Depuis sa création en 2010, le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte n’a eu de cesse d’oeuvrer sur notre territoire afin de garantir les conjointes observation et préservation des quelques 151 espèces aviaires recensées. Un nombre impressionnant, révélant une fois de plus notre insulaire richesse au regard d’une population à plumes emblématique et/ou endémique aussi fragilisée, impactée, voire menacée, par l’Homme, la pollution sous toutes ses formes, les nuisances…
En somme, l’Urbanisation ! Et c’est dans ce contexte d’études et de plein engagement, menés aussi depuis presqu’un an par Laurie Gaillard, chargée de mission biodiversité urbaine Gepomay, que le projet de sites refuges a pris forme ces 1er et 4 avril 2023, en 2 endroits de notre île.
Un projet national adapté à notre sol
Et s’il était possible de faire cohabiter avifaune en diverses configurations d’un espace citadin ? Et si le développement croissant de notre île, notamment en termes de bétonnisation, pouvait aussi trouver saine et paisible configuration pour nos oiseaux terrestres, côtiers et marins ? C’est à la genèse d’un plan national de la Ligue de protection de oiseaux (LPO) pour « préserver et restaurer la biodiversité en milieu urbain », que les 2 sites pilotes de Mayotte — entrant dans le cadre du plan de relance « ramener la biodiversité en ville », financé par l’Office français de la biodiversité (OFB) — ont pris forme et appui.
Basé sur une charte évaluative de 15 gestes et bonnes manières relatifs à la ’’labellisation’’ Refuge LPO, en terrain public ou privé, ce projet a légitimement été adapté aux spécificités et besoins de notre territoire. Une sorte de cahier des charges avant tout de conseils, visant à accompagner le ou les propriétaire(s) du site concerné. ’’Je laisse des zones volontairement sauvages avec des herbes hautes’’, ’’je m’engage à ne pas utiliser de produits chimiques pour les faune et flore’’ ou encore : ’’je transforme mes déchets organiques en composte’’; tels sont quelques axes figurant dans l’évaluation concernée ayant pour notation évolutive 3 degrés d’appréciation se résumant à Validé, En cours ou bien, Faible à inexistant !
C’est donc dans une intéressante complémentarité que nos sites pilotes mahorais ont été officiellement inaugurés présentant l’approche privée pour le gîte de M’Liha à M’Tsangamouji et publique, pour l’emblématique jardin botanique de Mamoudzou. « Quel honneur que cette seconde inauguration se fasse en ce parc ! » introduit avec émotion Émilien Dautrey, directeur du Gepomay « En plus de la grande visibilité que cela incarne, il faut savoir que de nombreux gestes présents sur la charte étaient déjà mis en action en ce lieu; on ne partait donc pas à l’aveugle dans ce projet et l’accompagnement apporté par notre chargée de mission, Laurie, s’est fait avec un réel plaisir ».
Installation des nichoirs
Afin de garantir un respect environnemental ayant aussi trait à la pérennisation d’une chaîne alimentaire naturelle et existante, il a donc été pensé par l’association concernée, de mettre en place des hôtels à insectes favorisant ainsi le développement global d’un écosystème corrélatif à la vie des invertébrés en un même lieu que celui des oiseaux. Abeilles solitaires, papillons ou bien même bourdons, pourront ainsi nouer promiscuité avec nos Moucherolles et Martinets malgaches, nos Chouettes Effraies ou encore nos Martins Tristes…
Tout a été étudié et référencé par coordonnées GPS en amont afin de définir les emplacements adéquates où seront fixés nos divers nichoirs; les arbres concernés, la hauteur escomptée en fonction du type d’oiseau visé mais également les zones appropriées à la pose des massives colonnes servant d’hôtel à insectes. Alors qu’une zone favorisera la pousse naturelle des herbes, une autre a été volontairement élaguée — car présentant des plantes exotiques envahissantes —. En compensation, ce sont près de 57 plantes qui ont été replantées offrant ainsi fertile terrain de chasse à nos volatils tant admirés. « Nous avons une biodiversité exceptionnelle que la population ne connait malheureusement pas. Ces installations vont aussi, à terme, être source d’apprentissage et de support pédagogique pour nos jeunes car lorsqu’on connait, on respecte. Et c’est notre mission à nous, Département, de sensibiliser cette jeunesse » nous indique Ibrahim Ahmed Combo, nouveau directeur environnement et développement durable au sein du Conseil départemental.
Un département de plus en plus soucieux et impliqué dans ces divers projets environnementaux valorisant le patrimoine naturel existant et les indispensables conservation et protection qui s’y greffent. Des projets à court, moyen et long terme visant aussi une continuité écologique citadine et des corridors fluviaux en lien avec nos ramifications de rivières, de type Trame verte et bleue (TVB)* pour lesquels l’association Gepomay envisage aussi l’entame de projets d’étude grâce au soutien des élus et acteurs locaux comme nous le confie la présidente bénévole, Amélie Van Gemert.
Amoureux de la Nature, connaisseur ou non, admirateur discret, observateur privilégié ou encore adorateur de voluptés sonores, n’hésitez pas à vous rendre en ces lieux verdoyants, encore préservés, afin de vous imprégner de la douce émulation que nous offrent quotidiennement ces acteurs terrestres ou ailés.
MLG
*La trame verte et bleue (TVB) est une démarche qui vise à maintenir et à reconstituer un réseau d’échanges pour que les espèces animales et végétales puissent, comme l’homme, circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer… et assurer ainsi leur cycle de vie. La trame verte et bleue porte l’ambition d’inscrire la préservation de la biodiversité dans les décisions d’aménagement du territoire, contribuant à l’amélioration du cadre de vie et à l’attractivité résidentielle et touristique (Ministère de la transition écologique et des territoires).