Le 26 septembre 2021 vers 21h, dans une ambiance tendue de tirs de grenades lacrymogène de la gendarmerie contre des bandes de jeunes extrêmement violentes, des flammes s’élèvent des bâtiments de la mairie de Koungou. La veille, le quartier insalubre de Carobole a été rasé, « la fin de tranches de vie qui en ouvre d’autres« , avions-nous titré. Des immeubles doivent sortir de terre pour reloger décemment les habitants concernés. Avant la destruction des cases en tôle, un enquête sociale minimaliste avait été menée, les services sociaux de la mairie avaient promis de faire mieux.
L’association des maires de Mayotte avait appelé à manifester quelques jours après.
Même mode opératoire contre le maire de Ouangani, lui-même à la tête d’opérations de démolition des cases en tôle, puisqu’en octobre 2021, sa voiture ainsi que celle d’un de ses conseillers municipaux avait été incendiée.
Si aucune preuve n’est réellement faite à chaque fois du lien entre les démolitions et les actes de vandalisme contre des représentants ou des emblèmes de la République, le parallèle est trop troublant pour en souligner les « indices graves et concordants », pour reprendre un terme de justice.
Même atteinte à la représentation de la République
C’est encore une fois à la suite de la démolition d’un quartier insalubre, celui de Doujani III, que s’est produit ce que le député Mansour Kamardine considère comme un acte de représailles: l’incendie de sa permanence à Passamainty. « Les criminels incendiaires m’identifient comme celui qui refuse que Mayotte coule sous le poids de l’immigration incontrôlée et sombre dans la violence et la délinquance », ne manque pas de souligner le député LR, qui se dit plus déterminé que jamais, « je considère que la lutte contre l’invasion migratoire et l’insécurité doit s’intensifier et s’amplifier ».
Dès le 18 janvier 2023, 160 cases en tôles étaient démolies dans le cadre de l’opération de lutte contre l’habitat illégal et insalubre à Doujani. Une « reconquête du foncier », pour le maire de Mamoudzou qui veut construire sur zone « 1000 logements », ainsi que des équipements publics, écoles, salles de cinéma, gymnases.
Sur place, le préfet Thierry Suquet assurait que 120 personnes ont pu être mises à l’abri grâce aux enquêtes sociales réalisées au cours des mois précédents ayant permis de faire des propositions d’hébergement. 120 personnes pour 160 cases, c’est peu, mais les capacités de relogement sont limitées, certains habitants sollicitant dans un premier temps de la famille avant bien souvent de reconstruire plus loin.
En réponse à ce qu’il juge également comme des actes de représailles contre le député, le maire LR de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, appelle à la mobilisation de l’ensemble de la population et des élus du territoire ce lundi 23 janvier 2023 à 7h30 devant la permanence du député de la 2nde circonscription de Mayotte à Passamainty. « Ce nouvel acte de barbarie, dirigé à l’encontre de la population de Mayotte et des symboles de la République, ne sera pas laissé sans suite », indique le maire.
Une minute de silence sera respectée devant la permanence lors de ce rassemblement qui prendra fin à 8h30.
Anne Perzo-Lafond