Alors que le 101ème département était leader dans le dynamisme des créations d’entreprises en 2019, 2020, +33% d’entreprises créées cette année là, et 2021, on constate un essoufflement en 2022, puisque la tendance est en recul de 2%. C’est bien le seul domaine où dénombre 40 naissances en moins à Mayotte !
Elles sont 1.762 entreprises à avoir été créées en 2022, essentiellement soutenues par la mise en place en 2020 du très attendu régime de micro-entrepreneur, 579 entreprises en ont bénéficié en 2022 contre 488 en 2021 (+19 %).
« Mayotte est le seul territoire ultra-marin qui connait une inversion de tendance », précise l’INSEE dans son étude sur les créations d’entreprises en 2022*. Les créations restent très dynamiques en Martinique (+17 %) et en Guadeloupe (+16 %), un peu moins à La Réunion (+6 %) et en Guyane (+5 %). Au niveau national, les créations accusent le coup, +1 % en 2022 après +17 % en 2021.
Le recul à Mayotte touche d’avantage les créations individuelles classiques qui restent néanmoins la forme juridique préférée, 37% de l’ensemble. Suivi de près désormais par le régime de micro-entrepreneur, 33% des créations, encore loin des 61% au niveau national, mais cela est encore tout frais chez nous puisque mis en place en 2020. Les créations sous forme sociétaire (SA, SARL, SAS, etc.) augmentent encore, mais moins fortement en 2022 qu’en 2021 (+9 % contre +30 %). Elles représentent 30 % des créations d’entreprises.
Peu de commerces supplémentaires
Certains secteurs sont plus touchés par l’atonie des créations d’entreprises que d’autres. C’est le cas du transport, de l’hébergement et de la restauration, -22%, de la construction, -11%, qui représentent chacun un peu plus de 10% des créations. Si dans ce dernier secteur, la diminution des créations est étonnante vu le carnet de commande dans le BTP, dans la restauration ou l’hébergement, on peut sans doute y voir l’effet de la crise sanitaire qui touchait encore l’île en 2022, et la diminution de la fréquentation induite, ainsi que les conséquences du contexte insécuritaire.
Alors que 40% des créations se font toujours dans le commerce, il n’y a eu que 1% de nouvelles entreprises, contre +26% en 2022. Il faut dire que l’accent avait été mis l’année précédente sur la régularisation des activités informelles qui avait boosté les créations.
Le secteur à embellie c’est celui des autres services (information et communication, activités financières, activités immobilières, services administratifs et de soutien, etc.) et services aux particuliers, +5% de créations d’entreprises, elles représentent quasiment la moitié des créations sous le régime des micro-entrepreneurs. On peut notamment y voir la conséquence bénéfique de l’adoption de dispositions en vigueur en métropole qui n’existait pas à Mayotte, notamment le décret qui étend à Mayotte les dispositions réglementaires applicables au complément de libre choix du mode de garde attribué aux foyers recourant à une micro-crèche, une crèche familiale ou un service prestataire de garde d’enfants à domicile.
Les jeunes créent moins d’entreprises qu’en métropole
Dans l’industrie, les créations d’entreprises croissent également (+7 %), mais elles constituent une part plus limitée des nouvelles entreprises (5 %).
Enfin, dernière particularité de Mayotte, la moitié des créateurs d’entreprises individuelles sont des femmes, qu’il s’agisse d’entreprises individuelles classiques ou nées sous le régime du micro-entrepreneuriat. Au niveau national, elles sont un peu moins nombreuses, 45%.
Les femmes sont majoritaires parmi les créateurs d’entreprises dans les activités pour la santé humaine et action sociale, le commerce et les services aux particuliers. À l’inverse, les hommes prédominent largement parmi les créateurs dans la construction (94 %) et les activités de services administratifs et de soutien (62 %).
Alors que la population est nettement plus jeune à Mayotte qu’au niveau national, ce sont les plus âgés qui créent les entreprises à Mayotte : 39 % ont plus de 40 ans, une part un peu plus élevée qu’au niveau national (36 %). À l’inverse, seuls 22 % des créateurs d’entreprises ont moins de 30 ans, contre 35 % au niveau national.
Que ce soit l’extension du décret sur le mode de garde ou le régime de micro-entrepreneur, on voit en tout cas directement les effets bénéfiques de la mise en place du droit commun dans ces secteurs.
A.P-L.
*Il s’agit de créations d’entreprises des activités marchandes hors agriculture.