendré par la crise de l’eau ?
Philippe Moccand : Tout d’abord, il faut que vous sachiez que Citeo est pleinement mobilisé pour réduire l’impact des bouteilles en plastiques sur l’environnement mahorais tout au long de cette crise de l’eau. Nous travaillons avec les CCAS pour que toutes les bouteilles distribuées soient ramenées une fois vides sur les sites de distribution. Nous allons ensuite les stocker sur un « site de stockage tampon » mis à notre disposition par le conseil départemental pour assurer la fluidité logistique des opérations. L’ensemble des bouteilles sera ensuite exporté vers l’hexagone pour recyclage.
D’accord, mais cet afflux de bouteilles ne concerne pas seulement les distributions gratuites, mais également la consommation dans les foyers. Savez-vous par combien la consommation de bouteilles plastique a-t-elle augmenté depuis le début de la crise et avez-vous prévu une augmentation de la collecte des Tri-O en fonction ?
Philippe Moccand : Nous ne possédons pas ce chiffre, mais nous avons augmenté la fréquence de collecte des Tri-O au cours de ces dernières semaines via notre prestataire Star Urahafu, notamment sur les sites de Tri-O les plus utilisés. Nous avons également commandé des bennes supplémentaires pour faire face à l’afflux de bouteilles si les Tri-O ne suffisent plus. Nous continuons de toute façon à densifier le réseau. Il y a actuellement 228 Tri-O sur l’île et notre objectif est d’arriver à 350 en 2024. Par ailleurs, nous avons décidé de poser dorénavant des colonnes métalliques, moins facilement dégradables que les Tri-O actuels.
Les habitants se plaignent pourtant de plus en plus que les Tri-O soient régulièrement pleins, rendant le tri difficile et nous constatons de plus en plus de dépôts en dehors des Tri-O en cette période de crise de l’eau…
Philippe Moccand : Je partage ce constat et nous travaillons à trouver une solution pour améliorer le dispositif et éviter les dépôts eu pied de la borne, mais malheureusement cela ne se fait pas du jour au lendemain. Nous avons déployé un plan d’action en début d’année, mais au vu de l’augmentation de la consommation des bouteilles, nous sommes en train de le revoir. Les services de l’Etat nous ont sollicité fin août pour trouver une solution pour réduire l’impact environnemental de la distribution de bouteilles en plastique. En parallèle, nous augmentons la fréquence des collectes et renforçons notre communication auprès des Mahorais pour leur faire comprendre l’importance du geste de tri sur l’île. Cette crise de l’eau est toutefois un évènement exceptionnel et nous espérons que Mayotte en sortira rapidement ! En attendant, nous assumerons tous les coûts supplémentaires engendrés par cette crise.
Existe-il une « carte des Tri-O » pour trouver la borne la plus près de chez soi ?
Philippe Moccand : Il n’y a pas de carte, mais nous avons en revanche créé une application nommée « le guide du tri », téléchargeable sur Play-store et Apple-store. Les Mahorais y trouveront non seulement les bornes les plus proches, mais aussi celles qui ne débordent pas ainsi que des indications sur les emballages recyclables ou non-recyclables. En bref, tout ce qui peut aider à effectuer le tri correctement ! Cette application existe en réalité depuis trois ans et nous prenons conscience de l’importance de renforcer notre communication autour de cet outil à Mayotte, encore trop peu connu et utilisé.
Propos recueillis par Nora Godeau