La couleur de notre ciel de cette mi-saison sèche restera-t-elle désespérément bleue ou pourra-t-on compter sur quelques nuages salvateurs ?
Floriane Ben Hassen : Nous avons eu un peu de pluie en fin de nuit à deux reprises cette semaine, mais à de très faibles volumes, de 0,2 à 1 millimètre*, c’est peu. Il devrait pleuvoir un peu vendredi matin, mais le mois de septembre devrait rester conforme à la normale, c’est-à-dire, faiblement pluvieux. On attend de 20 à 50 mm sur l’ensemble du mois, ce qui correspond à environ une heure de pluie en saison des pluies.
Et à 80 km, les Comores ont été largement arrosées hier, notamment grâce au passage d’orages…
Floriane Ben Hassen : Oui, notre prévisionniste m’a alerté sur une ligne de grain qui nous a frôlés sans nous toucher et qui a arrosé les Comores. Elle nous aurait fait du bien !
Avez-vous déjà des tendances sur la prochaine saison des pluies ?
Floriane Ben Hassen : Nous avons des prévisions à 3 mois. Pour cela, nous élargissons le champ d’observation des phénomènes à l’échelle des grandes zones. Nous voyons que dans le Pacifique, le phénomène El Niño se met en place et accroit son intensité. Dans notre zone, nous regardons le dipôle** de l’Océan Indien, (différence de température de surface de la mer entre l’Est et l’Ouest de l’Océan Indien, ndlr). Il est en phase d’expansion, mais nous ne savons pas dans quelle proportion, ce qui implique des scénarios différenciés. Pour l’instant, ce qu’on peut dire, c’est que la situation est plus favorable qu’en 2022. La saison des pluies s’annonce normale en terme de démarrage et d’intensité. Il est possible qu’elle commence plus tôt, mi-novembre, mais attention, cela reste une prévision, beaucoup trop d’éléments entrent en jeu. Et ce n’est pas pour autant qu’elles seront efficaces immédiatement, car rappelons que les premières pluies ne s’infiltrent pas mais ruissèlent.
En ce qui concerne l’intersaison, on a du mal à voir si l’épisode pluvieux dit « pluie des mangues » se fera en octobre ou en novembre cette année. Nous aurons un scénario plus affiné à la fin du mois de septembre.
Du côté des températures, assiste-t-on à une saison sèche plus chaude que la normale ?
Floriane Ben Hassen : Les données sont en cours de consolidation, nous pourrons communiquer plus tard là-dessus.
Des prévisions qui donnent l’eau à la bouche alors que Mayotte s’enfonce un peu plus dans la pénurie et les restrictions… en croisant les doigts pour qu’elles ne tombent pas à l’eau.
Propos recueillis par Anne Perzo-Lafond
*1 millimètre de pluie représente 1 litre d’eau par mètre carré
** Le long de l’équateur, la température de surface de la mer est, en temps normal, plus chaude au niveau de l’Indonésie que le long des côtes africaines. Des vents d’Ouest sont alors générés au sol et des cellules de convection se mettent en place au-dessus de l’Indonésie liées aux eaux chaudes ou inversement en fonction de l’orientation du dipôle.