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Des assises du logement pour entrevoir l’habitat de demain

Pendant deux jours Mayotte accueille les 5e assises du logement en Outre-mer au pôle culturel de Chirongui. Organisées par la CFDT, elles ont commencé hier et se terminent aujourd’hui. Au programme : échanges et tables rondes afin que les différents acteurs du logement et de l’habitat se rencontrent pour parler des principales difficultés de ce secteur et essaient d’apporter des solutions.

Cela fait 10 ans que le syndicat de la CFDT a décidé d’organiser chaque année les assises du logement. En parallèle de ça, il met en place depuis maintenant 5 ans les assises du logement spéciales Outre-mer. « La question du logement est un enjeu essentiel, explique Ousséni Balahachi, secrétaire général CFDT Mayotte. Cela fait longtemps que la CFDT s’intéresse aux ultramarins. L’organisation de ses assises du logement est une initiative prise par le syndicat car il peut être force de proposition pour améliorer les conditions de vie de la population. Tout comme les sujets relatifs à l’emploi, à la formation, à la santé, à la jeunesse, … qui concernent la population de manière générale. A la CFDT, nous avons pris à bras le corps la question du logement car c’est un des premiers besoins de l’homme », poursuit Ousséni Balahachi. En effet, une des priorités de ce syndicat est que chaque individu qui travaille puisse avoir un endroit décent où habiter, « car un individu ne peut pas être productif s’il n’a pas un endroit pour se loger. Les acteurs syndicaux et politiques doivent être capables de s’unir et être force de proposition pour l’intérêt du territoire et mener des revendications autour du logement, qui est le premier poste de dépense des ménages ».

Beaucoup de professionnels du secteur du logement sont venus assister aux assises

Construire assez de logements pour faire face à la demande de la population

On le sait, sur le territoire de Mayotte les enjeux liés à l’habitat et au logement sont cruciaux, a fortiori quand il manque des terrains fonciers face à une démographie galopante. Aussi, un des objectifs de ses assises est de mettre en perspective les projets à venir. Ainsi, à l’horizon 2035 plusieurs milliers de logements devraient sortir de terre en prenant en compte certaines contraintes concernant l’habitat. Les différents acteurs ont pour but d’éradiquer les logements indignes et insalubres en procédant à « un renouvellement urbain », comme l’indique Ali Moussa Moussa Ben, président de la Communauté de communes Sud (CCSud). « Il s’agit aussi d’améliorer l’offre existante car 40% des logements dans l’île sont dépourvus de toilettes, 20% n’ont pas accès à l’eau potable et 8% sont sans électricité, explique-t-il. Il nous faut produire des logements et diversifier l’offre en tenant compte des besoins exprimés ». Par ailleurs, le président de la CCSud souhaite également une montée en puissance des EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) ayant pour objet l’élaboration de projets communs de développement au sein de périmètres de solidarité.

Lutter contre les habitats précaires et insalubres

Pour la conseillère départementale Echati Issa, le thème de l’habitat est un sujet primordial pour Mayotte. « Nous devons lutter contre les bangas. Pour cela nous devons favoriser l’accès au logement soit pour la location, soit pour l’achat et promouvoir ainsi une mixité sociale et économique ». Selon l’Insee, 40% des logements à Mayotte seraient des cases en tôle. Le département envisage ainsi d’anticiper et de prévoir des zones d’habitat en proposant des logements sociaux, intermédiaires et supérieurs (pour les classes aisées). « Il faudra aussi prévoir des services de proximité comme des écoles ou des parcs, rajoute Echati Issa. Le Conseil départemental entreprend ainsi de densifier l’habitat afin de préserver les zones agricoles, forestières ou encore touristiques en respectant les règles et les normes françaises ainsi qu’européennes. Aussi, dans son projet 2021-2028 le Conseil départemental relèvera le défi du logement social et développera une politique d’accès au logement en accentuant notamment le fonds de solidarité logement car la question de l’habitat est un sujet essentiel. L’enjeu est ainsi de produire plus et mieux », conclut-elle.

Plusieurs tables rondes ont eu lieu durant ces deux jours

Développer les infrastructures pour une meilleure répartition des logements sur le territoire

L’édification de logements implique la construction de routes et d’éléments connexes comme des écoles ou des lieux d’activités économiques par exemples. Aussi, Salime Mdere, 1er vice-président, chargé de l’Aménagement du territoire, Infrastructures et Foncier au sein du Conseil départemental, a esquissé, au travers du Plan global transports et déplacements (PGTD), les modes de mobilité dans les prochaines années. « Nous souhaitons mettre en place des navettes maritimes pour que les gens puissent se déplacer. Le boulevard urbain à Mamoudzou devrait permettre de désengorger la ville avec une connexion aux communes proches. L’Union Européenne ne finance plus les barges… Nous souhaiterions dans l’avenir avoir un viaduc reliant Mamoudzou à Petite-Terre. La barge est un frein à l’économie mahoraise, argumente-t-il. Il va falloir repenser l’organisation du territoire en y intégrant notamment le futur hôpital à Combani et la prochaine cité administrative à Coconi qui accueillera près de 1500 agents travaillant au département sur un total de 3000 ».

Un rythme de construction de logements annuel viable ?

Pour Ahmed Ali Mondroha Directeur général de la Société Immobilière de Mayotte (SIM), « Le rythme de construction de 2000 logements par an est impossible, constate-t-il. Il y a un lien entre l’emploi et le logement. Il faut prendre en considération les réalités économiques… C’est bien beau de construire des logements mais il faut les remplir ! ».

A la fin de l’année 2022 la SIM avait un parc de 2633 logements dont 1100 (environ 40%) en logement social, 52% de ces logements se trouvent à Mamoudzou et on atteint 82% en rajoutant la commune de Koungou et Petite-Terre. Néanmoins, plusieurs chantiers sont en cours comme à Combani où 300 logements devraient voir le jour dont une centaine seront livrés dans 3 mois. « D’ici 2026 nous souhaitons construire 2000 logements, poursuit le Directeur général de la SIM. A Mamoudzou nous sommes actuellement sur le rythme de 300 logements minimum par an, il y a ainsi de nombreux projets. A Dzaoudzi-Labattoir ce sont 400 logements puis 800 qui viendront par la suite. En 2022-2023 ce sont 300 logements répartis sur Dembéni, Ouangani ou encore Dzoumogné ». Les estimations pour répondre aux besoins de la population tournent autour de 1200 à 1300 logements qu’il faudrait construire chaque année. « Ce n’est pas possible car nous manquons de main d’œuvre et d’entreprises de travaux suffisamment présentes sur le territoire, déplore Ahmed Ali Mondroha. Il faut aussi prendre conscience des réalités ».

B.J.

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