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Insécurité : La commune de Sada en proie à une nuit de violence lundi dernier

Dans la soirée de lundi 16 octobre et jusqu’à environ trois heures du matin, la ville de Sada a connu des violences et de graves incidents provoqués par plusieurs dizaines de jeunes. En dépit de l’intervention rapide des gendarmes, le bilan est d’une trentaine de véhicules incendiés ou saccagés, de nombreux dégâts matériels, et trois blessés du côté des forces de l’ordre.

C’est une situation inédite et pour le moins inhabituelle qui s’est déroulée dans la nuit de lundi à mardi sur la commune de Sada, qui a plutôt la réputation d’être une ville assez calme. Des dizaines de jeunes ont saccagé pendant plusieurs heures des voitures, du matériel urbain, installé des barrages, et se sont opposés aux forces de l’ordre. Selon le commandant de la gendarmerie de Mayotte, le général Lucien Barth, « Ce sont entre 60 et 100 jeunes qui ont causé des troubles à l’ordre public. Les incidents ont commencé sur les coups de 20h-20h30 et se sont poursuivis jusqu’à tard dans la nuit aux alentours de 2h-3h du matin, avec un pic de tension vers 22h30, explique-t-il. Près d’une cinquantaine de gendarmes ont été mobilisés pour faire face à des jeunes très mobiles, qui se déplaçaient rapidement et montaient des barrages de fortune à plusieurs endroits de la commune. ».

Le commandant de la gendarmerie de Mayotte, le général Lucien Barth.

Une enquête a été ouverte et des investigations sont en cours pour identifier et retrouver les fauteurs de troubles. « Je ne peux pas rentrer dans les détails car nous sommes dans la phase judiciaire… Nous sommes en train d’identifier les auteurs pour les interpeller, mais il apparait selon les premiers éléments de l’enquête qu’il s’agirait de jeunes de Sada et des villages voisins ». Les délinquants s’en sont pris aux forces de l’ordre en lançant des projectiles y compris sur la brigade de gendarmerie de la commune. « Il y avait plusieurs groupes qui montaient des barrages, il a été nécessaire de faire appel à plusieurs dizaines de gendarmes pour calmer la situation. Parmi les délinquants il y a des mineurs mais aussi de jeunes adultes, souligne le général Barth. On attend de la population qu’elle respecte la loi et nous faisons appel à elle pour qu’elle puisse nous donner des éléments afin d’avancer dans l’enquête. La sécurité c’est l’affaire de tous », ajoute-t-il.

Les élus réprouvent unanimement de tels incidents graves

Le président du Conseil départemental a condamné ces actes au travers d’un communiqué : « Le Président Ben Issa Ousséni condamne fermement ces actes de violence, dont on constate la recrudescence et l’intensification, malgré les moyens mis en place pour lutter contre l’insécurité qui a pris d’assaut le territoire, par périodes. Il témoigne également son soutien indéfectible à la population de Sada, aux côtés de ses collègues Soula Saïd-Souffou, ainsi que Mariam Saïd Kalame, dans cette épreuve douloureuse. Enfin, il demande solennellement aux autorités compétentes de redoubler d’efforts pour la sécurisation et la protection des habitants de Mayotte. Toute la lumière doit être faite sur l’épisode qui a secoué Sada, et les coupables doivent être poursuivis pour permettre un vrai retour à la sérénité ».

Le maire de Sada, Houssamoudine Abdallah.

Quant au maire de Sada, Houssamoudine Abdallah, il « réprouve avec la plus grande fermeté ce qu’il s’est passé et je salue les forces de l’ordre qui sont arrivées rapidement, elles ont tout mon soutien ainsi que celui de la population. Sada est une ville tranquille, insiste-t-il. Nous nous sommes engagés, mon équipe et moi lors de mon élection, sur la question de l’insécurité. On doit continuer à prendre des décisions et lutter contre les marchands de sommeil notamment. La violence à Mayotte est un sujet que nous devons traiter collectivement avec l’État, la Justice, les communes et les forces de l’ordre. Il faut que la peur change de camp ! Il ne faut pas que l’on tombe dans le piège de l’insécurité quotidienne et permanente. Nous devons éviter la violence et protéger la population ».

Un différent futile entre un jeune de Sada et un autre de Dembéni

Selon les premiers éléments connus, un jeune de Dembéni serait venu à Sada et aurait croisé par hasard une vieille connaissance… S’en serait suivi une bagarre entre les deux individus. Le jeune de Dembéni aurait alors appelé en renfort des amis à lui en vue d’en découdre davantage. Sauf que plusieurs dizaines de jeunes de Sada se sont mobilisés pour un éventuel affrontement. Les jeunes de Dembéni en infériorité numérique se seraient réfugiés chez une de leur connaissance à Sada pour ne pas être lynchés. Les gendarmes ont dû intervenir afin de sécuriser l’habitation où ils se trouvaient et pour les évacuer par la suite, chose que ne voulaient les jeunes de Sada. Au moment de l’exfiltration, plusieurs voitures ont été incendiées et des barrages installés sur le trajet pour arrêter et ralentir les forces de l’ordre qui acheminaient les jeunes de Dembéni vers un endroit plus sûr.

Les gendarmes ont reçu de nombreux projectiles comme des pierres de la taille d’une main !

Selon le conseiller municipal de Sada en charge de l’environnement, de la propreté et de la voirie, Mikidadi Ndzakou, « Ce sont près de 500 bombes lacrymogènes et grenades qui ont été utilisées durant la nuit, une trentaine de voitures renversées et incendiées et 26 bacs de poubelle brulés. Le travail de la gendarmerie est en cours pour identifier les auteurs. Il y a eu quelques interpellations mais nous n’avons pas de chiffres pour le moment », précise-t-il. Les élus de la commune se sont réunis mardi afin de trouver des solutions d’urgence face à cette situation. « Nous allons poursuivre et accélérer le travail commencé pour canaliser cette violence. Nous travaillons déjà en partenariat avec les services de l’État pour lutter contre la délinquance mais aussi avec le procureur de la République. Nous allons accélérer les procédures contre ceux qui sont connus dans la commune pour violences afin qu’ils puissent être sanctionnés ».

Une réunion s’est tenue au sein de la mairie annexe à Mangajou, mercredi en fin d’après-midi, avec les associations et la population de la commune afin de définir un plan d’action pour retrouver les coupables et faire taire la violence.

B.J.

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