Il est à peine 7h et pourtant le dispositif mécanique, humain et sécuritaire se veut des plus impressionnants aux abords du marché couvert de Hamouro. C’est donc officiellement en ce lundi matin et, pour toute la semaine, que sera orchestrée la mission de destructions de 81 habitations illégales en une configuration, disons-le honnêtement, plutôt délétère et dangereuse au regard de l’enchevêtrement labyrinthique des lieux, aussi proche d’une submersible ravine.
Une fois n’est pas coutume
Formulée en ce début d’année par ladite commune, dans le cadre de la Loi Elan, ce souhait de régularisation, de ré-appropriation foncière et de mise en sécurité, s’est d’abord constitué d’une phase d’enquête de terrain, d’identification sociale et de recensement des habitats illégaux. Une enquête plutôt complexe au regard de la configuration des lieux où logements légaux, s’entremêlent avec ceux recensés illicites impliquant 36 familles. C’est donc à l’issue de tout ce travail que l’Arrêté préfectoral du 15 mai 2023, incluant la délimitation précise du périmètre secteur B, a été officiellement déposé et soumis, à l’issue, à contestation auprès du tribunal administratif de Mamoudzou : « Vous voyez les délais qu’il faut, c’est entre 4 et 6 mois en moyenne pour mener une opération comme celle-là » nous précise Thierry Suquet, préfet de Mayotte, présent sur les lieux.
Objectifs initiaux Wuambushu et loi Elan apparemment dans les clous
Dans cette engagement pris en amorce de 2023, visant la destruction de 1 000 habitats illégaux, il semblerait que l’efficient train gouvernemental — par le biais des équipes préfectorales de Mayotte — soit lancé; du moins les pelleteuses, portant, 5 mois après le début officiel de l’opération tant médiatisée, à 500 le nombres de logements détruits, incluant donc cette nouvelle intervention en zone de Bandrélé. « Cette opération est appelée à se poursuivre en d’autres secteurs sur les terrains communaux et privés de notre commune » indique Bouchourani Colo, adjoint au maire, « on ne peut rester indifférent lorsque l’on voit dans quel milieu dangereux, et non sanitaire, évoluent ces personnes; cela engage aussi les responsabilités de notre commune. Toute destruction entrainera derrière une politique plus accrue d’une part environnementale mais également un travail renforcé de terrain, notamment par le biais de notre police municipale, afin que cet espace libéré, aussi jugé inconstructible, ne soit pas de nouveau repris d’assaut; sinon tout cela ne sert à rien. Nous travaillons également beaucoup avec les associations villageoises ce qui nous permet d’être activement au fait de ce qui se passe sur notre territoire ».
Et c’est pas fini…
Concernant le village de Hamouro, d’autres arrêtés se veulent donc en cours de rédaction, incluant notamment les secteurs A et C restants, auxquels se greffent d’autres opérations, incluant également un volet ciblé au niveau du village de Mtsamoudou. Pour ce faire, notamment sur le plan sécuritaire, le préfet de Mayotte informe que, dans le cadre d’opérations interministérielles impulsée par le ministre de l’Intérieur — au regard de cette nouvelle phase de Wuambushu dit 2 — Mayotte va bénéficier d’un escadron de gendarmerie mobile supplémentaire (soit 5 escadrons au total à venir, d’ici septembre prochain), ainsi que des équipes police et gendarmerie spécialisées à haut niveau sur le volet judiciaire et l’économie souterraine, afin d’établir des enquêtes poussées et démonter les filières, sur du long terme, propres à la délinquance dans sa globalité qui sévit sur le territoire : « À côté de cette destruction d’habitats illégaux et insalubres, ce qui nous intéresse c’est aussi de s’attaquer à ceux qui profitent de cette situation, aux marchands de sommeil et toutes les complicités internes » souligne Thierry Suquet.
Rappelons que cette opération en cours se veut donc établie tout au long de cette semaine, engendrant des dispositions de circulation.