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jeudi 16 janvier 2025

Le bambou va-t-il faire sa rentrée des classes ?

Après un colloque qui lui était consacré en mars, c’est l’étape des tests de résistance qui s’annonce pour cette plante « plus résistante que l’acier » qui nous vient d’Asie. Une première convention vient d’être signée entre le rectorat et l’association BAM.

Le bambou prend du galon à Mayotte. Considéré en 2019 encore comme espèce envahissante par l’UICN, le Bambusa vulgaris était accusé « d’exclure les plantes indigènes des terrains humides en développant un système racinaire impénétrable. » Nous avons également des touffe de bambous géants.

Depuis, des passionnés se sont rassemblés pour défendre l’utilité de cette espèce. Nous avions consacré un long reportage au colloque de l’association Likoli Dago dédié en mars dernier au cycle du bambou au Pôle d’excellence rural de Coconi. Y avait été exposé le potentiel de cette plante venue d’Asie, très prisée sur ce continent.

C’est un des objectifs de l’association BAM (Bambou à Mayotte), créée il y a deux ans pour développer la filière professionnelle à partir du bambou, comme nous l’explique Eric Bellais, coprésident avec Ali Ali Toybou de l’association : « On peut envisager plusieurs types de débouchés pour le bambou. Les construction institutionnelles, ce qui implique une normalisation du produit, d’où la signature de notre convention avec le rectorat ce mardi, les constructions privées, et le mobilier, urbain ou pas, ou l’artisanat. » Des pistes qui concourent à un but, « créer des métiers autour du bambou à Mayotte ».

Une convention impliquant, de gauche à droite, Ali Ali Toybou, Arnaud Lezer et Jacques Mikulovic

Hors les murs, le bambou

Pour le recteur Jacques Mikulovic, les capacités du bambou doivent en effet être connues et reconnues : « Pour intégrer ce matériaux dans un marché scolaire, il faut en tester la durabilité dans plusieurs conditions, notamment face au feu, ainsi que sa résistance. » Le représentant de l’Education nationale veut faire d’une pierre deux coups, et profiter de cette convention « pour sensibiliser les élèves à l’environnement durable et délivrer des cours sur l’utilisation de cette plante dans le cadre du projet « L’école hors les murs » pour lequel nous avons été lauréat ». Comme son nom l’indique, il s’agit de transporter les classes à l’extérieur des établissements dans l’esprit de proximité avec l’environnement.

Comme la Brique de Terre Compressée (BTC) à ses débuts, le matériaux, sous réserve qu’il ait satisfait aux exigences des concernés, pourrait être utilisé de manière marginale, avant de prendre toute sa place dans une conception comme celle du lycée des métiers du bâtiment de Longoni pour la BTC. « Nous pourrions l’utiliser comme brise soleil dans les nouveaux bâtiments », indique le recteur. Éric Bellais envisage même des petites constructions d’appoint, « du type bar à jus ».

Pas de traitement chimique dur

Découpe manuelle de lames de bambou à Taïwan (Photo : APL)

Pour ce dernier, les tests pourront se faire in situ, « ou alors plus normatifs, avec la Fédération nationale du bois en métropole. Il faut tester la résistance mécanique de ce matériau plus solide que l’acier, mais éliminer les possibles fragilités, par exemple aux champignons, et sur la durée. Pour ensuite adapter son usage. On peut par exemple en faire des lattes. Nous refusons en tout cas tout traitement chimique dur, nous irons vers la méthode la plus naturelle possible. »

Si le bambou est utilisé dans plusieurs régions du monde pour les constructions, même parasismiques et anticycloniques, il est encore au stade de « promesse » aux Antilles qui cherchent aussi à développer une filière. Nous allons donc suivre l’évolution de cette convention qui peut en effet s’inspirer des pratiques asiatiques, à ceci prés que les espèces différentes n’induisent pas les mêmes utilisations.

Certains en font des antennes pour les voiliers après en avoir brûlé la tige au chalumeau, quand d’autres tapent sur des bambous…

Anne Perzo-Lafond

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