Les coupures d’eau sur le territoire de Mayotte se suivent et se ressemblent. A chaque jour son lot de contraintes, à savoir une organisation spécifique pour pouvoir se laver notamment. A cet égard, le mois de décembre a particulièrement été impactant. De nombreux mahorais de toute l’île sont touchés par ces coupures d’eau répétitives.
Beaucoup de questions et peu de réponses
La dernière coupure en date remonte au début de la semaine où dans un communiqué, le 26 décembre, le syndicat des eaux informait les usagers que « Suite à deux casses survenues cette nuit, l’une au niveau de la station de pompage permettant de remplir le réservoir de tête de Ongoujou et l’autre apparue au niveau du réseau à Ouangani, tous les réservoirs secondaires dont l’alimentation dépend de cet ouvrage de tête n’ont pas pu être alimentés cette nuit et sont par conséquent vides ce matin ».
Il en est de même, précise le communiqué, « des réservoirs de Ouangani, Hapandzo et Coconi pénalisés par la seconde casse. La distribution d’eau est donc interrompue dès ce matin jusqu’à la réparation de ces casses ». Puis dans un second communiqué, publié le même jour, le syndicat des eaux de Mayotte informait les usagers des secteurs « Village de Mamoudzou, Cavani Mamoudzou, Cavani Sud et Rue de la Grande Traversé (Kawéni) que la reprise de la production de l’usine de Mamoudzou vient tout juste de reprendre en raison de la mauvaise qualité des eaux brutes et des difficultés rencontrées dans leur traitement pour produire de l’eau potable. En raison de ces contres-temps, la remise en eau est reportée à demain 5h du matin ». Ces problèmes sont-ils dus à la vétusté du réseau de distribution d’eau ou à des actes de vandalisme ? Nous avons tenté de joindre le syndicat des eaux…en vain. En tout cas ce qui est sûr c’est que la population souhaiterait savoir à quoi s’en tenir. De plus, une question majeure découle également de ce problème : quid des secours en cas de coupure d’eau ?
Les services de secours impactés par des coupures imprévisibles
C’est une question que l’on peut légitimement se poser : Comment font les secours, notamment les pompiers, lorsqu’il y a une coupure d’eau ? Sur quel réseau peuvent-ils s’alimenter ? Ils se branchent tout simplement sur le même réseau que celui des usagers et c’est là que le bât blesse. Car en cas d’incendie couplé avec une coupure d’eau les pompiers ont très peu de marge de manœuvre, ils disposent tout au plus d’environ 3000 litres d’eau dans chaque camion citerne, soit environ 6 minutes de débit. Autant dire une goutte d’eau si un feu venait à se propager dans un quartier de Mamoudzou ou ailleurs.
Alors que font les services de l’État pour éviter une telle situation et alimenter en eau les services de secours en cas de nécessité ? Certes, la future caserne « dernier cri » avec des équipements ultra modernes située sur Petite-Terre qui devait être inaugurée en mai 2021 et qui ne le sera que probablement au mois de mars 2023 montre une certaine volonté de l’État d’investir pour la sécurité des citoyens mahorais, mais cela ne répondra malheureusement pas au problème du ravitaillement en eau pour les soldats du feu. Aussi, il est urgent d’agir. Peut-être que la visite du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, à l’occasion des célébrations du nouvel an en fin de semaine permettra d’envisager une solution à ce problème, mais rien n’est moins sûr.
Benoît Jaëglé.