Au vu de la démographie galopante du territoire, il était plus que temps de déployer des politiques publiques en faveur des familles. Certes, il s’agit-là du 3ème schéma en ce sens, mais, selon Dahalani Nourdine, le président du conseil de la CSSM, « il s’agit de capitaliser encore un peu plus ce qui a été fait jusqu’à présent ». Un nouveau diagnostic des besoins du territoire a donc été réalisé, de nouvelles priorités ont été pointées et les acteurs ont été identifiés. « Il existe beaucoup d’associations en faveur des familles à Mayotte, mais jusqu’à présent ces acteurs n’étaient ni identifiés, ni formés convenablement, ni coordonnés », souligne Madi Velou, le 7ème vice-président en charge du social au conseil départemental. Certes, on ne s’attend pas à ce que ce 3ème schéma fasse des miracles, mais il constitue néanmoins une avancée dans la problématique. A condition, bien sûr, que ce qui soit écrit sur le papier soit concrètement mis en place dans un délai raisonnable…
Développer les crèches
La première priorité de ce nouveau schéma est de développer les crèches sur le territoire. « Nous ne disposons actuellement que de 300 places en crèche, soit moins de 4% des besoins », déplore Dahalani Nourdine. « Nous souhaitons nous appuyer sur la volonté nationale de développer les services publics à la petite enfance pour engranger la construction de crèches à Mayotte. Notre objectif est d’arriver à 600 places en 2026 », déclare-t-il. L’appel à projet pour la construction de crèches sera lancé sous peu par la CSSM, après il faudra évidemment trouver des financeurs.
Créer des outils de guidance parentale
« Il est faux d’affirmer qu’à Mayotte les parents sont démissionnaires », affirme Madi Velou. « En revanche, ils sont complètement dépassés », explique-t-il. Avec l’introduction rapide sur le territoire de la société de consommation, et la transition culturelle express qui en a suivi, les jeunes sont en perte de repères. D’où la nécessité de renforcer les dispositifs de guidance parentale afin d’aider les parents à mieux éduquer leurs enfants. « Nous avons trois services de médiation familiale sur le territoire, mais nous manquons d’effectif », souligne Zoulfati Madi, la représentante de l’association des maires. En outre, plusieurs autres dispositifs existent, mais restent méconnus ou sont menacés par le manque de financement. Sans compter que beaucoup fonctionnent avec des bénévoles qui n’ont pas forcément en main les solutions adaptées. « Ces structures manquent de techniciens », affirme Madi Velou.
Formation de nouveaux professionnels
Pour pallier ce problème, ce 3ème schéma départemental des services aux familles possède un gros volet sur la formation des professionnels de la petite enfance, des animateurs et des aidants familiaux. « L’ensemble des acteurs vont se coordonner pour former un maximum de professionnels », affirme Dahalani Nourdine. « Notre objectif est de créer un institut de formations courtes pour avoir des professionnels disponibles rapidement. Pour les formations longues, c’est en cours de réflexion », révèle Madi Velou. Le but est également de renforcer le niveau de qualification des professionnels de l’enfance car actuellement, beaucoup n’ont pas le niveau, ce qui génère « des coups d’épée dans l’eau ».
L’animation de la vie sociale
Parmi les professionnels formés, le schéma n’oublie naturellement pas les animateurs, car l’animation de la vie sociale est l’un des axes majeurs du document. Ce dernier prévoit de déployer des équipements au niveau local, notamment des centres sociaux dotés d’une stabilité financière suffisante.
L’accès aux droits
Enfin, ce 3ème schéma prévoit de développer davantage l’accès aux droits des familles en diffusant plus efficacement les informations, notamment via les CCAS et les Maisons France Service.
« Ce document affine les besoins du territoire pour que nos actions à venir soient les plus adaptées possible à la réalité », conclut Dahalani Nourdine.
Nora Godeau