« Nous attendons la signature de l’Etat ». Le directeur général d’Electricité de Mayotte, Claude Hartmann, rappelle que depuis le mois d’octobre dernier, le projet concernant la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) dite « simplifiée » est à Paris pour signature. Pour l’heure, le silence prévaut et l’encre ne coule guère au bas des documents officiels.
Une PPE simplifiée pour répondre à l’urgence de la situation
« Le document est en discussion à Bercy et à la Direction générale de l’énergie et du climat », explique le directeur général qui tient à rappeler que « ce retard n’est pas bon car Mayotte a besoin des outils présentés dans ce document pour avancer ». Face aux enjeux à court terme du territoire en matière énergétique, l’Etat et le Conseil départemental ont procédé à une révision de la PPE initiale. Cette démarche co-construite entend inclure les exigences d’évolution du mix électrique vers une énergie décarbonée ainsi que de la sécurisation de l’équilibre offre-demande du réseau électrique. Cette PPE simplifiée vise donc à répondre aux besoins du territoire dans une phase de transition avant la publication de la future PPE fixant les orientations énergétiques à l’horizon 2030 et dont la publication est prévue fin 2023.
Une véritable ambition pour le photovoltaïque
A court-terme, la feuille de route prévoit la production de 13 mégawatts de photovoltaïque en plus. Certes, par rapport au PPE initial, la production actuelle d’électricité liée à l’énergie solaire reste largement en dessous des résultats avec seulement 20 mégawatts contre les 50 escomptés. Une situation pouvant s’expliquer, selon le directeur général, par une valeur du kilowattheure n’étant pas assez pertinente pour attirer des projets photovoltaïques ainsi que des appels d’offres pas assez nombreux. Néanmoins, l’ambition de développer l’énergie solaire reste forte au regard de « l’excellent ensoleillement de Mayotte, parmi un des meilleurs au monde », souligne Claude Hartmann qui précise « nous sommes en mesure de monter des projets pour pouvoir répondre à cette augmentation de l’offre d’électricité liées à l’énergie solaire ». « Aujourd’hui nous sommes à 95 % d’électricité produite, les 5 autres pourcent provenant d’Albioma sur le photovoltaïque », explique Claude Hartmann. Il abonde « il faut se battre pour que cette part de production remonte ».
Le bioliquide en remplacement du combustible fossile
Est également prévu, dans cette PPE simplifié, le passage au bioliquide afin de faire tourner les moteurs des centrales de Badamiers et de Longoni. Si pour la première, le délai de transition prévu est court, le projet pour la centrale de Grande-Terre prendra un peu plus de temps au regard d’ajustement à réaliser. « Le régulateur est prêt à payer la compensation du surcoût du passage au bioliquide qui est lié au prix du produit fini fabriqué à partir de colza », note le directeur d’EDM. Le moindre acheminement de combustible à Mayotte pourrait entraîner une hausse marginale du prix du carburant à la pompe. Néanmoins, précise Claude Hartmann, « la hausse serait de l’ordre de 1 à 2 centimes et il sera compensé, des discussions sont en cours sur ce sujet ». Ce passage au bioliquide permettrait à EDM d’être à nouveau dans la course pour répondre à des appels à projets concernant l’augmentation de la production d’électricité. A ce titre, la PPE simplifiée prévoit la mise en place d’une procédure de mise en concurrence pour une installation d’électricité de 12 mégawatts. « On se donnera les moyens d’entrer dans l’arène de la concurrence », fait savoir le directeur.
Enfin, « au niveau de la géothermie, il y a du potentiel sous Petite-Terre », rappelle le directeur. Des études sont prévues pour étudier la faisabilité d’un projet futur. « Albioma a gagné le marché pour réaliser les forages tests pour être certain, qu’au-delà des études du Bureau de Recherches Géologiques et Minières, on trouve bien de la chaleur », renseigne Claude Hartmann. Un projet pour lequel EDM serait sur la touche ? « Je suis actuellement en pourparlers avec Albioma afin d’être avec eux sur la phase d’exploration », informe-t-il. Néanmoins, pour l’heure tout reste suspendu à l’aval de Paris.
Pierre Mouysset