C’est par groupes d’une quinzaine de personnes que l’Institut des études en santé a procédé pour faire découvrir ses locaux. C’est donc plus d’une centaine d’élèves issus la plupart du temps des classes de terminales qui ont ainsi « défilé » tout au long de la journée.
Plusieurs ateliers étaient organisés et animés par des étudiants de 3e année à l’IES. Un premier s’attachait à présenter le métier d’infirmier : En quoi cela consiste ? Les différentes spécialisations possibles, ainsi que les débouchés envisageables (choisir de travailler en hôpital, en clinique, dans le milieu scolaire, etc.). Un petit film vidéo avec différents témoignages a permis aux élèves de se mettre dans le bain. Puis un deuxième atelier était consacré à l’hygiène des mains. « C’est très important ! 60 à 65 % des germes viennent des mains », explique Anliati, étudiante en 3e année.

Les élèves ont ainsi, tour à tour, pu mettre en pratique les conseils prodigués et vérifier au travers d’un caisson à la lumière ultraviolet permettant de voir si cela était bien fait. Les lycéens se sont ensuite dirigés dans une autre salle afin de voir comment on faisait une piqûre ou encore comment prendre la tension. La visite s’est terminée par une découverte du bâtiment et des locaux de l’IES.
Susciter des vocations pour un territoire aux besoins immenses
Comme le précise Carine Piotrowski, Directrice des soins à l’IES, « L’objectif de cette journée portes ouvertes est de faire découvrir aux lycéens mahorais l’établissement dans lequel ils souhaiteraient faire leurs études. Nous avons un dispositif de délocalisation et même s’ils sont pris à l’IES de Mayotte, ils sont susceptibles de partir poursuivre leur formation en métropole », explique-t-elle.
En effet, l’IES dispose de 85 places mais seulement 35 à Mayotte, les autres se répartissent entre Grenoble (20), Nîmes (15) et Quetigny (15) en Bourgogne. Le partenariat de l’IES avec la DAFPI (Délégation A la Formation des Personnels et à l’Innovation), dépendant du Conseil départemental, permet ainsi aux étudiants d’organiser leur voyage et leur installation durant leurs études en métropole. « Une partie de leurs études étant prise en charge par le Conseil départemental, ils ont l’obligation de revenir sur le territoire de Mayotte une fois leur formation terminée. Ils ont un contrat d’engagement correspondant à trois fois la durée de formation, soit neuf ans. S’ils veulent partir avant ils doivent rembourser une partie de leurs études », souligne la directrice.

En effet l’idée est qu’ils réussissent leur projet professionnel bien sûr, mais qu’ils reviennent dans l’île afin « d’avoir un système de santé pérenne. Pour l’instant ici nous sommes à saturation nous ne pouvons pas accueillir plus d’élèves », complète Carine Piotrowski.
Infirmier(e), un métier qui fait encore rêver
Safi a 17 ans et est élève en terminale ST2S (sciences et technologies de la santé et du social) au lycée de Dembéni, le métier d’infirmier est une vocation pour elle. « Les portes ouvertes sont l’occasion pour moi de m’informer sur cette profession et d’en savoir plus. Cela permet d’apprendre plein de choses. Je suis énormément intéressée et je souhaiterais être infirmière ou sage-femme pour donner des soins et aider les personnes en difficultés. C’est mon rêve depuis que je suis toute petite », confie-telle.
Le fait que les portes ouvertes soient organisées sous forme d’ateliers est pour elle une très bonne chose. « Ça m’apprend ! Ça m’aide à comprendre ce qui m’attend plus tard, c’est très instructif ». Quant à savoir si elle souhaite rester à Mayotte ou non : « J’aimerais bien étudier à Mayotte mais si je dois aller à La Réunion ou en métropole ce n’est pas grave car mon objectif est de devenir infirmière ».
Pour les étudiants de 3e année qui animent les ateliers des portes ouvertes, « Il s’agit de montrer l’exemple, d’intéresser les jeunes de Mayotte car il y a énormément de besoins, explique Anliati. Il faut faire le premier pas et montrer les bienfaits de ce métier. Même s’il y a de l’appréhension, ce qui est normal, avec la motivation on franchit toutes les barrières ».

Idem pour Rachidi, également étudiant en 3e année à l’IES. « Les portes ouvertes sont l’occasion de partager mes connaissances et de répondre aux questions des futurs étudiants en mettant en pratique ce que j’ai appris », indique-t-il. Quant à Kamal, qui souhaite après sa troisième année faire un master IPA (infirmier en pratique avancée), mention maladies chroniques, pour lui, « Il est important que ce soit des mahorais qui présentent cette formation. Nous sommes passés par là nous aussi et leur montrer qu’on peut réussir est une bonne chose. C’est également l’occasion de partager ses connaissances et de tendre vers la réussite. Enfin et surtout c’est se sentir utile à la société. »
L’IES du CHM compte actuellement entre 140 et 160 étudiants. Parmi eux 115 sont en formation initiale, à cela il faut ajouter ceux en spécialité infirmière puéricultrice, ceux en formation continue et ceux qui préparent les concours. A terme, l’IES devrait s’agrandir et avoir un nouveau bâtiment, notamment à travers le projet de restructuration du CHM.
B.J.